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Environnement - Reportage

« Il faut qu’ils éteignent l'incendie rapidement, sinon il ne restera plus rien de cette vallée »

Sur les collines du Metn, la Défense civile, l’armée et la société civile en lutte contre le sinistre désormais circonscrit mais pas encore totalement maîtrisé.

« Il faut qu’ils éteignent l'incendie rapidement, sinon il ne restera plus rien de cette vallée »

Des collines fumantes dans le Metn Nord, où plusieurs foyers se sont déclarés dans les 48 heures passées. Photo S.B.

En route vers Raboué-Kornet Chehwan, dans le Metn Nord, l’odeur de fumée est omniprésente longtemps avant d’arriver à l’endroit où les colonnes de fumée blanche deviennent visibles. Dans cette zone très résidentielle, donnant sur une vallée verte, le feu s’est déclaré il y a environ 48 heures et était devenu totalement incontrôlable mardi, quand un vent fort a commencé à souffler sur la région. Sur place, mercredi, on remarque clairement de nombreux foyers s’étendant sur trois collines. Le ballet de voitures de la Défense civile et des hélicoptères de l’armée est incessant. Selon la Défense civile sur place mercredi à la mi-journée, les foyers étaient plus ou moins contenus, mais les efforts se poursuivaient pour éteindre l’incendie qui s’était propagé vers les collines d’en face, donnant sur l’autoroute dite « rapide » du Metn, à Jouret el-Ballout, et vers le grand projet immobilier de Beit Misk. L’incendie a aussi causé la fermeture temporaire de certaines écoles dans la région, à l’instar du collège Louise Wegmann de Jouret el-Ballout, par mesure de sécurité sanitaire.

Sur un site surplombant les collines en feu, des habitants se sont regroupés pour examiner l’avancée des flammes et prendre des photos. « L’incendie s’est déclaré brusquement dans la vallée sous nos habitations puis les foyers ont commencé à se multiplier en plusieurs endroits », raconte Bassem*, père de famille. « La nuit et même ce matin, nous n’avons pas pu ouvrir les fenêtres, la fumée était si dense qu’on aurait dit du brouillard », poursuit-il.

Des arbres noircis sur le bord d’une route témoignent de l’arrivée des flammes jusque-là. Photo S.B.

Sylvia* inspecte, d’un regard inquiet, la progression des flammes. « La vallée est en feu depuis avant-hier (lundi) soir. Au début, les flammes s’étaient dangereusement approchées de nos maisons », dit-elle. « Nous avons pris nos précautions, ayant à notre portée des mouchoirs mouillés au cas où des enfants ou des asthmatiques se sentiraient mal », précise-t-elle.

Selon elle, aucun organisme officiel ne s’était manifesté les premières heures du sinistre. Les habitants ont d’abord tenté d’éteindre le feu eux-mêmes puis se sont cotisés pour commander des citernes d’eau. « Ce n’est que quand l’incendie a échappé à tout contrôle que l’on a contacté les médias et que la Défense civile et l’armée ont été alertées », dit Sylvia.

Des points d’eau pour les hélicoptères

Non loin de là, les voitures de pompiers vont et viennent, au plus près de l’incendie, là où la Défense civile a installé son quartier général mobile. La police municipale de Kornet Chehwan est là, ainsi que de nombreux badauds et des députés du caza. « Le feu est limité actuellement à la zone entre Beit Misk et les régions de Nabay et Raboué », explique le général Raymond Khattar, directeur général de la Défense civile, désignant une vallée fumante et noircie. Il souligne que les hélicoptères de l’armée sont capables de remplir rapidement les réservoirs à partir de deux points d’eau placés par la Défense civile, l’un au niveau de l’école Jesus and Mary à Kornet Chehwane, l’autre près de l’autoroute du Metn, de l’autre côté du sinistre. « S’ils avaient dû redescendre à la mer à chaque fois, cela nous aurait fait perdre trop de temps », ajoute-t-il.

Pour mémoire

Le feu encercle plusieurs habitations au Akkar

Selon le général Khattar, les véhicules de la Défense civile sont répartis sur les zones touchées par l’incendie afin de protéger les bâtiments. Il assure que le feu qui menace la rue 11 à Raboué a été totalement éteint. Dans l’après-midi vers 16h, des informations faisant état d’une reprise de l’incendie ont été relayées par les médias. « L’incendie est maîtrisé, même s’il semble reprendre par moments, et il n’y a aucun danger sur les habitations », assure le président du conseil municipal de Kornet Chehwane, Jean-Pierre Gebara, qui loue « l’action continue, de jour comme de nuit, de la Défense civile ». Selon notre correspondant Michel Hallak, une équipe de l’ONG Darb Akkar, venant de l’extrême nord du pays, a également aidé la Défense civile dans la lutte contre cet incendie majeur. 

La Défense civile postée sur les différents points de départ de feu. Photo S.B.

À la question de savoir si cet incendie est accidentel ou criminel, le général Khattar répond : « Il faut savoir tout d’abord que la majorité écrasante des incendies est du fait d’activités humaines, qu’il s’agisse d’actions dues à l’ignorance ou criminelles, sachant que nous sommes en pleine saison dangereuse car très sèche. » Il pointe du doigt le vent très fort qui soufflait mardi et qui a favorisé la propagation du feu tout en gênant l’action des hélicoptères. Les conditions météorologiques se sont nettement améliorées mercredi.

« Il faut qu’ils éteignent l’incendie rapidement, sinon il ne restera plus rien de cette belle vallée », se désole de son côté Bassem. Lui est convaincu que la multiplication des foyers est une preuve que l’incident est provoqué. Sylvia, elle, rappelle le vent puissant qui soufflait au plus fort de l’incendie et la sécheresse qui règne depuis plusieurs mois : « Il ne sert à rien de propager des théories de complot. Dans tous les cas, le résultat est le même. »

*Les noms de famille ont été préservés.

En route vers Raboué-Kornet Chehwan, dans le Metn Nord, l’odeur de fumée est omniprésente longtemps avant d’arriver à l’endroit où les colonnes de fumée blanche deviennent visibles. Dans cette zone très résidentielle, donnant sur une vallée verte, le feu s’est déclaré il y a environ 48 heures et était devenu totalement incontrôlable mardi, quand un vent fort a commencé à...
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Avec la municipalité qui ouvre les égouts et laisse passer l’eau sale à tout moment de la journée à quoi s’attendre

Khazzaka May

15 h 26, le 24 octobre 2024

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Commentaires (1)

  • Avec la municipalité qui ouvre les égouts et laisse passer l’eau sale à tout moment de la journée à quoi s’attendre

    Khazzaka May

    15 h 26, le 24 octobre 2024

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