Rechercher
Rechercher

Idées - Commentaire

Le cessez-le-feu à l’épreuve de l’élection présidentielle

« À l’intérieur du Liban, la mise en œuvre de l’accord s’entrelace avec la bataille pour la présidence et la question de savoir qui occupera le poste vacant depuis plus de deux ans. »

Le cessez-le-feu à l’épreuve de l’élection présidentielle

Des soldats libanais près d'un bâtiment endommagé dans le village de Khiam au Liban-Sud, le 23 décembre 2024. Photo d'illustration : archives AFP.

Plus de cinq semaines se sont écoulées depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, et il reste un peu plus d'une vingtaine de jours pour son application complète. Pendant ce temps, les deux parties sont censées, a minima, se retirer totalement de la zone au sud du Litani jusqu’à la Ligne bleue.  « A minima » car l’accord comprend d’autres engagements dont les délais restent flous, notamment l’arrêt des survols israéliens, l’application de la Résolution 1559 concernant le démantèlement des groupes armés, et celle de la Résolution 1680 sur les frontières internationales.

Les développements récents entourant cette dernière – notamment l’effondrement du régime syrien et le revers stratégique subi par l’Iran en Syrie – faciliteront sans doute son application comme un fait accompli. Cependant, la Résolution 1559 reste fermement inscrite à l’ordre du jour, malgré l’absence d’un mécanisme ou d’un calendrier clair.

À lire aussi

Après le Saoudien, Hochstein met tout son poids dans la balance pour Joseph Aoun

Quant à la région au sud du Litani, il n’existe pour l’instant aucun signe visible indiquant une mise en œuvre sérieuse de l’accord. Des violations quotidiennes par Israël continuent d’être enregistrées, certaines prenant la forme d’incursions et de frappes aussi violentes que celles ayant eu lieu avant le cessez-le-feu.

Scénarios

Qui est responsable du retard dans l’exécution de l’accord ? Quels scénarios pourraient se dessiner après le 27 janvier, terme des 60 jours prévus par l’accord ?

Le Hezbollah, qui a accepté le cessez-le-feu comme seule option disponible après avoir subi des pertes majeures en leadership, en effectifs et en armements, semble parier sur ce court répit pour reconstruire ses structures et se réorganiser. Cette stratégie lui permet également de réévaluer la perte de sa profondeur géographique, de ses bases arrière et de ses lignes d’approvisionnement après la chute du régime Assad en Syrie.

L’Iran, de son côté, reconsidère le rôle du Hezbollah dans ce nouveau contexte, marqué par la perte du corridor syrien vers la Méditerranée, le Liban et la frontière israélienne.

Pour Israël, l’impact précis du séisme géopolitique en Syrie sur ses calculs concernant le Liban reste également flou. On ignore aussi si Tel-Aviv considère le 27 janvier comme un jalon décisif pour entamer la fin de la « dernière des guerres avec le Liban » ou comme une opportunité de poursuivre sa mission de démantèlement du Hezbollah, entamée en Septembre avec l’attaque des bipeurs et l’assassinat de Hassan Nasrallah. Dans ce contexte, les considérations stratégiques classiques sur les menaces résiduelles posées par le parti chiite s’entremêlent avec des calculs politiques concernant l’avenir de Benjamin Netanyahu et des facteurs internationaux liés à l’entrée en fonction de Donald Trump, prévue peu avant la fin du cessez-le-feu. Pour toutes ces raisons, Israël conserve, dans le cadre de l’accord et en dehors, toutes les provisions qu’il lui faut pour reprendre la guerre contre le Hezbollah et le Liban si elle le souhaite.

Cessez-le-feu et un vide présidentiel

À l’intérieur du Liban, la mise en œuvre de l’accord s’entrelace avec la bataille pour la présidence et la question de savoir qui occupera le poste vacant depuis plus de deux ans. L’armée libanaise est censée exécuter l’accord en prenant le contrôle des positions et armements du Hezbollah au sud du Litani, dans une première phase. Cependant, aucun signe tangible ne suggère que cela a bien commencé.

À lire aussi

Barrot à « L’OLJ » : Le préalable à la pérennité de la cessation des hostilités, c’est l’élection d’un président

Certains attribuent l’absence de progrès visible à des efforts pour préserver la face au Hezbollah et faciliter le processus. Ce dernier demeure un acteur parlementaire clé, non seulement en termes de taille de bloc, mais aussi parce qu’il monopolise, avec ses alliés – notamment le président du Parlement – la représentation chiite au sein de la législature. D’autres lient ce retard à des lenteurs réelles, en attendant le dénouement de la bataille présidentielle, le chef de l’armée étant l’un des principaux candidats non déclarés à ce poste.

