Une maison à Almate, sur les hauteurs du caza de Jbeil, a été bombardée par l'aviation israélienne dimanche matin, tuant 23 personnes ainsi que Ahmad Amhaz, un cadre du Hezbollah, qui a succombé à ses blessures quelques heures après la frappe, selon une source locale contactée par notre journal.
Cette frappe a touché une maison appartenant à la famille de Haïdar Ahmad. Ses propriétaires sont à l'étranger, mais des familles déplacées s'y étaient installées. « C'était Ahmad Amhaz qui était la cible privilégiée de la frappe. Il venait fort probablement remettre une somme d'argent aux déplacés ayant trouvé refuge dans la demeure ciblée par Israël dimanche matin », affirme la source locale à L'OLJ. Elle précise toutefois que l'intéressé n'a aucun lien de parenté avec Imad Amhaz, un jeune capitaine (présenté par Tel-Aviv comme un responsable du Hezbollah) enlevé à Batroun au Liban-Nord début novembre.
Les autres victimes seraient originaires de Haouch el-Rafiqa, dans la région de Baalbeck. L'on compte parmi les victimes un soldat libanais, l'aspirant-chef Youssef Qarsifé et une quinzaine de membres de sa famille, selon notre correspondante dans la Békaa Sarah Abdallah, ainsi que des membres de deux autres familles, les Abd el-Hussein et les Zreik. Au moins 25 personnes se trouvaient dans le bâtiment, selon la source locale précitée.
« Machine à tuer israélienne »
Le député de Jbeil Simon Abi Ramia, ancien membre du Courant patriotique libre (CPL, aouniste), s'est rendu sur les lieux de la frappe à Almate, d'où il a dénoncé un « massacre injustifié et un nouveau crime à l'actif de la machine à tuer israélienne ». Selon lui, la maison visée « appartient à une personne bien connue de la région et abritait probablement des déplacés ». Après avoir salué les efforts des secouristes qui continuent de déblayer les lieux, il a appelé à un cessez-le-feu immédiat « pour mettre un terme aux bains de sang quotidiens ». Almate se trouve à une cinquantaine de kilomètres au nord de Beyrouth et à plus de 120 kilomètres de la frontière-sud du Liban.
Le 24 octobre, une frappe avait déjà touché la périphérie de ce village chiite de la région de Jbeil, sans faire de victime. Et un mois plus tôt, au premier jour de l'offensive israélienne élargie sur le Liban, le 23 septembre, un missile était aussi tombé sur les montagnes de la région.
Frappes meurtrières sur la Békaa et Liban-Sud
La Békaa et le Liban-Sud n'ont pas non plus été épargnées par le feu israélien dimanche. Dans la Békaa, une frappe a visé ce matin la route reliant Hellaniyé à Saraïne, faisant au moins un mort, selon notre correspondante Sarah Abdallah. Le ministère de la Santé a publié les bilans de ces frappes sur la route de Saraïne : un mort et sept blessés. Une autre frappe israélienne sur le quartier Lakkis de Baalbeck a fait trois blessés.
Dans l'après-midi, quatre personnes ont été tuées et une autre blessée lors d'une frappe israélienne sur Zeghrine (caza du Hermel), selon des bilans du ministère de la Santé. Ce dernier a également déclaré que quatre personnes ont été tuées dans une frappe israélienne à Chaat (caza de Baalbeck). Une autre frappe à Rasm el-Hadath, dans le caza de Baalbeck, a fait quatre morts et un blessé d'une même famille. Ces victimes ont été identifiées comme Nidal Hajj Hassan, son épouse Iktimal, et ses deux filles, Israa et Batoul. Le blessé est leur frère, Youssef, selon les informations de notre correspondante. Quatre personnes dont trois femmes ont par ailleurs été tuées dans la frappe sur une maison de Bednayel, et quatre autres blessées. En soirée, une frappe sur Qasr, village du caza de Hermel frontalier de la Syrie, a tué trois personnes.
