
Le patriarche Raï lors de son homélie dominicale, le 2 février 2025. Photo tirée du compte Facebook de Bkerké
Lors de son homélie dominicale, le patriarche Béchara Raï a fustigé « ceux qui se préoccupent d'empêcher la formation du gouvernement » et réclament des « quotas détestables n'ayant rien à voir avec le Pacte national et la Constitution ».
Selon le Pacte national, un accord non-écrit datant de 1943 entre les principales entités qui composent le peuple libanais, à savoir les chiites, les maronites, les sunnites et les druzes, la répartition des postes de responsabilité doit se faire sur des bases bien déterminées entre musulmans et chrétiens. C'est notamment en fonction de ce Pacte que se font la répartition des sièges parlementaires, la formation du gouvernement ou les nominations des fonctionnaires.
« Comment pouvons-nous répondre à nos besoins nationaux avec ces demandes étroites de quotas détestables qui n'ont rien à voir avec le Pacte ni la Constitution, mais qui en sont le contraire ? », a fustigé le chef de l'Église maronite. Une allusion à peine voilée au tandem chiite Hezbollah-Amal, qui réclame notamment le portefeuille du ministère des Finances dans le gouvernement que doit former Nawaf Salam.
Mgr Raï a ainsi dénoncé « l'anarchie » qui règne « au sein du pouvoir et du gouvernement » car, selon lui, l'accord de Taëf (1989), qui a mis fin à la guerre civile (1975-1990) n'a jamais été réellement appliqué. « Ce document n'ayant pas été appliqué à l'époque dans sa lettre et son esprit, la vie politique a commencé à s'étioler et à régresser, et continue à le faire jusqu'à ce jour. Il n'y a aucun respect de la Constitution, mais plutôt des violations en série », a dénoncé le prélat en réclamant un retour à la logique du discours d'investiture de Joseph Aoun, élu président le 9 janvier dernier.
Le Hezbollah et les « intérêts politiques »
De son côté, le métropolite grec-orthodoxe de Beyrouth, Elias Audi, a affirmé lors de son homélie : « N'est-il pas temps d'avoir une patrie qui nous réunisse tous, qui ne soit pas déchirée par les désaccords des zaïms (leaders confessionnels) et de ceux qui se croient les chefs ? » Le dignitaire religieux a appelé de ses vœux un État libanais «fort, juste, qui impose son autorité à tous» les citoyens. « Les tergiversations, le rafistolage et les demi-solutions ne construisent pas un État », a-t-il dit, appelant à en revenir à la Constitution et à trouver des hommes d'État qui « ne ne soumettent à aucune pression, provocation ou menace ».
Par ailleurs, lors d'une cérémonie pour les « martyrs » du Hezbollah à Baalbeck dimanche, le député du parti chiite Hussein Hajj Hassan a également évoqué la formation du gouvernement. « Le Liban ne peut être gouverné que par l'entente et la formule du Pacte national », a-t-il plaidé. Il a ensuite affirmé que « la représentation dans le gouvernement doit refléter le vivre-ensemble, le Pacte national et la Constitution (...) mais aussi protéger les intérêts politiques présents dans le pays », alors que son camp réclame plusieurs portefeuilles notamment celui des Finances. « Quelqu'un a-t-il un réel intérêt politique à ce que le début du mandat du gouvernement conduise à des crises ? Personne n'y a intérêt au Liban », a-t-il lancé.
Les FL ne décolèrent pas
Dans un communiqué publié dimanche, les Forces libanaises (FL) ont également abordé le sujet et démenti les « idées véhiculées » affirmant que le parti de Samir Geagea souhaiterait un « quota » ou un « portefeuille spécifique » dans la prochaine mouture. « S'il était compréhensible durant la période précédente d'interdire la présence des FL dans le gouvernement et son accès à des portefeuilles spécifiques par crainte de son rôle souverain et réformateur, il n'est pas du tout logique de poursuivre cette interdiction dans cette nouvelle phase, qui est censée être souveraine et réformatrice par excellence », s'indigne le texte.
Le parti « refuse totalement cette persistance dans la logique d'exclusion », estimant « avoir donné au Liban ce qu'aucun autre parti ou groupe n'a donné, notamment durant ces 20 dernières années ». Les FL expliquent leur exclusion par « les envoyés de la moumanaa (axe du Hezbollah et de ses alliés au Liban, NDLR), qui sont présents et continuent d'interférer et d'empêcher les FL de prendre la juste place qui leur revient » dans le futur gouvernement.
Le parti se dit « toujours prêt à aider le nouveau mandat et le nouveau gouvernement, mais premièrement à la place qui lui revient. Deuxièmement, avec son poids politique, ni plus ni moins. Troisièmement, dans un gouvernement qui réponde aux aspirations des Libanais : qui soit réellement nouveau et non ancien, fondateur et non transitoire, qui tourne la page des armes illégales et ouvre celle des réformes, de la lutte contre la corruption et de la justice contre ceux qui ont volé l'argent des épargnants », concluent les FL.
On a le devoir de protéger les intérêts politiques lorsqu’ils correspondent aux seuls intérêts de notre pays et non pour servir des causes et des pays étrangers aux dépens du nôtre. Il va falloir intégrer cette nouvelle donne et faire avec. Tous les vendus seront écartés du pouvoir et jugés pour tous leurs crimes. Ce sont les nouveaux projets, des nouveaux dirigeants de notre pays qui ne font que répondre aux exigences des citoyens libanais qui souffrent de la politique tordue de ces mercenaires depuis bientôt un demi siècle. Nous avons aussi des droits et entendons les obtenir. ENFIN.
11 h 15, le 03 février 2025