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Politique - Éclairage

Face à l’affaiblissement du Hezbollah, que compte faire l’opposition ?

Si plusieurs protagonistes hostiles au parti chiite sont d’accord sur la nécessité du désarmement de la « résistance », le monopole de la violence devant être confiné à l’État, chaque composante souhaite garder une marge de manœuvre.

Face à l’affaiblissement du Hezbollah, que compte faire l’opposition ?

Le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, recevant l\'émissaire américain Amos Hochstein, le 20 novembre 2024 à Meerab. Ramzi Hage / Bureau de presse des FL / AFP

Maintenant que le Hezbollah est affaibli – et que la crise libanaise a pris une dimension internationale –, l’opposition se retrouve devant une « occasion en or » pour mettre sur les rails un plan d’avenir en vue de la réhabilitation des institutions conformément aux principes qu’elle défend. Les partis opposés au Hezbollah et à son agenda – qui, à ce jour, n’ont pas réussi à se coaliser au sein d’un front uni – sont-ils aujourd’hui prêts à aborder ensemble la phase à venir ? L’OLJ a fait le tour des principales figures de l’opposition, pour sonder leurs positions respectives notamment face à deux grands défis imminents : le désarmement du Hezbollah et l’élection d’un président de la République.

Si l’ensemble des protagonistes au sein de ce groupement pluriel s’accordent à dire que la période suppose des efforts conjoints pour parvenir aux objectifs souhaités, il n’en reste pas moins que l’idée d’un front uni et cohésif n’est pas, aux yeux de certaines composantes, une condition nécessaire et absolue. C’est notamment le cas pour le parti Kataëb qui estime que « l’époque où l’on évoquait un front souverainiste contre le Hezbollah est révolue ». « Ce qu’il faut aujourd’hui, c’est plutôt un plan de sauvetage », indique Patrick Richa à L’OLJ, rappelant au passage que les efforts entrepris à ce jour pour unifier les rangs de l’opposition n’ont pas abouti.

Tiraillements internes 

L’expérience passée a en effet mis en exergue des tensions internes multiples, notamment pour ce qui est du parrainage de ce camp, sachant que les Forces libanaises ont été accusées de chercher à placer ses différentes composantes sous leur tutelle et « de faire de Meerab le centre de gravité du front », comme le souligne anonymement une source de l’opposition. Les FL ont pu rassembler 31 députés, considérés comme des faucons du camp, sous leur houlette, dont la dernière réunion remonte au mois de septembre. Dans une déclaration, Élie Hankache, député du bloc Kataëb, a toutefois indiqué samedi que son parti « ainsi que l’opposition tiennent des réunions ouvertes avec les différents protagonistes politiques, pour mettre fin à la paralysie au niveau de la présidence de la République », sans préciser toutefois l’identité des participants et si les FL y sont incluses ou non.

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D’ailleurs, pour les FL, un front uni de l’opposition n’est pas non plus une condition préalable pour aborder la prochaine phase. Un argument justifié entre autres par le fait que la question du désarmement ne relève pas, selon le parti chrétien, de la seule responsabilité de l’opposition en tant que telle, puisqu’elle est désormais du ressort de la communauté internationale. « C’est la première fois dans l’histoire du Liban qu’il y a un mécanisme international pour faire appliquer les résolutions onusiennes en présence. C’est une première. Par conséquent, le rôle de l’opposition est désormais réduit à exercer une pression parallèle, de sorte à ce que le pays ne soit plus une arène de conflit sous l’emprise de l’Iran », commente Charles Jabbour, porte-parole des FL. D’autant, dit-il, que l’ensemble des parties de l’opposition sont d’accord sur les questions à caractère souverainiste, telles que l’application de Taëf, de la 1701 et de la 1559. « Les divergences pourraient éventuellement réapparaître sur des dossiers internes », précise M. Jabbour.

