L'armée libanaise se déploie « massivement » à Tyr

L'armée libanaise s'est massivement déployée mardi à Tyr, afin d'y « maintenir la sécurité », dans ce qui marque une première étape de la mobilisation de la troupe dans le sud du Liban, un élément essentiel de l'accord de cessez-le-feu entre le Hezbollah et Israël. 

Cet accord, entré en vigueur le 27 novembre, prévoit notamment que le Hezbollah et ses groupes alliés ne pourront mener aucune action offensive contre Israël et doivent évacuer de la zone au sud du fleuve Litani. « Les forces de sécurité et l'armée libanaise seront les seules entités autorisées à porter des armes ou à déployer des troupes dans le sud du Liban », indique le texte de l'accord, qui précise que « le Liban déploiera les forces de sécurité officielles et l’armée le long de toutes les frontières des points de passage et de la ligne définie pour la zone sud, comme décrit dans le plan de déploiement ». Dès l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, des convois de blindés de l'armée ont été observés sur de nombreuses routes du pays en direction du Sud. 

Selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle), le déploiement « massif » de l'armée libanaise a été observé dans de nombreuses rues de la ville. Il marque « le début du redéploiement de l'armée dans le Sud, notamment dans les villages frontaliers ». 

Campagne de recrutement

Pour assurer ce déploiement, l'armée libanaise a annoncé l'ouverture d'une campagne de recrutement qui s'étendra sur un mois, jusqu'à début janvier. 

Les affrontements entre le Hezbollah et Israël, qui ont commencé le 8 octobre 2023, se sont intensifiés en une guerre totale le 23 septembre. Cette escalade a inclus une offensive israélienne élargie au Liban, accompagnée d'une opération terrestre. Plusieurs soldats et officiers libanais ont été tués dans les frappes israéliennes pendant le conflit, qui n'a pas impliqué la troupe. 

Un berger tué à Chebaa

Ces annonces concernant l'armée libanaise ont eu lieu alors que le Liban a dénoncé des dizaines de violations de l'accord du côté israélien, alors que l'armée israélienne continue de tirer régulièrement sur le Sud. Un tir de drone dans un champ de Chebaa, dans le caza de Hasbaya, a ainsi tué mardi un berger, selon les informations de sources locales de notre correspondant Mountasser Abdallah. Plus tard dans la journée, le ministère libanais de la Santé devait confirmer la mort d'une personne dans cette frappe.

Des soldats israéliens ont également tiré à la mitrailleuse en direction de Bint Jbeil, tandis que d'autres tirs de drone ont été signalés sur Deir Siriane, dans le caza de Marjeyoun, et Beit Lif (Bint Jbeil). À l'aube, des tirs de mitrailleuse et des détonations ont été entendues à Kfar Kila, dans le caza de Marjeyoun.

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Les troupes israéliennes continuent en outre leurs mouvements sur le territoire libanais, notamment à Khiam. Dans cette localité, qui a connu d'importants combats entre l'armée israélienne et le Hezbollah avant le cessez-le-feu, des tanks et véhicules militaires se sont à nouveau positionnés dans le quartier est, dont ils s'étaient retirés lundi. Des sources locales contactées par notre correspondant dans le Sud font également état d'un déploiement de véhicule militaires israéliens à Aïtaroun, ainsi que d'une avancée de véhicules en direction de Bourj el-Moulouk. 

Dans l'après-midi, l'armée israélienne a mené des frappes d'artillerie sur Khiam et Rachaya el-Foukhar. En soirée, elle a déclenché plusieurs explosions dans le village de Mhaybib, dans le caza de Marjeyoun au Liban-Sud, rapporte notre correspondant. Au moins trois détonations ont été entendues par les habitants.

Par ailleurs, l'armée libanaise a annoncé mardi la nomination du brigadier-général Edgar Lawandos, en tant que commandant du secteur-sud du Litani, pour représenter le Liban au sein du comité de surveillance du cessez-le-feu avec Israël, selon les indications d'une source militaire libanaise à L'Orient-Le Jour. Ce comité doit compter un général américain, un autre français, ainsi que l'émissaire américain Amos Hochstein pour la partie civile.

Les menaces de Katz

Dans la nuit, peu après minuit, l'aviation israélienne a une nouvelle fois ciblé le caza de Jezzine, bombardant la périphérie de Soujoud-Mlikh. Une frappe qui faisait suite à d'autres, nombreuses lundi soir, sur plusieurs régions du Sud en riposte à un tir d'obus du Hezbollah sur le site de Roueissat al-Alam, dans les collines disputées de Kfarchouba. Selon un communiqué du parti, l'attaque intervenait « en réponse aux violations répétées » de l'accord de cessez-le-feu par Israël. Ces attaques répétées de l'armée israélienne ont tué au moins 14 personnes depuis le 27 novembre. 

Éclairage

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Pour tenter de faire face, sur la scène diplomatique, à ces frappes israéliennes, le Premier ministre libanais sortant, Nagib Mikati, et le président de la Chambre, Nabih Berry, ont appelé les États-Unis et la France à « exercer des pressions sur Israël afin qu'il respecte l'accord de cessez-le-feu », a indiqué l'agence Reuters.

Et ce alors que le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré aux troupes lors d'une visite le long de la frontière avec le Liban que « le gouvernement libanais doit [...] autoriser l'armée libanaise » à éloigner le Hezbollah au nord du Litani, menaçant de « ne plus faire de distinction » entre le parti chiite et l'État libanais si la guerre devait reprendre. Dans l'après-midi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réitéré les propos qu'il avait tenus il y a quelques jours : « Nous sommes en situation de cessez-le-feu, pas à une fin des hostilités. Nous ne tolérerons pas les violations », a-t-il lancé lors d'une réunion de son gouvernement à Nahariya, dans le nord d'Israël, cité par la radio de l'armée israélienne sur le réseau X.