Nawaf Salam, le nouveau Premier ministre libanais, le 14 décembre 2025 à Baabda. Photo Mohammad Yassine/L'Orient-Le Jour
Le Premier ministre désigné, Nawaf Salam, a accepté mardi, depuis le palais de Baabda, sa désignation après s'être entretenu avec le président Joseph Aoun et le chef du Parlement Nabih Berry, s'engageant à se mettre « immédiatement au travail » pour lancer le « chantier de construction du nouveau Liban ». M. Salam a été reçu à midi par le chef de l'Etat et s'est d'abord entretenu avec ce dernier et Nabih Berry, avant un aparté avec M. Aoun.
À sa sortie de la réunion, Nawaf Salam a affirmé « accepter sa désignation » et a remercié les membres du Parlement pour leur « confiance » après avoir reçu le soutien de 84 d'entre eux lors des consultations contraignantes menées la veille. Seuls neuf parlementaires avaient soutenu une candidature du Premier ministre sortant, Nagib Mikati, et 35 ne se sont pas prononcés, principalement ceux du Hezbollah et du mouvement Amal.
Main tendue
Ce poste de Premier ministre n'est, pour lui, « pas juste une désignation mais un appel à travailler pour répondre aux attentes » des Libanais et « reconstruire une nation ». Il a affirmé dans ce cadre que le discours d'investiture de Joseph Aoun après son élection jeudi dernier a « rendu espoir ».
Il a d'ailleurs affirmé qu'il allait se « mettre directement au travail, en coopération totale avec le président Aoun, pour le chantier de reconstruction du nouveau Liban », soulignant « tendre la main à toutes les parties ».
Estimant qu'un de ses plus grands défis sera de « faire face à l'agression » israélienne, il a affirmé qu'une des priorités de sa future équipe sera de travailler à la « reconstruction des villages et maisons détruits au Liban-Sud, dans la Békaa et à Beyrouth, afin de permettre le retour des habitants chez eux ». « C'est un engagement qui nécessite un travail sérieux », a-t-il lancé. Il a encore affirmé s'engager à ce que soient respectées « toutes les dispositions de la résolution 1701 » du Conseil de sécurité de l'ONU, qui prévoit notamment le désarmement du Hezbollah au nord du Litani, et « tous les points de l'accord de cessez-le-feu ». Il s'est encore engagé à ce que « l'autorité de l'Etat soit établie sur l'ensemble du territoire libanais ».
Justice et réformes
Nawaf Salam a également évoqué dans son discours un « programme de construction d'une économie de production », des « opportunités d'emploi » pour les Libanais, une « administration efficace et transparente », le respect des droits humains, le lancement des réformes « longtemps attendues », l'application totale de l'accord de Taëf et la décentralisation administrative. En écho au discours de Joseph Aoun devant le Parlement, l'ancien juge à la CIJ a encore promis « l'indépendance de la justice » et la lutte contre la corruption et le clientélisme, ainsi que la justice pour les victimes de la double explosion du 4 août 2020 au port de Beyrouth et les déposants libanais dont les fonds sont coincés dans les banques.
S'adressant aux jeunes, il les a appelés à « étudier ici, travailler ici et aider » les autorités à « répondre à vos ambitions et vos rêves ».
« Nous avons perdu de nombreuses chances de construire un Etat souverain et indépendant, mais c'en est fini des opportunités perdues », a encore lancé celui qui a représenté pendant plusieurs années le Liban à l'ONU.
« Chacun d'entre nous a parié sur une partie extérieure. L'expérience nous a appris que le seul pari correct est celui de l'unité et de la coopération », a-t-il ajouté. « Nous avons manqué de nombreuses occasions de construire un État souverain, civil et indépendant. Disons qu'il y a eu assez d'occasions manquées ! Assez d'expériences qui ont fait que certains se sont sentis lésés, privés, craintifs ou exclus, avant et après Taëf », a poursuivi le nouveau Premier ministre.
Il a ainsi promis d'être un dirigeant pour tous, même s'il ne fera aucun compromis sur les aspirations du peuple libanais. Les choses doivent parfois se faire graduellement, a-t-il poursuivi, notant que « les pas réguliers sont parfois la voie la plus fructueuse pour les réaliser ». « Je vais me mettre au travail immédiatement, en pleine coopération avec le président Aoun, avec l'espoir de lancer ensemble la construction d'un nouveau Liban », a-t-il conclu.
Nawaf Salam s'est également entretenu dans l'après-midi avec le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, au domicile de ce dernier. Il se réunira en outre mercredi et jeudi avec les groupes parlementaires, pour des consultations non-contraignantes, en amont de la formation du gouvernement.
Les félicitations pour la désignation de M. Salam se sont multipliées ces dernières heures. Le mufti de la République, Abdellatif Deriane a salué sa nomination et appelé toutes les parties à faciliter la formation du gouvernement. La diplomatie française lui a de son côté souhaité un « plein succès dans l’accomplissement de sa mission, dans ce moment historique que vit le Liban ».
Espérons le retour des expatriés
17 h 45, le 15 janvier 2025