Le Hezbollah a revendiqué lundi, pour la première fois depuis l'instauration du cessez-le-feu le 27 novembre, un tir d'obus ciblant le site de Roueissat el-Alam, dans les collines contestées de Kfarchouba, alors que des tirs et frappes de drone israéliens ont continué de viser le Liban-Sud dans la journée et qu'un soldat libanais a été blessé dans un bombardement sur un poste-frontière du Hermel.
Selon le communiqué du Hezbollah, son attaque intervient « à la suite des violations répétées de l'ennemi israélien de l'accord de cessation des hostilités entré en vigueur le 27 novembre, qui prennent plusieurs formes, notamment des tirs sur des civils et des frappes aériennes dans différentes régions du Liban, qui ont conduit au martyre de citoyens et à la blessure d'autres, en plus de la violation continue de l'espace aérien libanais par des avions israéliens hostiles jusqu'à la capitale Beyrouth ». « Puisque les consultations avec les parties chargées de mettre fin à ces violations n'ont pas réussi, la Résistance islamique a effectué ce soir une première réponse d'avertissement défensive », a ajouté le parti chiite.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé que les tirs du Hezbollah sur le « Mont Dov » constituaient « une grave violation » du cessez-le-feu affirmant qu' « Israël ripostera fermement ». Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a lui estimé que le Hezbollah a commis « une grave erreur » et qu'Israël devait répondre par « un coup puissant, selon des propos rapportés par Reuters. « Les tirs du Hezbollah sur le poste de l'armée israélienne au Mont Dov feront l'objet d'une réponse sévère. Ce qui était ne sera plus », a menacé le ministre israélien de la Défense Israël Katz. « Si nous ne réagissons pas fermement contre l'état du Liban, nous reviendrons à l'ère des équations », a de son côté réagi le chef du parti d'opposition Union nationale Benny Gantz.
Le cessez-le-feu a été instauré après 14 mois de guerre avec Israël et deux mois d'escalade meurtrière des combats. Cette offensive élargie avait commencé le 23 septembre, une semaine avant le lancement d'une offensive terrestre au Liban-Sud.
« Violation flagrante »
Lundi, le chef du Parlement libanais, Nabih Berry, a dénoncé une « violation flagrante » par Israël des termes de l'accord de cessez-le-feu. Dans un communiqué, le chef du Législatif, qui a négocié l'accord au nom du Liban, a encore appelé le comité international chargé de surveiller l'application des termes du cessez-le-feu à « lancer d'urgence sa mission et obliger Israël à cesser ses violations et se retirer des territoires qu'il occupe ». Ce comité est formé des Etats-Unis, de la France, de la Force intérimaire de l'ONU au Liban et des armées libanaise et israélienne.
« Les actions agressives » de l'armée israélienne au Liban représentent, selon lui, une « violation flagrante des termes » de l'accord, a-t-il ajouté. Il a notamment cité parmi ces violations le fait qu'Israël « détruit au bulldozer des maisons dans les villages frontaliers » et les raids aériens notamment en profondeur. Il a souligné que « plus de 54 violations » ont été signalées « alors que le Liban et la résistance (le Hezbollah et ses alliés, ndlr) sont pleinement engagés » à respecter l'accord.
Le Premier ministre libanais sortant Nagib Mikati s'est lui entretenu avec le général de division américain Jasper Jeffers, chargé de diriger le comité de surveillance du cessez-le-feu. Selon l'Agence nationale d'information, les deux hommes ont discuté de la mission du comité. M. Mikati a souligné « la nécessité d'un engagement total en faveur du cessez-le-feu, de la prévention des violations de la sécurité et du retrait de l'ennemi israélien des territoires libanais occupés ».
« Israël fait respecter » le cessez-le-feu
Les violations israéliennes du cessez-le-feu ont également été au centre d'un appel entre le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot et son homologue israélien Gideon Saar. M. Barrot a insisté au téléphone sur « la nécessité que toutes les parties respectent le cessez-le-feu au Liban », selon un communiqué du ministère français des Affaires étrangères. Gideon Saar a quant à lui rejeté dans un communiqué les accusations selon lesquelles Israël viole la trêve.« Nous entendons dire qu'Israël viole l'accord de cessez-le-feu au Liban, a-t-il dit. Au contraire, Israël le fait respecter » en réponse « aux violations du Hezbollah qui appellent une action immédiate ».
