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Société - Rapport

HRW : La frappe israélienne ayant tué trois journalistes libanais est un « crime de guerre apparent »

Les alliés d'Israël devraient « suspendre l'aide militaire et les ventes d'armes, en raison du risque réel qu'elles soient utilisées pour commettre de graves abus ».

HRW : La frappe israélienne ayant tué trois journalistes libanais est un « crime de guerre apparent »

Gilets de protection de journalistes à l'intérieur d'une voiture détruite sur le site d'une frappe israélienne à Hasbaya, dans le sud du Liban, qui a tué trois journalistes, le 25 octobre 2024. Photo Ali Hankiri/AFP

Human Rights Watch (HRW) a déclaré lundi qu'une frappe aérienne israélienne ayant tué trois journalistes au Liban il y a un mois constituait un « crime de guerre apparent » et qu'une bombe équipée d'un kit de guidage fabriqué aux États-Unis avait été utilisée.

« L'utilisation par Israël d'armements américains pour attaquer illégalement et tuer des journalistes, loin de tout objectif militaire, constitue une lourde tache tant sur les États-Unis que sur Israël », a déclaré Richard Weir, chercheur expérimenté sur les crises, les conflits et les armes pour Human Rights Watch.

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« Les précédentes attaques meurtrières de l'armée israélienne contre des journalistes, sans aucune conséquence, laissent peu d'espoir quant à la possibilité de rendre des comptes concernant cette violation ou pour de futures atteintes aux médias. »

La frappe du 25 octobre avait touché un complexe touristique de Hasbaya, une ville à majorité druze du Liban-Sud jusque là épargnée par les bombardements, où plus d'une douzaine de journalistes travaillant pour des médias libanais et arabes dormaient. Après avoir initialement affirmé que ses forces avaient frappé un bâtiment où « des terroristes opéraient », l'armée israélienne a précisé quelques heures plus tard que « l'incident était en cours d'examen », selon HRW.

HRW a indiqué que cette frappe, loin des principaux foyers de guerre entre Israël et le Hezbollah, « constituait très probablement une attaque délibérée contre des civils et un crime de guerre apparent ».

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« Les informations examinées par Human Rights Watch indiquent que l'armée israélienne savait ou aurait dû savoir que des journalistes se trouvaient dans la zone et dans le bâtiment ciblé », a précisé l'organisation dans un communiqué. HRW « n’a trouvé aucune preuve de combats, de forces militaires ou d’activités militaires dans la zone immédiate au moment de l'attaque », a-t-elle ajouté.

La frappe a tué le caméraman Ghassan Najjar et l'ingénieur de diffusion Mohammad Reda de la chaîne panarabe al-Mayadeen, basée à Beyrouth et proche du Hezbollah, ainsi que le journaliste vidéo Wissam Qassem de la télévision al-Manar du Hezbollah.

En octobre 2023 le journaliste de Reuters Issam Abdallah a été tué par des tirs israéliens alors qu'il couvrait le sud du Liban, et six autres journalistes ont été blessés, dont Dylan Collins et Christina Assi de l'AFP, qui a dû être amputée de la jambe droite. Le mois suivant, un bombardement israélien a tué la correspondante d'al-Mayadeen Farah Omar et le caméraman Rabih Maamari, selon la chaîne. Des groupes de défense des droits humains libanais ont indiqué que cinq autres journalistes et photographes travaillant pour les médias locaux ont été tués dans des frappes israéliennes dans le sud du pays et dans la banlieue sud de Beyrouth.

Kit de guidage JDAM américain

L'organisation a indiqué avoir vu des images du cercueil de Ghassan Najjar, enveloppé dans un drapeau du Hezbollah, et enterré dans un cimetière aux côtés de combattants du groupe militant, observant toutefois que, selon un porte-parole du Hezbollah, Ghassan Najjar avait demandé à être enterré près de son ami et collègue Rabih Maamari, et qu'il « n’avait eu aucune implication dans des activités militaires ».

HRW a indiqué que la bombe larguée par les forces israéliennes était équipée d’un kit de guidage Joint Direct Attack Munition (JDAM), produit aux États-Unis. Le JDAM « est fixé aux bombes larguées depuis les airs et permet de les guider vers une cible à l'aide de coordonnées satellitaires », a précisé l'organisation. Elle a ajouté que les débris retrouvés sur le site étaient compatibles avec un kit JDAM « assemblé et vendu par la société américaine Boeing ». Un débris « portait un code numérique l'identifiant comme ayant été fabriqué par Woodard, une société américaine qui fabrique des composants pour les systèmes de guidage des munitions », a-t-elle précisé.

L'organisation a déclaré avoir contacté Boeing et Woodard, mais n'avoir reçu aucune réponse.

Pour rappel

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HRW a conclu en déclarant que les principaux alliés d'Israël — les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada et l'Allemagne — devraient « suspendre l'aide militaire et les ventes d'armements à Israël, étant donné le risque réel qu'ils soient utilisés pour commettre de graves abus ».

« À mesure que les preuves de l’utilisation illégale par Israël d’armements américains, y compris dans des crimes de guerre apparents, s’accumulent, les responsables américains doivent décider s'ils vont respecter la législation américaine et internationale en suspendant les ventes d'armements à Israël, ou s'ils risquent d'être légalement complices de graves violations », a déclaré Weir.

Le 28 octobre, le Liban a annoncé avoir déposé une plainte auprès du Conseil de sécurité des Nations unies au sujet de la frappe israélienne qui a tué trois journalistes. 

Human Rights Watch (HRW) a déclaré lundi qu'une frappe aérienne israélienne ayant tué trois journalistes au Liban il y a un mois constituait un « crime de guerre apparent » et qu'une bombe équipée d'un kit de guidage fabriqué aux États-Unis avait été utilisée.« L'utilisation par Israël d'armements américains pour attaquer illégalement et tuer des journalistes, loin de tout...
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