Vendredi dernier, le chef de la formation chrétienne Samir Geagea a tenu des propos extrêmement virulents à l’adresse du Hezbollah qu’il a accusé d’avoir commis un « grand crime envers les Libanais ». Une position radicale que ne partagent pas toutes les composantes de l’opposition. À leur tête, l’ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt qui dès à présent tient à prendre une certaine distance. Le leader druze préfère clairement se maintenir au centre, même s’il partage avec ses pairs les grandes lignes stratégiques, notamment concernant le désarmement du Hezb et le refus de toute emprise iranienne sur le Liban dorénavant. « Je ne fais partie d’aucun camp. J’ai été clair dans mes récentes interventions, à savoir qu’il faut appliquer l’ensemble des résolutions internationales et prendre en compte le fait qu’un bon nombre de Libanais ne veulent plus que le Liban continue de servir d’arène pour l’Iran face aux autres puissances », indique le leader druze. Et de souligner toutefois qu’il maintient des canaux de communication « avec tout le monde », y compris avec Samir Geagea auprès duquel il compte se rendre bientôt ainsi que chez d’autres.  « L’État libanais doit bénéficier du monopole des armes et des décisions relatives à la guerre et à la paix », a affirmé le leader druze dans une déclaration au journal al-Anba’.

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« Ne pas brûler les étapes »

De son côté, le bloc de la Modération nationale, constitué de députés sunnites ex-haririens, évite pour le moment de se prononcer sur la question des armes ou de la formule à laquelle s’accroche le Hezbollah, « armée-peuple-résistance ». Ce bloc accorde en effet la priorité au retour du fonctionnement des institutions et notamment à l’élection d’un président de la République et à la mise en place d’un gouvernement en titre, comme prôné dans le cadre de sa tournée de médiation amorcée il y a quelques mois, avant la guerre du Liban. « Dans un second temps, nous plancherons sur la stratégie de défense. Nous préférons ne pas brûler les étapes », commente Walid Baarini, un membre de ce bloc. « Notre position est centriste. Nous nous considérons comme un pont qui relie les différents protagonistes », insiste encore le député.

Quant au Courant patriotique libre, qui ne fait pas partie de l’opposition, mais qui a récemment opéré un repositionnement par rapport au Hezbollah, considérant que le front de soutien à Gaza qui a causé des morts et des destructions monstres était injustifié et inapproprié, il tient pour sa part à se distinguer des clivages en présence. Il se dit donc en faveur du « dialogue et d’une plateforme commune convenue par l’ensemble des parties ». C’est le cas aussi bien pour ce qui est du désarmement du Hezbollah – qui devrait faire l’objet de discussions internes selon les aounistes – que de la question de l’identité du prochain président. « Nous avalisons le principe selon lequel l’armée et l’État doivent avoir un rôle principal pour la défense du Liban. Quant à la fonction de l’arsenal du Hezb et de la manière dont le Liban pourrait bénéficier de telles ressources, cela devrait être tranché dans le cadre d’un dialogue national. Il n’est pas question pour nous d’un désarmement imminent », confie Michel Bou Najm, porte-parole du CPL. Le parti de Gebran Bassil ne veut, de toute évidence, pas provoquer le parti chiite ni faire preuve d’hostilité à son égard.

Quid de la présidentielle ?

Il reste que le courant aouniste maintient sa position hostile à la candidature du commandant en chef de l’armée, Joseph Aoun, à la présidence de la République. Il « n’est toujours pas considéré comme notre profil favori », dit le porte-parole.

Au final, si la question du désarmement du Hezb semble, dans une certaine mesure, recueillir une majorité de voix au sein de l’opposition, le prochain test sera, sans aucun doute, celle du profil du futur chef de l’État. À en croire une source de l’opposition qui a tenu à rester anonyme, il y a actuellement quatre candidats en lice que considère l’opposition, à savoir « Samir Geagea, Samy Gemayel, Michel Moawad et Joseph Aoun, avec un penchant certain pour celui-ci ». 

Maintenant que le Hezbollah est affaibli – et que la crise libanaise a pris une dimension internationale –, l’opposition se retrouve devant une « occasion en or » pour mettre sur les rails un plan d’avenir en vue de la réhabilitation des institutions conformément aux principes qu’elle défend. Les partis opposés au Hezbollah et à son agenda – qui, à ce jour, n’ont pas réussi...
commentaires (16)

Quand a l'opposition, des Kataebs aux indépendants, les FL est le parti le plus important sur le terrain comme au parlement et que cela leur plaisent ou pas ils ont le droit d'avoir leur candidat comme ils ont le droit de ne pas le soutenir. Mais s'ils veulent un Président fort et un gouvernement efficace le candidat des FL, qui qu'il soit, devient un candidat national nécessaire pour avancer vers la souveraineté totale même si les Chiites ne sont pas d'accord. La constitution est ainsi faite, il faut respecter les lois et les règles pour y arriver.

