
Le chef des Forces libanaises (FL) Samir Geagea interviewé par Marcel Ghanem sur MTV, le 23 janvier 2025. Photo site des FL
Le chef des Forces libanaises (FL), Samir Geagea, a affirmé jeudi soir ne pas s’« opposer » à ce que le portefeuille des Finances soit attribué à la communauté chiite au sein du prochain gouvernement, tout en souhaitant que le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, et le nouveau président de la République, Joseph Aoun, disposent de « la plus forte présence des forces politiques du Liban » dans le cabinet.
Ces propos interviennent alors que l'annonce de la future équipe ministérielle de Nawaf Salam se fait attendre. L’insistance du tandem chiite à obtenir le ministère des Finances est défendue mordicus par Nabih Berry, chef du mouvement Amal et président du Parlement, qui a réaffirmé mercredi la détermination du Hezbollah et d'Amal à conserver ce portefeuille, qu’il considère comme un droit accordé à la communauté chiite depuis l’adoption de la Constitution issue de l’accord de Taëf (1989).
Interrogé par le journaliste Marcel Ghanem lors de son émission « Sar el-Waet » (« Il est temps », en arabe), Samir Geagea a également abordé la situation sécuritaire au Liban-Sud et le soutien qu’il compte accorder au mandat de Joseph Aoun.
Sur la question du ministère des Finances, le leader maronite a expliqué que « cette fois-ci, nous pouvons le confier à la communauté chiite, vu son état de faiblesse », faisant référence aux lourds coups infligés et du prix payé par le Hezbollah suite à sa guerre avec Israël. Les affrontements entre les deux belligérants, d’abord sporadiques depuis le 8 octobre 2023, ont dégénéré en une guerre quasi-totale en septembre dernier, un conflit qui a décimé les cadres de la formation pro-iranienne ainsi que ses plus hauts responsables.
Et de continuer: « Nous ne sommes pas opposés à ce que les chiites dirigent ce ministère, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il doit être entre les mains d'Amal ou du Hezbollah. Nous nous opposons à ce qu’une quelconque communauté possède exclusivement un portefeuille particulier. »
L'intérêt de Aoun et Salam
Le chef des FL a par ailleurs affirmé ne pas avoir « imposé » ses ministres dans la future équipe ministérielle, précisant avoir « communiqué les profils de plusieurs candidats à Nawaf Salam, lui-même chargé de finaliser le processus ». Il a avancé l’idée selon laquelle « les ministres ne devraient pas nécessairement être issus de la même communauté que le parti qui les nomme. »
Accusées de provoquer une crise politique en réclamant le portefeuille de l’Énergie dans le but supposé de briser leur adversaire politique, le CPL (Courant patriotique libre, aouniste), les Forces libanaises avaient démenti mardi ces «fausses nouvelles». Samir Geagea n’est pas revenu clairement sur ces accusations lors de son interview.
Estimant qu'« il est dans l'intérêt de Joseph Aoun et Nawaf Salam de disposer de la plus forte présence des forces politiques du Liban au sein du gouvernement», le leader des Forces libanaises a fait savoir que son parti en ferait partie puisqu'ils partagent « une vision commune » avec le discours d'investiture de Joseph Aoun prononcé le jour de son élection, le 9 janvier dernier.
Rejet du triptyque « armée-peuple-résistance »
Évoquant la situation tendue au Liban-Sud, le chef des FL a exprimé son « inquiétude face à la présence des forces israéliennes » dans cette zone du pays, ajoutant que le fait de « les confronter est une nécessité et fait partie des missions de l'État libanais ». Il a ainsi réaffirmé son rejet de toute formule « directe ou déformée » du triptyque «armée-peuple-résistance» soulignant que « la protection du Liban relève du devoir et du droit de l'État libanais ».
Il s’est par ailleurs attaqué ouvertement le camp de la « moumanaa » (terme désignant l’axe pro-Hezbollah), accusant celui-ci de se « considérer toujours victorieux, quoi qu’il arrive » et moquant à plusieurs reprises le parti chiite. En ironisant sur la « victoire » proclamée par les députés du Hezbollah à l’issue du conflit meurtrier de 2024, M. Geagea a également épinglé Michel Aoun, ancien président de la République et ex-chef du Courant patriotique libre pour des propos similaires avant son exil en France.
les experiences passees nous rappellent que quiconque , nomme par un parti politique de n'importe quelle confession -meme non partisan- ne fait qu'executer leur desiderata. ex, les ministres nommes par amal et le cpl. Mr Salam le sait pertinemment bien mais qu'y peut il pauvre bougre!
09 h 54, le 26 janvier 2025