
Capture d'écran de l'intervention télévisée de l'ancien chef du PSP, Walid Joumblatt à la MTV.
« La République islamique ne peut pas continuer à utiliser le Liban dans le cadre de +l’unité des fronts+ pour améliorer ses conditions dans le dossier du nucléaire iranien ». C’est avec fermeté que l’ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt, s’est prononcé jeudi soir sur la MTV, contre l’Iran et sa politique au Liban. Il a toutefois prôné le dialogue avec le Hezbollah dès l’instauration d’un cessez-le-feu entre cette formation et Israël qui «permettrait de négocier avec le parti chiite», dans un contexte d’escalade du conflit entre les deux belligérants au Liban depuis deux mois. « Un dialogue est impératif », a-t-il noté, faisant état d’une atmosphère présage d’un nouveau départ.
«J’ai pris position contre l’Iran parce que je suis convaincu que nous ne sommes pas une arène, mais que nous devons plutôt être un État indépendant à travers des discussions avec nos alliés libanais, parmi lesquels le Hezbollah», a souligné le leader druze lors de l’émission « Sar el-Wa'et » de Marcel Ghanem, provoquant un déferlement de réactions positives et négatives sur le site de la chaîne télévisée locale.
L’interview de Walid Joumblatt intervient dans un contexte de guerre ouverte depuis deux mois entre le Hezbollah et Israël au Liban-Sud, dans la banlieue sud de Beyrouth, dans la Békaa Nord, et même dans la capitale, après un an d’échanges frontaliers entre les deux belligérants depuis le 8 octobre 2023. Ce jour-là, le parti chiite avait annoncé l’ouverture d’un « front de soutien » à Gaza, au lendemain de l’attaque du Hamas sur le territoire israélien. Le conflit a déjà fait 3 583 tués et 15 244 blessés au Liban, selon le bilan le plus récent du ministère de la Santé, publié jeudi.
« Utiliser le Sud (Liban) comme arène de lutte pour soutenir Gaza et la Cisjordanie doit cesser », a insisté M. Joumblatt, toujours à la MTV, estimant que les Libanais ont « fait leur devoir concernant l’unité des fronts » et «payé trop cher leur soutien à la cause palestinienne».
Campagne « vicieuse » contre Joumblatt
Les propos de Walid Joumblatt n'ont pas tardé à faire réagir les internautes, principalement proches de l'axe iranien.
« La République islamique d’Iran restera sous la direction de l’Imam Khamenei tant que son ombre protègera le Liban. La République arabe syrienne sous la direction de Bachar el-Assad est l’air pur que nous respirons… au Liban et pour toutes les générations à venir », a réagi l’internaute Charabila1 sur X. « Il est injuste et trompeur de lancer ces accusations contre la République islamique. C’est une insulte de dire qu’elle nous utilise comme un outil … », a renchéri l’internaute monzerchehab.
La véhémence des réactions opposées au leader druze a poussé le ministre sortant de la Culture Mohammad Mortada, proche du Hezbollah, à en prendre le contrepied et dénoncer « une campagne vicieuse contre le leader patriote Walid Joumbatt ». Lors d’une interview au média Al-Anbaa, le ministre a rappelé « l’engagement de l’ancien chef du PSP pour l’indépendance du Liban, sa souveraineté et l’unité de son peuple et de sa terre », de même que son engagement pour la cause palestinienne. Il a aussi salué la position du chef druze pour le droit du peuple palestinien à se défendre. « M. Joumblatt a dit que la Palestine est une plaie saignante qui doit être guérie pour que le monde se repose, qu'Israël est un ennemi existentiel et que la lutte armée pour faire avorter ses projets est un devoir et un droit, ce qui explique qu'il soit devenu la cible d'abus et de menaces de la part de sources et d'opérateurs connus », a dit le ministre Mortada.
« Un signe de Hochstein dans les prochaines 24h »
D'autres internautes ont suivi l'exemple du ministre et annoncé leur soutien à l'ex-chef du PSP. « Votre position et votre voix ont secoué le monde. (…) Nous sommes avec vous, le Liban aussi. Vous êtes notre soupape de sécurité. Que Dieu vous protège », a lancé de son coté l’internaute embahaa4 toujours sur X, prenant la défense du leader druze.
Sur la question des négociations menées par l’émissaire américain de l’administration Biden, Amos Hochstein, qui tente d’aboutir à un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah, M. Joumblatt a affirmé être dans l’attente d’un signe. «Nous attendons dans les prochaines 24 heures un signe de Hochstein. Il peut être positif ou négatif, car nul ne connaît les réelles intentions de Netanyahu (le Premier ministre israélien) », a-t-il indiqué. Et d’observer qu’il s’agit de la dernière tentative de l’administration Biden en termes de négociations. « Tout est possible » dans ce cadre, a estimé Walid Joumblatt, espérant que le Liban pourra « sortir de ce cercle infernal ». « La balle est dans le camp israélien », a-t-il encore dit, précisant avoir informé l’émissaire Hochstein de la nécessité d’appliquer la résolution 1701 de l'ONU qui interdit les milices armées au sud du Litani, et de revenir à l’accord d’armistice de 1949 qui a été confirmé par la suite par les accords de Taëf.
«L'Iran ne peut continuer à utiliser le Liban comme arène». J’avoue ne pas comprendre comment pn peut se dire libanais et ne pas approuver cette remarque de simple bon sens. Veux qui ont dû fuir leur village etqui pleurent leurs proches ensevelis sous les bombes israéliennes devraient remercier Khanenei d;avoir déclenché cette guerre et les "protéger de son ombre"?
08 h 12, le 23 novembre 2024