Pierre Christo Hadjigeorgiou

11 h 14, le 04 décembre 2024

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Commentaires (16)

  • Quand a l'opposition, des Kataebs aux indépendants, les FL est le parti le plus important sur le terrain comme au parlement et que cela leur plaisent ou pas ils ont le droit d'avoir leur candidat comme ils ont le droit de ne pas le soutenir. Mais s'ils veulent un Président fort et un gouvernement efficace le candidat des FL, qui qu'il soit, devient un candidat national nécessaire pour avancer vers la souveraineté totale même si les Chiites ne sont pas d'accord. La constitution est ainsi faite, il faut respecter les lois et les règles pour y arriver.

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    11 h 14, le 04 décembre 2024

  • Les efforts pour unifier les rangs de l’opposition n’aboutiront jamais, car Geagea veut s’ériger en leader des lerders. Quant à S. Gemayel, il déteste ce dernier cordialement et se fait remplacer par son cousin Nadim lors des réunions Mearab. Et tous les trois prennent G. Bassil en grippe. Les partis chrétiens passsent à côté d’un problème existentiel, celui de la présence des chrétiens du Liban dont le nombre rétrécit en peau de chagrin pendant que leurs chefs ne pensent qu’à renflouer leurs bases populaires.

    Hitti arlette

    16 h 32, le 03 décembre 2024

  • Il faut dépasser les considérations personnelles et temporaires. Il faut réajuster le contrat de taef. Il est inconcevable de permettre au président du parlement de rester à so poste pendant 30 ans et qu’il soit élu à la majorité simple alors que le president de la république doit avoir les 2/3. Il faut réformer le système judiciaire et avoir un plan pour l’économie etc..,

    Vincent Makhlouf / ENHANCED FORM

    14 h 47, le 03 décembre 2024

  • Pk pas une présidente? Najat Saliba ou Sethrida Geagea par exemple. Une femme donnerait une meilleure image au Liban.

    Joseph ibin Helo

    14 h 03, le 03 décembre 2024

  • Il est clair que le CPL préfère ménager le HB dans le cas où il ressuscite par un hasard quelconque et le préfère comme président plutôt que l’autre polichinelle, son jumeau. Il prend ses fantasmes pour des réalités et continue de cracher sur notre armée et son chef sachant que le jour où ce dernier sera élu,malgré son nez, il finira derrière les barreaux illico. Non seulement pour tous les larcins qu’il acommis en étant ministre dans plusieurs secteurs qui se sont soldés par un désastre parce que pillés et asséchés, mais aussi pour tous ses actes de sabotages qui ont mené le pays où il est

    Sissi zayyat

    10 h 33, le 03 décembre 2024

  • Assez palabrer. Pour une fois, montrez votre intérêt pour votre pays en oubliant votre ego et sauver cette nation du marasme qui l’a anéanti faute de cohésion entre opposants. Vous aurez tout le loisir de régler les détails de pacotilles une fois le Liban sorti d’affaires. Remuez-vous et parlez d’une seule voix, c’est notre unique espoir de voir le pays libéré du joug des mollahs et de ses affidés. Cette opportunité ne représenterait plus et les libanais ne vous pardonneraient pas de l’avoir loupée.

    Sissi zayyat

    10 h 33, le 03 décembre 2024

  • Il y a de quoi pleurer devant ce manège des leaders, l’unite est primordiale pour remettre le Liban sur ses pieds et en finir une bonne fois pour toute de cette milice non libanaise qui nous a soumis depuis plus de 40 ans au bons vouloirs de l’Iran! Si les libanais ne le font pas, eh bien, il est temps de sonner le glas pour notre patrie, nous ne pourrons jamais reconstruire le Liban tant que nous resterons dévoués aux tribus politiques, chacun pour son zaim. Unité est le mot d’ordre, sinon il ne nous reste plus grand chose.

    CW

    10 h 32, le 03 décembre 2024

  • Désarmement du Hezbollah ?? Geagix joue dans la petite cour et croit qu’il est important .. hahaha on sait pour qui il joue et ça ne marche pas ;les Kataeb et Joumblat et le CPL rigolent On a besoin d’unité d’un président compétent et d’une armée solide( si les usa l’acceptent) et non pas de petits politiciens qui essaient de tirer la couverture ….

