
Le président libanais Joseph Aoun (à dr.) s'entretenant avec le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres au palais présidentiel de Baabda, le 18 janvier 2025. Photo AFP
En visite au Liban depuis vendredi, le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a fait part au sortir de sa réunion samedi matin avec le président de la République, le général Joseph Aoun, de son « soutien total » au Liban, ainsi que de sa volonté de mobiliser la communauté internationale pour lui apporter « toutes les formes d'aide ».
Dans des propos rapportés par l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), M. Guterres s'est exprimé sur la nécessité de « renforcer les institutions de l'État libanais », afin de créer les conditions nécessaires pour lui permettre de « protéger pleinement ses citoyens ». De son côté, Joseph Aoun a souligné « l'urgence » du retrait des troupes israéliennes du sol libanais « selon les termes du cessez-le-feu », à savoir « à la date limite du 26 janvier » prévue par l'accord de trêve entré en vigueur fin novembre.
Au cours de sa conférence de presse clôturant usa tournée, António Guterres a assuré que sa visite avait été « significative et productive » et affirmé avoir perçu une atmosphère positive qui lui a donné le sentiment que « le Liban est à l’aube d’un futur plein d’espoir ».
Répondant à une question sur les garanties concernant le cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre entre Israël et le Hezbollah, il a assuré que toute la communauté internationale « voulait la paix » au Liban et que « personne n’acceptera que la guerre reprenne ».
M. Guterres a par ailleurs appelé de ses vœux le retrait des forces israéliennes du Liban-Sud et le déploiement de l'armée libanaise sur l'ensemble du territoire libanais. «Il sera alors possible d'ouvrir une nouvelle page pour la paix», a-t-il dit. D'après les termes de l'accord entré en vigueur le 27 novembre dernier ayant mis fin à 14 mois de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée de l'État hébreu doit quitter le pays du Cèdre au terme du délai de 60 jours prévu à cet effet. Le Hezbollah, quant à lui, doit se retirer au nord du fleuve Litani.
Salam et Berry
Ce samedi, après sa rencontre avec le président Joseph Aoun, M. Guterres a prolongé sa tournée dans la capitale pour s'entretenir avec le Premier ministre désigné Nawaf Salam dans sa résidence de Kraytem, à Beyrouth. « Je sais que le Secrétaire général sera déterminé à chercher le soutien diplomatique pour assurer le retrait israélien à la date prévue, et qu'il multipliera ses efforts en vue de la conférence dont Emmanuel Macron a parlé hier », a déclaré Nawaf Salam suite à son entrevue avec M. Guterres, cité par l'ANI.
Lors de sa visite au Liban vendredi, le président français avait annoncé la tenue d'une nouvelle conférence internationale pour la reconstruction du Liban. « Avec le changement de situation en Syrie, nous avons besoin de commencer à préparer le retour sécurisé et digne des réfugiés syriens » qui sont au Liban, a ajouté le Premier ministre désigné. « Le Liban doit retrouver sa position de centre de dialogue du Moyen-Orient », a de son côté estimé le chef de l'ONU.
M. Guterres s'est ensuite rendu à Aïn el-Tiné pour rencontrer le président du Parlement Nabih Berry. « J'ai une confiance totale dans le fait que le Liban aura bientôt un gouvernement qui représente toutes les composantes de son peuple et garantisse la sécurité de tous ses citoyens », a souhaité M. Guterres cité par l'ANI. « La présence israélienne au Liban-Sud doit cesser au délai prévu, pour que l'armée libanaise exerce sa pleine autorité », a-t-il ajouté.
De son côté, M. Berry a affirmé qu'« il faut obliger Israël à se retirer des territoires libanais qu'il occupe toujours, conformément aux conditions de l'accord de cessez-le-feu, et stopper ses violations et destructions systématiques des villages, champs et terrains agricoles », ajoute l'agence. Une conférence de presse de M. Guterres est prévue en fin d'après-midi, durant laquelle il devrait réitérer ces positions.
Les caches d'armes du Hezbollah
La veille, António Guterres a rendu visite aux troupes de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) pour adresser sa « gratitude pour le courage et la détermination » aux Casques bleus qui effectuent leur mission de maintien de la paix dans « l’environnement le plus difficile dans le monde ». Pendant sa visite sur le terrain, le Secrétaire général a inspecté certaines positions de la Finul qui avaient été frappées par l'armée israélienne lors du conflit en 2024, selon le porte-parole de l’ONU, Farhan Haq, vendredi lors d’un point de presse.
Il a par ailleurs indiqué que la poursuite de l’occupation par l'armée israélienne de zones d’opérations de la Finul et la conduite d’opérations militaires sur le territoire libanais constituent des « violations de la résolution 1701 » qui représentent un « risque permanent » pour la sécurité de la Finul.
M'. Guterres a également noté que, depuis le 27 novembre, les Casques bleus avaient découvert plus de 100 caches d’armes appartenant au Hezbollah ou à d’autres groupes armés au Liban-Sud. Lors de son échange avec le général dirigeant les Forces armées libanaises au Liban-Sud, Edgar Lawandos, commandant du secteur-sud du Litani et représentant de ces forces au sein du comité de surveillance du cessez-le-feu au Liban, M. Guterres a rappelé que la présence des Nations unies était « temporaire » et a souligné que « la Finul est là pour faire tout son possible pour soutenir les Forces armées libanaises ».
Rencontre avec le président Macron
Le Secrétaire général est revenu à Beyrouth plus tard dans l’après-midi, où il a rencontré le président français Emmanuel Macron, également en visite à Beyrouth. « Ils ont eu une discussion approfondie sur les développements dans la région », rapporte le porte-parole de l'ONU. Dans la soirée, M. Guterres a accompagné de la Coordonnatrice spéciale des Nations unies au Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, et du Commandant de la Force de la Finul, le général Aroldo Lázaro, pour se joindre à un dîner de travail organisé par le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati.
Antonio Guterres a enfin rencontré samedi soir le cheikh Akl druze Sami Abi el-Mona (plus haute instance religieuse de cette communauté) et l'ancien chef du Parti socialiste progressiste Walid Joumblatt, en présence de la coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban Jeanine Hennis-Plasschaert, a rapporté dimanche l'Agence nationale d’information (ANI, officielle).
La réunion a permis de discuter de la situation générale et des moyens de soutenir les efforts visant à stabiliser le Liban et la région.