Plusieurs frappes nocturnes avaient déjà visé la Békaa-Ouest, notamment Sohmor à quatre reprises, où une personne au moins a été tuée et quatre autres blessées, ainsi que Machghara, où deux missiles se sont abattus, tuant au moins trois personnes. Une de ces victimes à Machghara était le directeur de l'école al-Mahdi du village, Ali Bjayji.
Au Liban-Sud, une personne a été tuée et une autre blessée dans une frappe aérienne israélienne sur le village de Merouaniyé (caza de Saïda), selon notre correspondant Mountasser Abdallah. Trois secouristes ont été tués dans une frappe israélienne près de Adloun (Saïda), qui a visé un centre du Comité sanitaire islamique, affilié au Hezbollah, selon le ministère libanais de la Santé. Ils ont été identifiés comme Mohammad Abboud, Hussein Abboud et Hassan Dabous, d’après des informations récoltées par notre correspondant.
Une frappe sur le village de Kharayeb (caza de Saïda) a détruit une maison et fait des victimes. L'aviation israélienne a bombardé Bourj Rahal et la périphérie de Abbassiyé (Tyr), ainsi que les abords de Baïssariyé (Saïda).
Le Hezbollah cible des bases près de Haïfa et du lac de Tibériade
Le Hezbollah a de son côté annoncé de nombreuses attaques contre Israël tout au long de la journée : il a lancé des roquettes sur des soldats israéliens sur les « hauteurs de Kahil », à la périphérie est de Maroun el-Ras, dans le caza de Bint Jbeil. Des attaques similaires ont ciblé des soldats israéliens à proximité de Chebaa, dans le caza de Hasbaya, et sur le haut plateau d'al-Qaba, près du village de Markaba (Marjeyoun), à l’aide de « salves de missiles ». Le parti chiite a aussi revendiqué une frappe de roquettes sur des militaires israéliens à HaGoshrim, en Haute Galilée.
La formation pro-iranienne a annoncé avoir tiré un missile guidé sur un bulldozer militaire israélien près du mur frontalier, dans le village de Kfar Kila (caza de Marjeyoun), à 16h40. Selon le groupe, le bulldozer, qui « démolissait des maisons dans le village », a été détruit et des membres de équipage ont été tués et blessés. Le Hezbollah a ajouté que des soldats présents près du bulldozer ont également été blessés. Le Hezbollah a aussi annoncé avoir touché à 16h40 pour la première fois le site israélien d’Avital, un « centre de reconnaissance technique et électronique » sur les hauteurs du Golan occupé. Le parti a aussi revendiqué des attaques contre Avivim, et les localités israéliennes frontalières de Even Menachem, Chtoula, Zar'it, Shomera...
Et en soirée, le parti chiite a revendiqué une attaque menée « par un escadron de drones suicide » contre la base navale de Haïfa, qui « est liée aux armes navales israéliennes et comprend une flotte de vedettes de combat et de sous-marins ». Il a aussi ciblé la base de Na'oura, « siège du commandement de la 36è brigade qui comprend des réservoirs d'urgence (...) à 50km de la frontière » avec le Liban près du lac de Tibériade. Ces deux opérations adviennent dans le cadre de la série d'opérations « Khaybar » du parti chiite, lancée après l'assassinat de Hassan Nasrallah par Israël le 27 septembre.
Selon des informations de notre correspondant, un Saoudien a été tué dans une frappe israélienne sur le Liban-Sud. Omran Karim, un dentiste, originaire de Qatif, sur la côte-est du royaume, est le premier ressortissant saoudien tué au Liban depuis le début des affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne, le 8 octobre 2023.
Comme à Aïto: pour un cilicien, 23 civils. Il me semble que le ratio acceptable de dégâts collatéraux est largement dépassé!
08 h 19, le 11 novembre 2024