    TAMIN FAROUCK

    08 h 18, le 03 décembre 2024

  • Pour résumer, ils sont d'accord de ne pas etre d'accord. Certains se placent au centre, d'autres en périphérie du centre et pour conclure? Rien de plus que les intérêts de chacun au centre de la périphérie. Allez en un mot, rien de nouveau. On prends les mêmes et on recommence. Les armes, gênantes mais bon hein? On s'accommode. Un president? Aussi. C'est un probleme de zaim. Le peuple? Dès qu'ils ont droit au chapitre, ils votent pour leur tribu. C'est le Liban, dans toute sa splendeur au dessus des gravas.

    C.D.R

    08 h 12, le 03 décembre 2024

  • Geagea a accusé le Hezbollah d’avoir commis un « grand crime envers les Libanais » . Ce n’est pas une accusation, mais un simple énoncé des faits. Si 4000 morts et des milliards de destruction ne constituent pas « grand crime envers les Libanais », que faut-il de plus! Dans n’importe wuel pays civilisé, démocratique et doté d’institutions en état de fonctionnement, les auteurs seraient arrêtés, jugés et condamnés à la peine maximale. Le principal responsable a été transféré devant une instance judiciare supérieure, mais ses complices et les exécutants demeurent à portée.

    Yves Prevost

    07 h 35, le 03 décembre 2024

  • Geagea a accusé le Hezbollah d’avoir commis un « grand crime envers les Libanais » . Ce n’est pas une accusation, mais un simple énoncé des faits. Si 4000 morts et des milliards de destruction ne constituent pas « grand crime envers les Libanais », que faut-il de plus! Dans n’importe wuel pays civilisé, démocratique et doté d’institutions en état de fonctionnement, les auteurs seraient arrêtés, jugés et condamnés à la peine maximale. Le principal responsable a été transféré devant une instance judiciare supérieure, mais ses complices et les exécutants demeurent à portée.

    Yves Prevost

    07 h 35, le 03 décembre 2024

  •  " Plusieurs protagonistes hostiles au parti chiite sont d’accord sur la nécessité du désarmement de la « résistance » ".La lecture de cette phrase m’a laissé pantois! "plusieurs" n’est pas "tous". Ainsi, non seulement, il existe, des libanais (déjà assez ahurissant) pour soutenir le maintien en armes de la milice iranienne, mais il s’en trouverait même au sein de l’opposition! Comme la droite française, l’opposition libanaise est "la plus bête du monde"! Incapable de s’unir par crainte du leadership du Hakim, elle a manqué toutes les occasions. Gageons qu’elle laissera passer aussi celle-là.

    Yves Prevost

    07 h 18, le 03 décembre 2024

  • -NULLE SORTE D,ELECTION, -SOIT-ELLE PRESIDENTIELLE, -OU ENCOR LEGISLATIVE, -NE DEVRAIT SE DEROULER, -QU,APRES LE DESARMEMENT, -AUTHENTIQUE DES MILICES. -AVEC LE HEZB A LEUR TETE. -JAMAIS DES ELECTIONS LIBRES, -NE PEUVENT SE DEROULER, -SOUS LE SPECTRE D,ARSENAUX. -RIEN QUE LEUR PRESENCE PESE, -ET FAUSSE LES RESULTATS.

    LA LIBRE EXPRESSION. LA PATRIE EST EN DANGER.

    06 h 59, le 03 décembre 2024

  • On voit bien que l’unité de l’opposition ne peut se faire PAR LES CHEFS. Elle ne pourra donc se faire que PAR LE TERRAIN. Et qui dit TERRAIN dit PRENDRE LA RUE, MANIFESTER pour demander IMMÉDIATEMENT une séance électorale OUVERTE au Parlement. Ou à minima se préparer pour un sit-in ouvert à la prochaine séance prévue début janvier si je ne me trompe pour EMPÊCHER les députés de quitter l’hémicycle tant qu’un président n’est pas élu. Les ouwet sont qu’on le veuille ou non la COLONNE VERTÉBRALE du camp MaLGA et Samir Geagea est le Donald Trump dont le Liban a tant besoin. Le terrain le montrera.

    MAKE LEBANON GREAT AGAIN

    06 h 11, le 03 décembre 2024

  • Qu’ils se la bougent et ne répètent pas les erreurs de 2005 alors que tout leur souriait après le retrait Syrien, leur inaction, lâcheté, divisions et trahison ont remis le Hezbollah pourtant très mal en point en ce moment en scelle 3 ans plus tard.

    Liban Libre

    01 h 29, le 03 décembre 2024

  • Le CPL c’est le Hezbollah chrétien

    Eleni Caridopoulou

    00 h 43, le 03 décembre 2024

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