143 morts, en majorité des femmes et des enfants, résultat du bombardement d’un immeuble d’habitation à Beit Lahia dans le nord de Gaza. C’est insupportable !
Insupportable d’être un spectateur impuissant devant les images des destructions occasionnées par les bombardements de l’armée israélienne à Gaza et au Liban. Insupportable de savoir l’immensité de la détresse des populations qui en sont les victimes. Des dizaines de milliers de vies ont été brisées au nom de la tentative d’éradication du Hamas et du Hezbollah menée par l’État d’Israël.
Ce dernier reste sur une ligne d’intransigeance absolue qui le conduit à réprimer durement toute velléité d’indépendance de la Cisjordanie. Il est, depuis sa création, dans une spirale infernale de guerre avec ceux de ses voisins qui n’acceptent pas sa domination ou veulent sa disparition.
En menant la guerre sur le territoire de Gaza, le gouvernement israélien voulait éliminer le Hamas et libérer les otages détenus par cette organisation, en tout cas ceux qui étaient encore vivants. Les seuls otages qui ont été libérés, l’ont été par la négociation. La libération des otages par la force a échoué. Maintenant que Gaza a été détruit et que ses habitants se retrouvent errant dans les décombres avec une assistance humanitaire empêchée et très insuffisante, que compte faire Israël de ce territoire ? Certains ministres du gouvernement israélien ne cachent pas leur intention de réoccuper Gaza et d’en chasser les Palestiniens. Ce qui pourrait expliquer la démolition de ce territoire en vue de faire fuir ses habitants, en manque de nourriture, d’eau potable et de médicaments.
Au Liban, la guerre contre le Hezbollah devient chaque jour plus meurtrière. Que dire de cette petite fille dont le visage a été brûlé et qui crie de douleur et de désespoir car elle a perdu son papa et sa maman dans le bombardement de sa maison ? La population est obligée de quitter les zones bombardées et grossit les rangs des déplacés. Les tensions entre les diverses communautés religieuses risquent de s’exacerber et de plonger le pays dans une nouvelle guerre civile.
Pourquoi cette guerre contre le Liban ? En dehors de l’élimination du Hezbollah, Israël a exprimé sa volonté de remodeler le Moyen-Orient, ce qui pourrait signifier une occupation du Sud-Liban par l’armée israélienne et une mise sous tutelle du Liban qui serait vassalisé et transformé en un protectorat d’Israël.
Aujourd’hui nous sommes devant le risque d’un embrasement du Moyen-Orient après qu’Israël eut annoncé son intention de lancer une attaque militaire d’envergure contre l’Iran. Quelles en seraient les conséquences militaires et économiques ?
Elles pourraient être d’une extrême gravité. Une implication directe des États-Unis serait lourde de conséquences. À cet égard, Israël et les États-Unis porteraient ensemble cette responsabilité devant la communauté internationale. Il est à craindre que la victoire de M. Donald Trump à l’élection présidentielle américaine ne soit un encouragement à la politique guerrière de M. Netanyahu et de sa volonté d’en découdre avec l’Iran.
Il n’existe qu’une voie possible pour sortir de cette crise : le
cessez-le-feu de tous les belligérants et l’organisation de pourparlers de paix entre les Palestiniens et Israël sur la base de la résolution 242 du Conseil de sécurité de l’ONU votée le 22 novembre 1967, ce qui suppose la reconnaissance de l’État d’Israël, le retrait des forces armées israéliennes de Cisjordanie, la création d’un État palestinien et une négociation serrée sur le sort des colonies israéliennes implantées illégalement dans les territoires occupés.
À cela s’ajoute aujourd’hui la nécessité et l’urgence pour le Liban d’accepter et de faire accepter les termes de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle appelait à une cessation complète des hostilités entre Israël et le Hezbollah. Elle demandait le retrait des forces israéliennes du Liban et le positionnement de l’armée libanaise et des Casques bleus dans le sud du Liban. La résolution exigeait également le désarmement de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah. Elle soulignait la nécessité pour le Liban d’exercer un contrôle gouvernemental plein et entier sur son territoire.
La France, conformément à sa tradition diplomatique, demande l’application de ces deux résolutions. La conférence pour le Liban qui s’est tenue à Paris le 24 octobre, sous l’impulsion du président Macron, a réaffirmé cette exigence et mobilisé la communauté internationale afin de lever des fonds pour venir en aide à ce pays qui nous est cher.
Les textes publiés dans le cadre de la rubrique « Courrier » n’engagent que leurs auteurs. Dans cet espace, « L’Orient-Le Jour » offre à ses lecteurs l’opportunité d’exprimer leurs idées, leurs commentaires et leurs réflexions sur divers sujets, à condition que les propos ne soient ni diffamatoires, ni injurieux, ni racistes.