Le mufti de la République, Abdellatif Deriane, plus haute instance sunnite au Liban, a affirmé samedi depuis le palais présidentiel de Baabda que « tous les noms proposés sont bons » pour le poste de Premier ministre, après avoir été reçu samedi par le nouveau président, Joseph Aoun. Des consultations parlementaires contraignantes doivent débuter lundi au palais présidentiel et aboutir à nommer une personnalité pour former le prochain gouvernement.
En milieu de journée, le président Aoun a par ailleurs reçu un appel téléphonique du prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), qui lui a transmis les félicitations du roi Salmane Ben Abdel Aziz pour son élection à la présidence de la République et l’a invité à se rendre en Arabie Saoudite, rapporte sur X le site officiel de la présidence libanaise. Une invitation à laquelle Joseph Aoun a répondu par la positive, affirmant que sa première visite officielle à l’étranger sera dans le royaume wahhabite. Le président a observé que cette décision témoigne aussi du soutien historique du royaume au Liban et de l’appartenance arabe du Liban, qui est la base de ses relations avec son giron arabe.
Aux députés de trier
Abdellatif Deriane a d'abord assuré au président de la République son attachement, ainsi que celui de sa communauté, à un État fort et lui a souhaité le succès pour son mandat. Il l’a également invité à appliquer les engagements de son discours d’investiture. « Nous espérons que la page des crises sera tournée et insistons sur la nécessité de respecter les accords de Taëf et la Constitution », a-t-il souligné, dans des propos repris par la chaîne MTV, le site Lebanon Debate et d'autres médias locaux.
Abdellatif Deriane a par ailleurs invité les députés libanais à accomplir leur devoir lors des consultations parlementaires. « J’attends d’eux qu’ils choisissent la personnalité susceptible de diriger le pays durant cette nouvelle phase. Tous les noms proposés sont bons, mais c’est aux députés de faire la distinction », a-t-il affirmé. Le chef du gouvernement au Liban fait partie traditionnellement de la communauté sunnite.
Le mufti a par ailleurs souhaité que le mandat du président Joseph Aoun fasse régner la justice, rapporte sur X le site officiel de la présidence. « Mon seul souhait est qu’il ne reste plus un seul opprimé dans les prisons libanaises », a-t-il dit au président, en référence aux détenus sans jugement dans les prisons du pays, dont certains sont islamistes.
« Je ne suis pas venu faire de la politique, a déclaré Joseph Aoun de son côté. Je suis venu construire un État. Et un État ne peut être fondé que sur la justice et l'égalité entre toutes les composantes qui partagent une identité commune ». Le président a de plus émis l’espoir que le gouvernement sera formé le plus rapidement possible afin de mettre le processus sur les rails et de bâtir la confiance avec la communauté internationale. « Ce qu’il faut, c’est l’intention d’oeuvrer pour le bien du Liban et non pour des intérêts personnels », a insisté M. Aoun. Il a également fait part de son intention de « solliciter l'aide du monde extérieur, sans utiliser l’extérieur pour forcer l'intérieur (...) Aucune communauté ne bénéficiera de privilèges au détriment d’une autre. De même, aucune personne ne sera privilégiée par rapport à une autre », a-t-il asséné.
Hamadé opte pour Nawaf Salam
De son côté, le député du Rassemblement démocratique (bloc Joumblatt) Marwan Hamadé a exprimé son soutien au juriste, universitaire et actuel président de la Cour internationale de justice (CIJ) Nawaf Salam pour le poste, « compte tenu des nouvelles perspectives au Liban et au Moyen-Orient ». Dans des propos rapportés par l’Agence nationale d'information (ANI, officielle), M. Hamadé à invité le nouveau président « à former un gouvernement moins partisan que le précédent, qui favoriserait la séparation entre le législatif et l’exécutif ». « Nous espérons que le président Joseph Aoun ne nommera pas le même type de ministres que ceux qui sont actuellement au gouvernement », a-t-il souhaité.
Le chef de l'État a été élu jeudi au Parlement avec un total de 99 voix sur 128 après plus de deux ans de vacance au palais de Baabda. Joseph Aoun, 14e président du Liban, s'est engagé notamment à restaurer l'État, à faire appliquer les conventions internationales, et à rendre à l'État le monopole de la force armée au détriment des milices.
Le mufti Deriane avait adressé ses félicitations vendredi au nouveau président. Lors d'un appel téléphonique, le dignitaire religieux lui avait souhaité « succès et réussite dans ses nouvelles tâches » pour « préserver la sécurité et la stabilité du pays en activant le rôle des institutions constitutionnelles », tout en soulignant « la nécessité de coopérer avec les pays frères et amis ». Il avait également exprimé sa « pleine confiance dans les compétences et les valeurs » de Joseph Aoun, tout en affirmant avoir espoir en son mandat.
Cette phrase du président résume tout et c'est ce qui interesse les libanais : "...... Je ne suis pas venu faire de la politique, a déclaré Joseph Aoun de son côté. Je suis venu construire un État".......
15 h 41, le 11 janvier 2025