Rechercher
Rechercher

Culture - Reportage

À Damas, l'opéra espère des « lendemains meilleurs » après Assad

Aux côtés de diplomates arabes du Golfe et européens, Maher el-Chareh, ministre de la Santé et frère du président par intérim, Ahmed el-Chareh, est venu en famille. Avant sa prise du pouvoir, le nouveau dirigeant syrien commandait Hayat Tahrir el-Cham, un groupe jihadiste radical.

À Damas, l'opéra espère des « lendemains meilleurs » après Assad

L'orchestre symphonique national syrien se produit pour la première fois depuis la chute du régime, sous le titre : Pour les martyrs et pour la gloire de la Syrie, à l'Opéra de Damas le 30 janvier 2025, en présence de nombreux diplomates et ambassadeurs et d'un public nombreux. Photo AFP/MAHER AL MOUNES

Bahjat Antaki prend une inspiration profonde avant de monter sur scène avec son orchestre, pour son premier concert à l'opéra de Damas depuis la prise du pouvoir par des islamistes en Syrie.

Depuis la chute du président Bachar el-Assad le 8 décembre, les répétitions et concerts avaient cessé, dans un pays en pleine transition délicate.

Si un vent de liberté souffle, la capitale, historiquement plus libérale, n'en reste pas moins inquiète face aux nouveaux dirigeants, plus conservateurs, notamment sur les libertés individuelles et l’expression artistique.

Lire aussi

À Riyad, Ahmad el-Chareh entend construire la nouvelle Syrie

« La Syrie n'a jamais été un pays extrémiste, nous avons une culture imprégnée de pluralisme », confie à l'AFP Bahjat Antaki, percussionniste de 24 ans: « Nous continuerons, plus forts et plus beaux. » « Ce soir, notre objectif est de rendre hommage à ce travail musical et de dire: nous sommes là et nous somme capables de produire de l'art », ajoute-t-il.

 « Plus de soutien » 

Par rapport aux nouveaux dirigeants du pays, « ce ne sont pas des craintes, plutôt des inquiétudes », reconnaît la violoniste Rama al-Barcha, 33 ans, maquillée avec soin pour monter sur scène.

« Nous espérons davantage de soutien. Sous l'ancien régime, nous ne recevions ni aide financière, ni appui symbolique », dit-elle en référence à M. Assad, resté au pouvoir pendant près d'un quart de siècle.

Au programme de la soirée animée par l'orchestre symphonique national, conduit par le Syrien d'origine arménienne Missak Baghboudarian: la symphonie numéro cinq de Beethoven, adage du pas de deux de Tchaïkovski et un extrait de la suite de Peer Gynt, chef-d'œuvre du XIXe siècle, du compositeur norvégien Edvard Grieg.

Lire aussi

« Ankara et Riyad peuvent jouer un rôle déterminant en Syrie s’ils alignent leurs intérêts »

Aux côtés de diplomates arabes du Golfe et européens, Maher el-Chareh, ministre de la Santé et frère du président par intérim, Ahmed el-Chareh, est venu en famille. Avant sa prise du pouvoir, le nouveau dirigeant syrien commandait Hayat Tahrir el-Cham, un groupe jihadiste radical.

Illustration du changement dans le pays, l'opéra a accueilli pour la première fois en janvier le célèbre Abou Ratib, interprète de chants religieux, longtemps exilé de Syrie, dont les cassettes s'échangeaient sous le manteau du temps de l'ancien pouvoir.

« La Syrie que j'aime »

Le programme de la saison n'a pas été dévoilé, mais ce premier concert reprenant aussi des oeuvres syriennes s'est tenu en hommage « aux martyrs et à la gloire de la Syrie. »

A l'ouverture, une minute de silence pour les victimes d'une guerre civile dévastatrice qui a fait plus d'un demi-million de morts depuis 2011.

Projetées sur un écran derrière l'orchestre rassemblant une vingtaine de musiciens -- instruments à cordes, percussions et cuivres -- des images défilent, illustrant les ravages du conflit.

« La Syrie veut la liberté », peut-on lire sur une image, graffiti sur un mur. Une autre montre des immeubles en ruines ou des manifestations massives arborant le drapeau de la révolution aux trois étoiles rouges.Ou encore une photo d'Alan Kurdi, petit garçon syrien au tee-shirt rouge, mort noyé en mer Egée, devenu un symbole tragique de la crise des réfugiés en 2015.

Dans le parterre, certains spectateurs sont émus aux larmes, d'autres sortent les portables pour immortaliser la soirée. Illustrant les difficultés du quotidien dans un pays à l'économie laminée, il n'y a pas de chauffage, faute de moyens pour acheter du carburant. De même, musiciens et techniciens ont accepté de participer à la représentation sans être payés.

« On a eu peur de l'impact, mais il semblerait que rien ne va changer », avance Omar Harb, un médecin de 26 ans, interrogé sur la transition politique et ses répercussions sur la culture: « On espère que ces soirées vont se poursuivre ».

Yamama al-Haw est depuis de longues années une habituée de l'opéra. « Cet endroit m'est très cher. Ce qu'on voit ici aujourd'hui, c'est la Syrie que j'aime », poursuit la quadragénaire au visage souriant, visage encadré par un voile blanc.

« La musique, les gens venus écouter, c'est la meilleure image qu'on peut avoir de Damas », ajoute-t-elle, se disant « optimiste » pour son pays qui va vers « des lendemains meilleurs. »

Bahjat Antaki prend une inspiration profonde avant de monter sur scène avec son orchestre, pour son premier concert à l'opéra de Damas depuis la prise du pouvoir par des islamistes en Syrie.Depuis la chute du président Bachar el-Assad le 8 décembre, les répétitions et concerts avaient cessé, dans un pays en pleine transition délicate.Si un vent de liberté souffle,...
commentaires (1)

De terroriste a melomane !!!!!! Je ne crois pas aux vocations tardives Et puis je m ‘en fou comme le dernier de mes soucis. On ne veut rien savoir de ce pays qui nous a empeste’ la vie pendant des décennies. Restez chez vous!

Robert Moumdjian

05 h 44, le 08 février 2025

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • De terroriste a melomane !!!!!! Je ne crois pas aux vocations tardives Et puis je m ‘en fou comme le dernier de mes soucis. On ne veut rien savoir de ce pays qui nous a empeste’ la vie pendant des décennies. Restez chez vous!

    Robert Moumdjian

    05 h 44, le 08 février 2025

Retour en haut