« Un des grands problèmes de nos démocraties, à savoir le sentiment populaire de déconnexion entre les gouvernants et le peuple, tient au fait que ce principe de réalité n’est plus incarné dans les institutions. Ce qui est incarné en revanche, c’est la démarche électoraliste consistant à conquérir le pouvoir. Mais la question de l’exercice du pouvoir n’est plus posée dans le système politique. ». Marcel Gauchet, « Sortir de l’impuissance démocratique », le 8 octobre 2024, France Culture.
Jeanne fait partie d’un groupe d’éducateurs qui vont exprimer leurs colères légitimes alors qu’Israël détruit des espaces naturels et l’habitat humain dans un monde qui ne supporte pas l’antisémitisme. Elle dit lors d’une journée ouverte à des représentants de l’ONU. « Je suis fière d’avoir reçu un enseignement laïque et d’avoir appliqué la communication ouverte selon le respect mutuel des vues et des différences multiples. Néanmoins, la libre et respectueuse manifestation de la pensée révèle la transmission des vécus qui ne peuvent être mis en silence rien que pour éviter la susceptibilité des uns et des autres. La cohérente expression permet de constater des conflits mais aussi d’accomplir la paix. Le discernement nous permet de reconnaître les justes colères des vrais mensonges sans occulter les stratégies inhumaines. Elles persistent sans être nommées quand c’est l’intérêt de ceux qui se taisent pour confirmer le consentement. »
Elle se réfère à cette citation :
« Aussi convient-il de souligner que la laïcité ne peut assurer sa fonction d’incorporation à la République qu’à la condition que son interprétation soit maîtrisée… et profondément liée à l’éducation qui, seule, a ce pouvoir de forger les consciences. Ici, les missions de l’enseignement primaire et secondaire et de l’enseignement supérieur s’avèrent complémentaires, car à l’inculcation des valeurs de la République par les premiers ne saurait répondre que la préservation de la liberté d’expression qui fait du second un espace de confrontation des idées et des cultures. » Céline Husson-Rochcongar. La laïcité, un cas d’école ? Un principe et ses interprétations, de la liberté à la contrainte. Open Editions Journals, 2020.
Et Jeanne dit : « On associe souvent l’adolescence à une période bourrée de fluctuations et d’oppositions par rapport aux contextes accomplis. Ce parcours est censé démarquer une étape de faire face avec des réactions spontanées sans devoir restreindre les expressions d’après les vues souhaitées des parents et des aînés. On pense nous rassurer que cette spontanéité est censée se régulariser à fur et à mesure que nous passons à l’âge adulte. Cependant, il est très étrange de constater la passivité de la communauté internationale qui énonce des articulations verbales semblables alors que les destructions et les massacres des innocents perdurent. Ceux-ci ne révoltent toujours pas votre assemblée de façon unifiée. Quand allez-vous défendre la vie humaine, sans plus attendre ? »
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