Tous les secteurs du marché de l’immobilier n’ont pas évolué de la même manière durant l’intensification des frappes israéliennes sur le Liban entre le 23 septembre et le 27 novembre. Certains d’entre eux ont connu un soudain regain d’activité, pendant que d’autres sont restés au ralenti.
L’afflux des déplacés vers Beyrouth, après l’intensification du conflit au Liban-Sud, dans la plaine de la Békaa et dans la banlieue sud de Beyrouth, a contraint de nombreuses familles à chercher dans l’urgence un nouveau logement, entraînant une demande considérable pour des locations d’appartements.
Tous les hôtels et les immeubles de studios meublés ont été pris d’assaut à Beyrouth, principalement dans les quartiers de Hamra, Raouché et Aïn el-Mreissé. Plus de 150 établissements se sont remplis en quelques heures. De même pour les appartements privés meublés.
Les propriétés mises en ligne sur la plateforme Airbnb, que ce soit à Ras Beyrouth ou à Achrafieh, ont été très recherchées, avec des transactions réalisées sur la base de paiements mensuels. Dans un premier temps, les prix sont restés relativement stables, mais plus le conflit empirait et plus certains propriétaires ont cherché à en profiter. Dès les premiers jours, les prix demandés ont commencé à progressivement augmenter, enregistrant 20 à 50 % de plus en quelques jours. Dans certains cas, ces tarifs ont presque doublé.
Les propriétaires restent inflexibles
Mais depuis le retour des familles dans leur village, à la suite du cessez-le-feu décrété le 27 novembre, les disponibilités ont augmenté et les loyers ont drastiquement chuté, revenant à leur niveau d’avant le 23 septembre. D’un autre côté, si le marché locatif des logements meublés s’est accéléré, celui des logements non meublés n’a pas connu la même frénésie, alors que la demande pour de tels biens est restée calme sur l’ensemble de la capitale.
En parallèle, le marché locatif commercial a lui aussi connu une reprise, et cela principalement dans la partie occidentale de Beyrouth. Plusieurs commerçants dont les locaux ont été détruits ont, en quelques jours, relancé leur activité à Hamra. Les loyers sont restés stables, puisque les locaux qui ont été loués se trouvaient souvent sur le marché depuis plusieurs années. À l’opposé, le marché commercial a été paralysé au centre-ville et à Achrafieh. Ce secteur s’est mis en pause durant cette période. Étant donné que le secteur de la restauration allant de Gemmayzé jusqu’à Badaro a été perturbé pendant plusieurs semaines, la demande a logiquement été suspendue pendant un certain moment.
Au cours des deux mois des combats intenses, certains opportunistes ont cherché à profiter de la situation pour acquérir des appartements à des prix bradés. Leur quête a été vaine alors que les personnes paniquées et prêtes à céder leur bien en dessous de leur valeur de marché ont été rares. D’ailleurs, depuis le début du conflit entre le Hezbollah et l’armée israélienne en octobre 2023, le marché des ventes d’appartements n’a pas flanché. La demande a ralenti sans pour autant disparaître. Les prix, eux, n’ont pas connu de variations sensibles.
Les propriétaires sont restés inflexibles. N’étant pas pressés de vendre, ils ont maintenu leur prix et ont préféré attendre une meilleure conjoncture. Certains ont même retiré leur bien du marché. Conscients que la période n’était pas propice, ils souhaitent remettre leur logement à la vente une fois la situation stabilisée.
Enfin, malgré le cessez-le-feu depuis le 27 novembre et la chute du régime des Assad en Syrie le 8 décembre, le marché ne s’est toujours pas remis des derniers événements. La reprise sera progressive alors que l’arrêt des combats au Liban-Sud reste fragile et que l’avenir de la Syrie est inconnu. Cette situation freine encore la demande. Les ventes d’appartements – en construction ou finis – sont aussi, et notamment, pénalisées par l’absence de prêts bancaires, alors que le financement représente toujours un poids qui exclut de nombreuses personnes de l’accès à la propriété, quelle que soit la situation sécuritaire du pays.