
Les quatre otages israéliennes escortées par le Hamas sur une estrade à Gaza-ville, le jour de leur libération, le 25 janvier 2025. Photo AFP/OMAR AL-QATTAA
Elles se tiennent debout, souriantes, saluant la foule d'un geste de la main, vêtues d'une tenue militaire et portant autour du cou un badge certifiant leur identité. Vers 11H30 (09H30 GMT) ce samedi, quatre soldates israéliennes ont été libérées, après 477 jours de détention aux mains du Hamas.
Ce sont des combattants masqués qui les ont aidées à se hisser sur une scène dressée pour l'occasion sur la place de la Palestine, dans la ville de Gaza (nord). Daniella Gilboa, Karina Ariev, Liri Albag, Naama Levy y restent quelques secondes pendant que les caméras les filment. En arrière-plan, en arabe et en anglais, un slogan imprimé sur une toile: « Palestine: la victoire du peuple oppressé contre le sionisme nazi ». La libération des quatre femmes est réalisée en échange de celle de 200 prisonniers palestiniens détenus dans des prisons israéliennes, en vertu de l'accord de cessez-le-feu.
Trois autres jeunes femmes, des civiles cette fois, avaient été libérées dimanche dernier. Si le Hamas avait alors déjà remis des sacs de cadeaux à chacune, le mouvement islamiste a davantage encore mis en scène cette nouvelle cérémonie de libération.
Des sources du Hamas et du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, ont affirmé que près de 200 combattants des branches armées des deux mouvements, respectivement les brigades Ezzedine al-Qassam et Al-Qods, avaient été déployés pour l'événement. L'allée dans laquelle les otages ont été amenées a été entièrement dégagée par un cordon de combattants cagoulés, certains armés de lance-roquettes, d'autres de fusils automatiques.
Peu après sont arrivés les véhicules du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), garants d'une neutralité absolue. Puis les jeunes filles, dans des voitures banalisées, pénétraient sur la place accueillies par les cris de joie et les sifflets. Sur le côté, quelques badauds ont grimpé sur une pile de gravats, espérant apercevoir plus clairement une scène historique. Des drapeaux verts flottent sous le ciel bleu. Au second plan dominent des bâtiments portant les séquelles de combats violents.
Certificat de libération
Mais il fallait faire vite: il se passera moins de 90 minutes entre le début du déploiement des combattants et le moment où les ex-otages quitteront cette place du quartier d'al-Saha, dans le vieux Gaza, pour retrouver leurs familles. Pour les combattants islamistes, le message est limpide: ordre, victoire et résilience, après 15 mois de combats contre l'armée israélienne. La guerre a détruit le territoire et décapité la direction du mouvement, mais elle n'a pas éradiqué le Hamas, comme l'avait promis le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.
Les quatre otages sont échangées contre 200 Palestiniens, dont 120 ont été condamnés à la réclusion à perpétuité. Parmi eux, 70 doivent être exilés hors des Territoires palestiniens. Et l'un d'eux n'est autre que le militant détenu depuis le plus longtemps sans interruption, selon le Club des prisonniers palestiniens. Mohammed al-Tous, 69 ans, était emprisonné depuis 1985. Membre du Fatah, le mouvement fondé par Yasser Arafat, figure tutélaire des Palestiniens, il devait recouvrer la liberté dans la journée.
Avant de les emmener de l'autre côté de la frontière, un responsable du CICR portant sa chasuble rouge s'assoit sur le bureau disposé sur le podium et co-signe un « certificat de libération » avec un combattant, au front ceint par un bandeau aux couleurs du Hamas.
Identique ou différente, chaotique ou orchestrée, cette scène se reproduira en principe encore cinq fois. La première phase de la trêve entrée en vigueur dimanche dernier, et qui doit durer six semaines, est censée permettre la libération d'un total de 33 otages contre quelque 1.900 prisonniers palestiniens.
Samedi à 12H00 locales (10H00 GMT), il en restait 26 libérables au titre de cette première phase, sur un total de 87. Pour les quatre jeunes filles qui effectuaient leur service militaire le 7 octobre 2023 dans le sud d'Israël, près de la bande de Gaza, l'heure est désormais à la reconstruction.
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11 h 39, le 26 janvier 2025