Le refus du gouvernement et des autorités politiques de prendre des décisions claires et décisives sur l’exécution de l’accord contribue également au ralentissement. Malgré les déclarations publiques du Premier ministre et ses visites répétées dans le sud pour soutenir la mission de l’armée, le Conseil des ministres n’a pas émis de directives explicites en ce sens. Pire, certains ministres proches du Hezbollah continuent d’encenser la « résistance » comme seule option viable pour le Liban. Cette ambiguïté vis-à-vis des obligations de l’accord expose le Liban à des risques incalculables si Israël décide de relancer une guerre ouverte, qui pourrait cette fois ne pas se limiter au Hezbollah et bénéficier d’un soutien international qui ne dédouanerait pas les autorités libanaises de leurs responsabilités.

« Électeur clé »

Au Parlement, après la fixation de la date du 9 janvier pour l’élection présidentielle, l’attention portée à l’accord de cessez-le-feu a diminué. Cet accord, comme celui de 2022 sur la délimitation des frontières maritimes, n’a jamais été soumis au vote – un schéma récurrent de concentration des décisions stratégiques de l’État libanais, y compris celles relatives à la guerre et aux accords internationaux, dans un cercle restreint centré de facto sur le Hezbollah et en dehors des mécanismes constitutionnels.

Ce glissement d’intérêt, du cessez-le-feu à l’élection présidentielle, s’explique par le fait que la séance du 9 janvier sera ouverte et se déroulera en plusieurs tours, contrairement aux sessions précédentes, la dernière ayant eu lieu en juin 2023, toutes interrompues par des ruptures de quorum après le premier tour. Cela augmente les chances d’élire un président au cours de cette séance.

Bien que les détails de l’application de l’accord ne relèvent pas de la compétence du Parlement, les positions des candidats présidentiels potentiels sur cet accord, leur vision de sa mise en œuvre et leur capacité à s’y engager joueront un rôle essentiel dans les décisions des députés.

Cette interaction, entre l’accord de cessez-le-feu et la session d’élection présidentielle, fait de cet accord un « électeur clé » dans ce processus. À l’inverse, l’identité du président élu – si la session aboutit – déterminera dans une certaine mesure le sort de l’accord.

En revanche, un échec à élire un président d’ici la fin Janvier mettrait en péril l’ensemble de l’accord de cessez-le-feu.

Antoine HADDAD, Chercheur en politiques publiques, Vice-Président de l'Université Saint-George de Beyrouth.

Plus de cinq semaines se sont écoulées depuis la signature de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, et il reste un peu plus d'une vingtaine de jours pour son application complète. Pendant ce temps, les deux parties sont censées, a minima, se retirer totalement de la zone au sud du Litani jusqu’à la Ligne bleue.  « A minima » car l’accord comprend d’autres...
commentaires (1)

la Résolution 1559 reste fermement inscrite à l’ordre du jour, malgré l’absence d’un mécanisme ou d’un calendrier clair. -IL Y A BIEN ET MECANISME ET CALENDRIER TRES CLAIR. -A LA SIGNATURE DE TAEF LES MILICES ARMEES AURAIENT DU LIVRER LEURS ARMES A L,ARMEE LIBANAISE. SE DESARMER COMME D,AUTRES L,ONT FAIT. -AUJOURD,HUI LA PRESIDENTIELLE *SI LE SUFFRAGE SE DEROULE* *J,EN DOUTE FORT* L,ISSUE SERAIT FAUSSEE PAR L,INTIMIDATION, FUT-CE-T-ELLE PSYCHOLOGIQUE DE L,ARMEMENT DE LA COMMUNAUTE CHIITE DU PAYS. -POINT DE SUFFRAGES AVANT L,APPLICATION DE LA 1559. - QUI L,ACCEPTENT COMMETTENT UNE FAUTE ENORME.

LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

11 h 01, le 07 janvier 2025

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • la Résolution 1559 reste fermement inscrite à l’ordre du jour, malgré l’absence d’un mécanisme ou d’un calendrier clair. -IL Y A BIEN ET MECANISME ET CALENDRIER TRES CLAIR. -A LA SIGNATURE DE TAEF LES MILICES ARMEES AURAIENT DU LIVRER LEURS ARMES A L,ARMEE LIBANAISE. SE DESARMER COMME D,AUTRES L,ONT FAIT. -AUJOURD,HUI LA PRESIDENTIELLE *SI LE SUFFRAGE SE DEROULE* *J,EN DOUTE FORT* L,ISSUE SERAIT FAUSSEE PAR L,INTIMIDATION, FUT-CE-T-ELLE PSYCHOLOGIQUE DE L,ARMEMENT DE LA COMMUNAUTE CHIITE DU PAYS. -POINT DE SUFFRAGES AVANT L,APPLICATION DE LA 1559. - QUI L,ACCEPTENT COMMETTENT UNE FAUTE ENORME.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    11 h 01, le 07 janvier 2025

Retour en haut