
Le journaliste et activiste palestinien Ahmad Abou el-Rous, tué le 15 janvier 2025 dans une frappe aérienne israélienne. Photo tirée du réseau social X
En pleine couverture de l'escalade des hostilités dans le centre de la bande de Gaza, le journaliste et activiste palestinien Ahmad Abou el-Rous a été tué mercredi dans une frappe aérienne israélienne contre son véhicule stationné dans le camp de réfugiés de Nousseirat, selon plusieurs médias locaux. Cette attaque, qui a également coûté la vie à quatre autres personnes, est survenue quelques instants avant l’annonce d’une trêve, prévue pour entrer en vigueur dimanche entre Israël et le Hamas, après plus de 15 mois de guerre.
Dans une vidéo préenregistrée confiée à sa collègue, Ahmed Abou el-Rous a laissé un message qu’il souhaitait être diffusé pour que ses paroles touchent le monde entier s’il venait à « devenir martyr ». Sur l'enregistrement de moins de deux minutes, en T-shirt blanc et casquette sur la tête, l'activiste se filme depuis une voiture et se dit « apaisé, soulagé et content d'avoir accompli sa mission (en tant que journaliste, Ndlr) » dans la bande de Gaza, remerciant Dieu à plusieurs reprises.
Il exprime ensuite « sa gratitude envers toutes les personnes qu’il a croisées au cours de sa vie », les considérant comme sa famille. « C’est la volonté de Dieu que je sois un martyr, même si je lui demande de prolonger ma vie », regrette-t-il. Il conclut le passage, les larmes aux yeux, en formulant une demande : prier pour lui « tous les jeudis soirs ».
Les reporters locaux couvrant la campagne militaire israélienne sont régulièrement pris pour cible par l’État hébreu et craignent quotidiennement pour leur vie. Le Syndicat des journalistes palestiniens avait annoncé fin décembre que « plus de 190 » journalistes avaient été tués et « plus de 400 » autres blessés depuis le début de la guerre à Gaza, soit en un an et trois mois.
Lors du deuxième festival international des médias de Sobh en mai 2024, Ahmad Abou el-Rous avait par ailleurs remporté le prix « Palestine Special: Citizen Journalist Award ». Ce festival est organisé par la radio-télévision de la République islamique d'Iran (IRIB), une société d'État de radiodiffusion connue pour être un porte-voix du régime.
Des organisations internationales de défense des droits humains et de la liberté de la presse accusent souvent Israël d'une tentative flagrante de faire taire les rares journalistes encore présents dans la région, empêchant ainsi le monde de voir les dures réalités de la guerre. Il devient de plus en plus difficile de rapporter ces événements, alors que les reporters étrangers sont interdits d’accéder à la bande de Gaza depuis plus d’un an en dehors de voyages contrôlés et organisés par l’armée israélienne.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1 210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur 251 personnes enlevées le jour de l'attaque, 94 sont toujours retenues à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée. Au moins 46 707 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans la campagne militaire israélienne de représailles dans la bande de Gaza qui a aussi provoqué un désastre humanitaire, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.