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Nos Lecteurs ont la Parole

Joseph Tarrab ou le don d’une vie

La disparition de Joseph Tarrab est une perte incommensurable pour la culture libanaise. Véritable visionnaire, érudit d’exception et infatigable défenseur des arts, il a consacré sa vie à célébrer et transmettre le pouvoir transformateur de la connaissance et de la créativité.

Son héritage transcende les générations, non seulement à travers ses écrits et ses contributions critiques, mais aussi par un geste d’une générosité remarquable : le don de ses archives personnelles à l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK). Cette collection inestimable, composée de milliers de livres, documents, correspondances et autres trésors intellectuels et artistiques, incarne sa foi profonde dans le partage du savoir et la transmission d’un patrimoine vivant.

Ce don dépasse la simple somme des œuvres qu’il contient : il ouvre un univers de réflexion et de découverte, offrant aux chercheurs, aux étudiants et aux passionnés un accès privilégié à l’esprit visionnaire de Joseph Tarrab. Par cette contribution, il a enrichi non seulement une institution, mais aussi l’âme culturelle de tout un pays.

Les idées qu’il a cultivées, les paroles qu’il a écrites et les objets qu’il a transmis continueront de nourrir les esprits, de stimuler la créativité et de rappeler que le savoir est un bien collectif, destiné à être partagé et célébré.

Son départ nous laisse en deuil, mais il nous lègue un héritage qui perdurera : celui d’une culture vivante, généreuse et universelle. Par son exemple, il nous enseigne que la connaissance est une lumière qui éclaire les chemins de l’avenir, et que transmettre cette lumière est le plus beau des actes.

Je me permets, pour conclure, de partager une partie de l’hommage que le professeur Alexis Moukarzel, ancien doyen de la faculté des beaux-arts à l’USEK, lui a rendu : « Quand Joseph Tarrab m’a fait part de sa volonté d’offrir sa précieuse bibliothèque de 6 000 livres à la bibliothèque de l’USEK, je ne fus guère surpris, car pour un grand lettré, un humaniste polyglotte et ami des arts comme lui, la culture est gracieusement offerte et ne se monnaye pas. M. Tarrab a toujours été au premier plan de la vie culturelle au Liban et durant plus d’un demi-siècle de production intellectuelle et d’engagement auprès des artistes, ses articles en tant que critique d’art dans L’Orient-Le Jour étaient incontournables. Ils esquissaient l’ensemble du climat des arts au Liban, valorisant les meilleurs crus et soutenant les jeunes artistes au potentiel prometteur. Sa belle plume a toujours donné forme à sa démarche méthodologique rigoureuse qui explicite les qualités plastiques d’une œuvre, ainsi que sa sémantique sur la trame des sciences humaines, mobilisant la philosophie, la psychologie et les différentes constantes socio-

culturelles, tout en considérant l’incidence des courants d’influence internationaux, tant stylistiques que théoriques sur l’œuvre analysée.

De par sa culture universelle et de son engagement, M. Tarrab a fortement marqué le profil culturel du Liban, en tant que critique, mais aussi en tant que membre des jurys et comités, tels le Salon d’automne, le Festival de Baalbeck, et son rôle de conseiller auprès des instances culturelles.

Pendant mon mandat à l’USEK, assumant la charge de doyen de la faculté des beaux-arts, j’avais demandé à M. Tarrab d’intégrer le corps professoral et, ce faisant, il investit son savoir immense, son expérience et ses qualités de pédagogue au profit des étudiants, confirmant ainsi que la culture au Liban s’épanouit et qu’elle perdurera tant qu’il y aura des humanistes. »

Directeur de la bibliothèque de l’Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK)

Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.

La disparition de Joseph Tarrab est une perte incommensurable pour la culture libanaise. Véritable visionnaire, érudit d’exception et infatigable défenseur des arts, il a consacré sa vie à célébrer et transmettre le pouvoir transformateur de la connaissance et de la créativité.Son héritage transcende les générations, non seulement à travers ses écrits et ses contributions...
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