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Culture - Vient de paraître

Les cerises de Hammana, clé de voûte du roman de Frédéric Picard

Rédacteur en chef du Figaro.fr et professeur à l’ESA de Beyrouth, Frédéric Picard publie aux éditions Mareuil « Code Lafayette », un premier roman policier historique qui propose des va-et-vient temporels et spatiaux aussi surprenants que plaisants.

Les cerises de Hammana, clé de voûte du roman de Frédéric Picard

Frédéric Picard publie aux éditions Mareuil « Code Lafayette ». Photo DR

Code Lafayette (éditions Mareuil), premier roman de Frédéric Picard, repose sur une enquête criminelle dans les rues de Paris, dont le narrateur explore la mémoire des moindres recoins, où s’inscrit en profondeur une histoire tumultueuse. L’énigme du présent s’éclaire de manière inattendue au fil de rebondissements haletants qui ont trait à la période révolutionnaire. L’enquête de Georges, qui a grandi à Beyrouth et est habité par son expérience libanaise, de Marine, de Victor fait écho aux destinées romanesques et mystérieuses de Marie-Antoinette, Lafayette, Louis XVI, mais aussi Fersen (comte suédois et favori de la reine), Vergennes (diplomate français et ambassadeur à Constantinople, NDLR), Beaumarchais… Relire le passé, plonger dans la dynamique nerveuse d’une capitale parisienne en pleine effervescence, à travers des personnages dont les voix sonnent juste : la lecture de Code Lafayette ne cesse de surprendre le lecteur par une écriture elliptique et enlevée. Complots, énigmes, espionnage, histoires d’amour se croisent pour atteindre un espace de résolution, autour des cerises de Hammana. Un des axes transversaux du récit est libanais ; loin d’être à vocation pittoresque et anecdotique, il s’avère déterminant dans l’enchevêtrement des événements.

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Énergique et enthousiaste, l'auteur, par ailleurs rédacteur en chef du Figaro.fr, parle comme il écrit, le phrasé est vif et rythmé. Selon lui, le passage de l’écriture journalistique à celle d’un roman va de soi. « Le chemin est court entre les deux, je suis un passionné de littérature et j’ai toujours eu envie d’écrire un roman policier. L’occasion s’est présentée lorsque l’histoire «est arrivée », lance-t-il joyeusement. L’occasion ? Celle d’un projet de parcours VTT qu’il devait faire avec son fils pour suivre le trajet Paris-Varenne qu’a emprunté Louis XVI et sa famille en 1791. « Or il y a eu le Covid, et mon fils m’a demandé de lui raconter ce périple. Je me suis donc beaucoup documenté sur cette période et j’ai découvert notamment la date de cette soirée à Versailles, que je ne peux pas révéler, et qui a tout fait basculer. L’histoire est partie de là », poursuit-il avec entrain.

Au fil des pages, la dimension visuelle du récit permet au lecteur d’incarner les faits sous ses yeux, d’autant plus que des QR codes permettent de découvrir les lieux, comme dans un escape game. « C’est sur une idée originale de mon fils, qui travaille dans les médias, avec des influenceurs. À chaque fin de chapitre, il m’a suggéré de travailler les enchaînements sous forme de cliffhangers (effet dramatique visant à tenir le lecteur ou le spectateur en haleine, NDLR), pour donner envie de lire la suite. Avec les QR codes, j’ai voulu faciliter la lecture : quand je parle d’un tableau, le lecteur peut directement l’avoir sous les yeux, comme les enquêteurs. La musique permet aussi cette immersion dans l’enquête », ajoute le romancier.

« L’histoire est une série de mensonges… »

« L’histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’accord. » Cette citation de Napoléon Bonaparte mise en exergue dans Code Lafayette annonce une interrogation historique des faits communément admis. « Passionné d’histoire, je suis persuadé que pour bien comprendre notre présent il faut bien connaître notre histoire ; j’ai essayé de prendre cet habit d’exégète et d’interroger certains faits. Tout ce qui est dit dans le récit est exact. Louis XVI n’était peut-être pas le bêta que l’on croit savoir, Marie-Antoinette était certainement plus impliquée qu’on a voulu le dire, elle avait une vie personnelle compliquée… Quant à Lafayette, il n’est peut-être pas le héros des deux mondes dont on parle… J’ai voulu aussi remettre sur la scène des personnages importants comme Vergennes ou Rochambeau (commandant des troupes françaises lors de la guerre d'indépendance américaine, NDLR)», explique Frédéric Picard.