Des prises de position qui interviennent alors que l'armée libanaise a annoncé dans la matinée qu'un tir de drone israélien sur une pelleteuse de la troupe qui effectuait des travaux au niveau d'un centre militaire proche du poste-frontière de Haouch el-Sayyed Ali, dans le Hermel, dans le nord de la Békaa, avait blessé un soldat. Notre correspondante dans la Békaa avait rapporté peu avant une frappe de drone du côté syrien de la frontière, au même endroit.
Les postes-frontières entre le Liban et la Syrie ont été bombardés à plusieurs reprises, au niveau de la Békaa et du Liban-Nord. Au Liban-Sud, un agent de la Sécurité de l'État libanaise a été tué dans une frappe de drone israélienne à Jdeydet Marjeyoun, selon les informations de notre correspondant dans la région Mountasser Abdallah. La victime, identifiée comme Mahdi Khreiss, originaire de Khiam, à quelques kilomètres au sud-est de Marjeyoun, circulait à mobylette près de la station électrique de la ville lorsqu'elle a été ciblée par le tir de drone. Le ministère libanais de la Santé a confirmé un mort dans ce tir.
Deux autres frappes de drone ont également été menées par l'armée israélienne à Aïtaroun, dans le caza de Bint Jbeil. Une personne a été légèrement blessée, selon notre correspondant. Dans le caza de Marjeyoun, des drones israéliens ont aussi pris pour cible le village de Meis el-Jabal et de Tallousé où une personne a été tuée et deux autres blessées.
Des tirs d'artillerie israéliens ont visé Chebaa, la ferme de Bastara, dans les environs de Kfarchouba, Rachaya el-Foukar et Halta, dans le caza de Hasbaya. Toujours à Hasbaya, le village de Borghoz a été visé par un raid. Le village de Beit Lif, dans le caza de Bint Jbeil, a été touché deux fois fois aujourd'hui par deux obus de 155 mm, selon l'Agence nationale d'information. Dans le même caza, des raids israéliens ont visé Maroun el-Ras, Hanine et Yaroun. Dans le caza de Marjeyoun, l'armée israélienne a procédé à des explosions dans le quartier de Ras el-Dahr, à l'ouest de Meis el-Jabal et des tirs d'artillerie israéliens ont visé Khiam. Dans le caza de Jezzine, des raids israéliens ont visé Sriré.
Bulldozers stationnés
Dans le caza de Bint Jbeil, un bulldozer israélien a commencé à détruire une partie de la mosquée de Maroun al-Ras. Dans le caza de Marjeyoun, des bulldozers ont opéré à Kfar Kila. Et dans le caza de Hasbaya, une force blindée israélienne, accompagnée d'un char Merkava, est entrée dans la ferme de Chanouh à la périphérie de Kfarchouba et a passé la zone au peigne fin.
Selon notre correspondant dans le Sud, cinq véhicules et un bulldozer de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) tentaient lundi d'ouvrir la route de Meis el-Jabal-Chakra, à l'ouest du village de Meis el-Jabal, après qu'une unité israélienne l'a fermée avec des monticules de terre. Une force israélienne est toujours stationnée sur les collines du village.
Aussi, l'unité israélienne qui avançait sur la zone de Doubiyé, à l'est de Meis el-Jabal, s'est retirée après avoir mené une opération de « recherche » selon notre correspondant dans le Sud. Parallèlement, des véhicules et chars israéliens ont été signalés dans les environs de l'hôpital gouvernemental de Meis el-Jabal. Plusieurs troupes restent stationnées sur les collines environnantes et tirent occasionnellement à l'artillerie de ces positions. Selon notre correspondant dans le Sud, une quinzaine de tanks et de véhicules militaires israéliens se sont retirés depuis hier soir de plusieurs quartiers à l'intérieur de Khiam, en direction du Sud de la localité.
Le Pentagone a déclaré lundi que, malgré quelques incidents, le cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah tenait toujours. « De manière générale, notre évaluation est que, malgré certains de ces incidents que nous observons, le cessez-le-feu tient, » a indiqué le général de brigade de l'Air Patrick Ryder, porte-parole du Pentagone, lors d'une conférence de presse.
Qu’ils ne viennent pas pleurer d’avoir été punis pour leurs affronts inconscients et volontaires. Ah j’oublie, ce ne sont pas eux qui paient leurs erreurs, ce sont toujours les innocents naïfs qui les protègent en se soumettant à leur volonté de les exterminer pour crier victoire.
10 h 58, le 03 décembre 2024