
Des eaux usées provenant de canalisations souterraines effondrées recouvrent une zone de bâtiments détruits à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 8 juillet 2024. BACHAR TALEB/AFP
Entré en vigueur le 19 janvier, l'accord de cessez-le-feu et de libération des otages conclu entre Israël et le Hamas donne aussi le feu vert aux premiers efforts visant à restaurer les infrastructures dévastées de Gaza. Compte tenu de l'ampleur des destructions, en particulier dans le nord de la bande de terre, où des quartiers entiers ont été réduits à l'état de ruines, la phase initiale de la reconstruction se concentrera sur la mise en place de solutions de logement provisoires, rapporte le quotidien israélien Haaretz. Le plan prévoit la création de villes caravanes financées par la communauté internationale, pour accueillir les habitants déplacés pendant que les efforts de reconstruction à long terme se mettent en place. Dans cette phase, Israël s'est engagé à faciliter l'entrée des entreprises de construction égyptiennes et à autoriser l'importation d'équipements lourds, de fer et d'autres matériaux essentiels, selon le journal.
Au-delà de l'aide immédiate, le plan de cessez-le-feu prévoit des dispositions pour une reconstruction à grande échelle dans la troisième et dernière phase de l’accord. Une phase qui s'étalera sur « trois à cinq ans », donnera la priorité aux routes, aux écoles, aux hôpitaux et aux réseaux d'eau, d'égouts et d'électricité, qui ont tous subi des dommages catastrophiques.
L'ampleur des destructions
Une évaluation des dommages par l'UNOSAT en décembre 2024 indique que 69 % de tous les bâtiments de Gaza ont subi des dommages, soit un total de 170 812 structures affectées. Durant les près de 15 mois de guerre, plus de 90 % de la population a été déplacée dans l’enclave, souvent à plusieurs reprises. Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a pour sa part indiqué qu'en janvier 2024, au moins 68 % du réseau routier de Gaza avait été endommagé pendant le conflit.


Coût et durée de la reconstruction
Selon une projection de septembre 2024 du bureau régional du PNUD pour les pays arabes, le coût total de la reconstruction de Gaza dépasse les 40 milliards de dollars. Certaines estimations tournaient récemment autour de 80 milliards. La seule phase initiale de relèvement, qui vise à restaurer les services de base et les infrastructures essentielles, devrait coûter entre 2 et 3 milliards de dollars et durer trois à cinq ans.
L’expert des Nations unies sur le logement, Balakrishnan Rajagopal, avertissait en octobre dernier que dans les conditions actuelles – blocus et accès limité aux matériaux de construction – la reconstruction pourrait prendre jusqu’à 80 ans. Même dans un scénario optimiste où Israël multiplierait par cinq le nombre d’autorisations pour l’entrée de matériaux de construction à Gaza, la seule reconstruction des bâtiments détruits ne serait pas achevée avant 2040, sans prendre en compte les immeubles à réparer.

Pour commencer, Gaza doit relever le défi colossal d’éliminer plus de 50 millions de tonnes de gravats laissés par les bombardements. Les Nations unies ont averti que même avec plus de 100 camions travaillant à plein régime, il faudrait 15 ans pour dégager complètement les décombres. Le coût du déblaiement des gravats est estimé à 1,2 milliard de dollars selon le PNUD. Ces opérations de déblaiement sont rendues particulièrement dangereuses par la présence d'environ 7 500 tonnes de munitions non explosées à la suite de la campagne de bombardements massifs menée par Israël dans la bande de terre. Selon un rapport d'avril 2024 du Service d'action contre les mines des Nations unies (UNMAS), un processus de déminage pourrait prendre jusqu'à 14 ans.
Un système de santé à rebâtir
Une évaluation de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) du 16 Janvier 2025 précise qu'il faudra plus de 3 milliards de dollars pour la première année et demie, sur les 10 milliards prévus pour une période de 5 à 7 ans afin de reconstruire le système de santé à Gaza, afin de réhabiliter les hôpitaux, les cliniques et les installations médicales. Ce montant n’inclut pas cependant les besoins humanitaires et médicaux de la population.

La destruction de l’agriculture et de la sécurité alimentaire
Le conflit a causé des dommages importants au secteur agricole, touchant notamment des terres cultivées, des serres, des infrastructures agricoles, des puits ou encore des panneaux solaires. Sur les 36 410 hectares de la bande de Gaza, 42 % (15 053 ha) étaient utilisés pour des cultures agricoles avant la guerre. UNOSAT, en collaboration avec l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), rapportait en septembre 2024 que 68 % des terres cultivables ont subi une dégradation significative de leur état et de leur densité, impactant la sécurité alimentaire de la population dont plus de 90 % souffre d’insécurité alimentaire aiguë, selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

C est principalement aux israéliens de payer et ensuite (au prorata de leur soutien) aux pays qui leur a fourni des armes
22 h 34, le 24 janvier 2025