
D.R.
De retour du 56e Salon international du livre du Caire qui s’est tenu du 23 janvier au 5 février 2025, l’éditeur et libraire Maroun Nehmé, président du Syndicat des importateurs de livres au Liban, fait le point sur cette importante manifestation.
Vous revenez du Salon international du livre du Caire. Quelles impressions gardez-vous de cette manifestation ?
C’est une manifestation grandiose par la forme, honorable par le contenu, avec 4 halls immenses où les pays et les domaines d’édition se confondent. L’événement, qui avait pour slogan cette année « Lis… Au commencement était le Verbe », a réuni 1 345 maisons d’édition et plus de 6 150 exposants. Bien entendu, certains halls étaient fortement marqués par une prédominance égyptienne.
L’édition libanaise y était-elle bien représentée ?
L’édition libanaise y était représentée par un nombre honorable d’éditeurs (80 environ) au niveau du Hall 3 essentiellement. Les prix pratiqués par l’éditeur libanais sont un tant soit peu supérieurs au pouvoir d’achat du lectorat égyptien, mais nous arrivons malgré tout à attirer des lecteurs friands d’un bon rapport qualité / prix.
S’agit-il vraiment d’un salon « international » ?
Le salon du Caire est surtout panarabe. Les pays et émirats du Golfe y sont très bien représentés, notamment le Qatar, Dubaï, Sharjah, Abu Dhabi et même l’Émirat de Ajman. L’Arabie saoudite s’est illustrée par un vaste stand où la Bibliothèque Nationale Roi Fahd a exposé des manuscrits, ouvrages et documents iconographiques illustrant le patrimoine culturel du Royaume. Quant au Sultanat d’Oman qui était l’invité d’honneur 2025, il occupait à lui seul une allée entière pour y exposer son patrimoine artisanal. L’édition omanaise, promise à un bel avenir, y était bien présente. La Roumanie sera l’invitée d’honneur en 2026, et le Qatar en 2027.
Quid du volet professionnel ?
Le volet professionnel était remarquable au niveau du nombre de conférences, moins au niveau du contenu. Loin de l’avant-gardisme prôné par Sharjah, le salon du Caire a traité de l’intelligence artificielle qui menace les droits d’auteur, les éditeurs et les traducteurs. Une journée entière a été consacrée à la contrefaçon dans les pays arabes et aux moyens d’y faire face, sans donner des solutions probantes au niveau de la réforme de la législation. Les droits des éditeurs manquent d’harmonie entre les pays arabes dont certains ne sont pas signataires des conventions de Berne et de Florence. Plusieurs panels ont traité uniquement des œuvres égyptiennes récemment publiées pour en faire la promotion. Une présence libanaise à signaler dans ce cadre : celle d’Hachette Antoine, pour traiter du contenu et de la présentation des livres pour enfants… Je voudrais enfin noter les manquements de l’Union des éditeurs arabes au sein de laquelle le Liban est représenté par deux membres ainsi que par son secrétaire général. Cette union qui est la plus haute instance de l’édition panarabe, n’est toujours pas capable d’harmoniser les dates des foires arabes, afin d’éviter les conflits de calendrier. D’ailleurs, il est temps que les membres organisent de nouvelles élections après une prolongation injustifiée de leur mandat !