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Moyen-Orient - Reportage

À Ramallah, les détenus palestiniens libérés... et ceux qui ne le sont pas

Quelque 200 prisonniers palestiniens ont été libérés ce samedi des geôles israéliennes tandis que quatre soldates otages israéliennes ont été relâchées par le Hamas.

Des Palestiniens célébrant la libération de prisoniers palestiniens à la municipalité de Ramallah après avoir été transportés dans des bus de la Croix-Rouge Internationale, en Cisjordanie occupée, le 25 janvier 2025. Zain Jaafar/AFP

Tareq al-Zaro a reçu un appel des renseignements israéliens lui assurant que son oncle serait libéré samedi. Mais Sadiqi al-Zaro, 65 ans, n'était pas dans les cars qui ont ramené les détenus palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Lui et sa famille sont venus d'Hébron, dans le sud du territoire palestinien, un voyage interminable à travers les barrages routiers, dont le nombre a explosé depuis une semaine. Il fallait ça pour accueillir le sexagénaire, libre après 24 ans de détention.

"Nous l'avons confirmé sur (...) le site officiel du ministère de la Justice israélien, avec tous les détails : son nom, numéro de carte d'identité, date de naissance, date d'arrestation (...)".

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Et il figurait sur la liste des détenus libérables lors de la première phase de l'accord de trêve. Celle-ci doit durer six semaines, au cours desquelles quelque 1.900 détenus palestiniens doivent être libérés, contre 34 otages israéliens capturés lors de l'attaque du Hamas, en sept fois.

Mais chaque semaine, la fabrication des listes des libérés du jour est aussi opaque qu'imprévisible, objet d'âpres négociations.

Et la joie de Tareq et de ses cousins fut de courte durée. Le patriarche ne figurait pas sur la liste définitive du jour. "Nous avons été choqués", avoue-t-il.

"Entre les mains de Dieu"

"Il y a eu beaucoup de problèmes depuis le début de ce processus de libération. Il était difficile pour les familles d'obtenir une confirmation claire", ajoute-t-il.

"Nous laissons cela entre les mains de Dieu. Nous sommes venus ici sur la base d'un appel téléphonique, et si Dieu le veut, il sera libéré sur la base d'une annonce officielle".

Autre rendez-vous manqué. Tareq Yahya, 31 ans, est originaire de Jénine, bastion de la résistance palestinienne, dans le nord de la Cisjordanie. Il cherche des proches, n'en trouve aucun, mais sait pourquoi.

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"Il semble que, compte tenu de la situation à Jénine, ils n'ont pas pu venir ici", dit-il, en référence à l'opération militaire israélienne lancée mardi contre le camp de réfugiés de la ville et qui a déjà fait plus d'une dizaine de morts.

Il souligne l'émotion que procure le vibrant comité d'accueil qui l'attend à Ramallah. "C'est incroyable, l'amour que notre peuple nous a montré".

En pensant aux autres prisonniers qui doivent être libérés prochainement, il réclame la fin des "passages à tabac, humiliations et mauvais traitements que les surveillants nous ont infligés les derniers jours avant notre libération". 

"Bouleversant"

Quant à Maisa Abou Bakr, 33 ans, c'est le contraire. "Nous avons été surpris car nous ne nous attendions pas à ce que mon oncle soit libéré", dit-elle.

Car Yasser Abou Bakr était détenu depuis 2002. Il a été condamné à plusieurs réclusions à perpétuité, pour des faits qu'elle ne révélera pas. Mais en tout, 120 autres détenus libérés ce samedi purgeaient une ou plusieurs peines de prison à vie. 

Elle est donc arrivée tôt ce matin avec sa famille pour le voir, arborant comme beaucoup le keffieh palestinien traditionnel autour du cou, un peu stressée. "C'est une surprise de le voir après 23 ans, alors je ne sais pas ce qui va se passer".

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Des centaines de personnes se sont rassemblées autour du complexe sportif local, où les détenus ont pu recevoir un bref examen de santé, tandis que beaucoup d'autres encore regardaient depuis les collines environnantes, sous les feux d'artifice.

Israël a confirmé en avoir libéré 200 samedi en échange de quatre otages. Certains ont été expulsés vers l'Egypte et devront choisir entre l'exil en Tunisie, Algérie ou Turquie. D'autres ont été amenés à Gaza.

Comme Azzam al-Shallalta, 30 ans, qui s'est mis à genoux en pleurant, aux pieds de sa mère. Toujours vêtu de son survêtement gris de prisonnier, il décrit une "situation vraiment déchirante". 

"Nous prions Dieu de libérer tous les frères que nous avons laissés derrière nous", ajoute-t-il, le visage pâle et maigre, la tête rasée, le menton mangé par une longue barbe rousse.  "Je ne peux pas décrire ce sentiment. Le simple fait d'apprendre que j'allais être libéré était bouleversant", ajoute-t-il en serrant les mains autour de lui.

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