La traversée romanesque s’accompagne d’une trajectoire urbaine parisienne qui plaira à ceux qui apprécient la narration des lieux. « Je passe des heures à me balader dans la ville, qui a abrité les plus grands personnages. Sur les façades est écrite l’histoire, et il suffit de se laisser porter. J’ai souhaité une écriture potentiellement adaptée sur un plan cinématographique, avec un discours qui n’est pas compliqué. L’idée est de faire des aller-retour entre l’histoire de France et notre quotidien, agrémenté de james bonderies… », précise celui qui enseigne à l’ESA depuis plusieurs années. Comme son personnage, Georges, Frédéric Picard est habité par le Liban, où il se rend très régulièrement, depuis 15 ans. « J’aime beaucoup ce pays, où j’ai beaucoup d’amis. Je voulais que le commissaire de police vienne d’un endroit qui ne va pas de soi pour le lecteur, avec une pensée différente, une histoire d’amour différente et des réminiscences inattendues. Le Liban est présent dans le détail, avec la bière Almaza, les maamouls, et dans son histoire d’amour. Hammana fait le lien avec l’histoire littéraire française, et j’aime bien ce niveau de granularité, avec les Libanais qui comprennent la symbolique du lieu, et d’autres qui la découvrent », ajoute-t-il.

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Code Lafayette a déjà séduit beaucoup de lecteurs. Le 17 janvier, l’auteur se rend à Beyrouth, où il présentera son livre à l’ESA, après avoir animé une conférence débat autour de la question des fake news.

À partir du mois de février, Frédéric Picard envisage de centrer la présentation sur les personnalités historiques oubliées de son livre et de Lafayette. « Je suis convaincu que c’est l’idiot utile de l’histoire. Le comte de Broglie va s’en servir, on va lui faire croire qu’il va aller seul aux États-Unis, or quand il arrive à Bordeaux pour prendre le bateau, tout a déjà été organisé par Louis XVI et Vergennes… Sur place, sans Rochambeau, Lafayette n’est pas en mesure d’agir… on avait besoin d’un personnage fédérateur pour l’inconscient collectif. La question d’une liaison avec Marie-Antoinette se pose : quand il revient d’Amérique, en 1785, elle est enceinte et elle vient l’attendre, avec Madame de Lafayette… » enchaîne l’écrivain. D’autres questions restent en suspens dans le roman. Quel est le sens du tableau du Serment de Lafayette, peint par David ? Comment Louis XVI et sa famille ont-ils pu fuir à Varenne depuis le Louvre, gardé par 600 gendarmes ?

Code Lafayette propose une lecture verticale vertigineuse de l’histoire, dans une horizontalité parisienne et levantine réjouissante. Un pari réussi.

Frédéric Picard donne une conférence sur le campus de l'ESA (École supérieure des affaires de Beyrouth) le 17 janvier de 18h à 19h, sur le thème « Pourquoi les fake news déforment-elles la réalité ? », suivie d'une séance de dédicaces.

Code Lafayette (éditions Mareuil), premier roman de Frédéric Picard, repose sur une enquête criminelle dans les rues de Paris, dont le narrateur explore la mémoire des moindres recoins, où s’inscrit en profondeur une histoire tumultueuse. L’énigme du présent s’éclaire de manière inattendue au fil de rebondissements haletants qui ont trait à la période révolutionnaire. L’enquête de Georges, qui a grandi à Beyrouth et est habité par son expérience libanaise, de Marine, de Victor fait écho aux destinées romanesques et mystérieuses de Marie-Antoinette, Lafayette, Louis XVI, mais aussi Fersen (comte suédois et favori de la reine), Vergennes (diplomate français et ambassadeur à Constantinople, NDLR), Beaumarchais… Relire le passé, plonger dans la dynamique nerveuse d’une capitale parisienne en pleine...
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