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Lifestyle - La Mode

Prêt-à-porter masculin de l’hiver 2025 : architectures nomades pour l’homme d’Hermès

Pour l’hiver 2025, la collection masculine d’Hermès explore le vêtement non plus comme une seconde, mais une troisième peau qui serait un habitat. Dans un monde nomade, au-delà du confort, le réconfort.

Prêt-à-porter masculin de l’hiver 2025 : architectures nomades pour l’homme d’Hermès

Prêt-à-porter homme, hiver 2025. Photo Bruno Staub pour Hermès

Ce serait un manteau… ou plutôt une couverture. Ce serait un foulard ou plutôt un bijou. Ce serait un sac qui contiendrait une vie. Ce serait des matières si douces qu’on dirait de l’amour, si protectrices qu’on dirait une chambre à soi. La collection conçue par Véronique Nichanian pour l’homme d’Hermès, que la maison présentait le 25 janvier au Palais d’Iéna, à Paris, affichait une polyvalence hors du commun et des effets d’illusion propres à donner le vertige. « Habiter le temps. Entrer dans un vêtement comme dans une maison, s’habiller avec le sentiment d’être accueilli » : le mot d’ordre qui prévaut sur l’esthétique générale de ce vestiaire obéit à la nécessité d’un mode de vie de plus en plus nomade où « chez soi » est une notion de plus en plus floue. Dans la mobilité incessante de ce siècle, le vêtement devient l’ultime repère du lieu et du temps. « Savoir où l’on est » – dans ce manteau, ce blouson ou même ce pantalon ou cette chemise dont le col se pose à la perfection, ou ce costume si bien architecturé qu’il semble créé sur mesure pour un corps à la fois universel et unique – est en soi un tour de force.

« C’est sa vie et pas une autre qu’on porte avec soi »

Les rayures rythmées sur des pulls en cachemire évoquent une géométrie de carreaux de fenêtre, des reflets de grandes baies vitrées, inspirent une transparence dans la matière feutrée, réinventent « l’homme invisible ». Les manteaux sont taillés pour le sublime, pour un « Voyageur au-dessus d’une mer de nuages », prêt à affronter, aux sommets qui le fascinent, la terreur qu’inflige parfois la beauté ; immunisé contre les morsures du froid par une couverture cachée sous le vêtement d’extérieur en doublure amovible. C’est presque un jeu de construction, toutes ces matières à associer ou dissocier, zipper et dézipper, attacher ou détacher comme on mettrait dans une maison ici une porte, là une patère, là un tiroir secret. Magistralement esquivé, l’ennui de l’uniformité disparaît dans un jeu entre le devant et le dos, l’endroit et l’envers, le visible et l’invisible. « C’est sa vie et pas une autre qu’on porte avec soi », souligne le manifeste. Cette versatilité de la vie impose sa propre ligne qui « s’arrondit sans se perdre » : « Urbaine et graphique, tendue par des manteaux courts ou longs, portés sur des pantalons étroits et larges. L’allure façonne la silhouette à travers une vision nette, architecturée, et donne à chaque vêtement une présence autonome », explique la maison qui détaille : « Le trait s’incarne en geste, inspirant de nouveaux portés, une décontraction disciplinée. Volumes courts, épaules douces et pantalons au tracé net, toniques. Un abécédaire de classiques revisités par l’œil et la main, l’intuition juste du métier, ses attentions secrètes. L’anatomie d’une allure neuve et de toujours. »

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« Le style n’abandonne rien à la fonction »

Ce « toujours » dans l’impermanent est rafraîchi par une palette qui épouse ce concept de vêtement refuge avec des tons sourds, tout à coup illuminés de notes vives, éclairs qu’on s’attend à voir disparaître mais qui restent suspendus pour le plaisir de l’œil. Vanille et rouge sanguine viennent ainsi zébrer d’une trace voluptueuse un noir fusain ou un aplat prune, un vert chrome ou un bronze. Mais la couleur n’est rien sans le support de la matière. Il faut la qualité extraordinaire d’une neige d’alpaga, d’une flanelle de cachemire, d’un soir de velours, d’une peau lainée, de ces jumelages de l’ombré et du mohair dans un blouson inspiré du teddy universitaire. Quelque chose vous enveloppe et vous donne confiance. La capuche se fait cagoule et s’attache au pull. Un double pan de veste se soulève, un col se redresse, la technique capte l’instant, le fixe sans le figer. Parements de cuir étrivière, boutons oblongs de corne, surpiqûres ganterie, chemises à double rayure, le détail épure la silhouette, le motif quadrillé sur la maille évoque une marqueterie tout en souplesse… « Dans le craquement d’une chemise en coton et soie, l’aura d’un duffle-coat en piqué ciré, l’ombre s’éclaire. Une nouvelle géométrie équestre s’ébauche, tout en promesses et en surprises. Le style n’abandonne rien à la fonction », détaille encore la maison qui prend racine dans le savoir-faire de l’attelage et du voyage à cheval qui ont donné prétexte à tout un développement dans les accessoires de l’univers équestre portés à la hauteur d’un des beaux-arts.

Des tons sourds, tout à coup illuminés de notes vives, éclairs. Photo Bruno Staub pour Hermès


Le grand voyage de la vie

À l’arrivée, avec des matières comme le cerf et l’agneau éthiquement sourcés, l’alpaga, la laine d’exception, le feutre, le mohair, le jeans, la serge de laine et le cachemire, la toile cirée, le cuir, les gabardines et les textures déperlantes, toute une offre de surchemises, cardigans, sweat, manteaux, vareuses, gilets, blousons teddy ou droits, parkas courtes ou longues avec ou sans doublures plaid, costumes croisés ou droits à jeux de cols, cols roulés et balaklavas, se file une métaphore d’un vêtement à habiter comme un chez soi loin de chez soi. Les bottines en veau à semelles crantées portent un homme en marche, solide, les pieds sur terre même si la tête est dans les nuages. Dans un tel contexte, le bagage est incontournable, avec de nouvelles déclinaisons du sac iconique Haut à Courroies, du Garden Party Voyage et du Cabas Hermès. Et parce qu’après tout, étranger à l’étranger, on reste un peu barbare, des bijoux s’imposent, collier, bracelets, bijoux d’oreilles en métal palladié, argent ou or rose parfois associés à du veau ou de la corne, à porter avec des carrés en twill de soie au motif Grand Manège ou On Air !, nouveauté de l’année. Exploré à l’infini depuis la création d’Hermès, le thème du voyage dont est née la maison est rarement allé aussi loin dans son dépassement du genre, Véronique Nichanian servant dans cette collection tout en grâce le grand voyage de la vie. Tout simplement.

Ce serait un manteau… ou plutôt une couverture. Ce serait un foulard ou plutôt un bijou. Ce serait un sac qui contiendrait une vie. Ce serait des matières si douces qu’on dirait de l’amour, si protectrices qu’on dirait une chambre à soi. La collection conçue par Véronique Nichanian pour l’homme d’Hermès, que la maison présentait le 25 janvier au Palais d’Iéna, à Paris, affichait une polyvalence hors du commun et des effets d’illusion propres à donner le vertige. « Habiter le temps. Entrer dans un vêtement comme dans une maison, s’habiller avec le sentiment d’être accueilli » : le mot d’ordre qui prévaut sur l’esthétique générale de ce vestiaire obéit à la nécessité d’un mode de vie de plus en plus nomade où « chez soi » est une notion de plus en plus floue. Dans la mobilité incessante...
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