Le Premier ministre sortant Nagib Mikati a déclaré, dans un entretien avec la chaîne qatarie al-Jazeera mardi, « avoir reçu des sortes de garanties américaines concernant une réduction du niveau d’escalade israélienne sur Beyrouth et sa banlieue sud ». « Les Américains sont sérieux dans leurs pressions sur Israël en vue d’un cessez-le-feu, a-t-il assuré, ajoutant que « les mesures sécuritaires strictes appliquées à l’aéroport visent à ôter à Israël tous les prétextes qu’il pourrait invoquer pour attaquer l’aéroport de Beyrouth, les ports et les passages frontaliers terrestres ».
Sur le plan diplomatique, M. Mikati a souligné qu’il « existe des tentatives au Conseil de sécurité en vue de décréter un cessez-le-feu et de renforcer l’armée et de mettre en application la résolution 1701, mais elles ne sont pas encore arrivées à terme ». Il a rappelé que le Conseil de sécurité s’est tenu la semaine dernière, mais n’a pas réussi à imposer un cessez-le-feu au Liban et que la décision d’appliquer la résolution 1701 a été prise par le gouvernement libanais la semaine dernière. « La 1701 est la solution », a-t-il insisté.
Dans un autre entretien à l’AFP mardi, M. Mikati a assuré que « l’État libanais est prêt à imposer sa souveraineté sur tout le territoire libanais » en vertu des résolutions internationales. « Nous avons actuellement 4 500 militaires dans le Sud et nous voulons passer à entre 7 000 et 11 000 », a-t-il ajouté, pariant sur la conférence spéciale de soutien au Liban prévue le 24 octobre à Paris. Interrogé sur al-Jazeera sur la résolution 1559 des Nations unies (2004, stipulant le désarmement des milices au Liban, NDLR), il a estimé « qu’il n’y a pas besoin de soulever la question de la 1559 actuellement, parce qu’elle est source de désaccord entre les Libanais ». La 1559 a récemment été remise sur le tapis par les Forces libanaises et rejetée par le chef du Parlement Nabih Berry.
De son côté, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré qu’il s’opposait à un « cessez-le-feu unilatéral » au Liban lors d’un entretien téléphonique avec le président français Emmanuel Macron, selon un communiqué publié par son bureau. « Cela ne change(rait) pas la situation sécuritaire au Liban », a déclaré M. Netanyahu cité par l’AFP.
Tirs sur Tel-Aviv
Sur le terrain, les combattants du Hezbollah et les troupes israéliennes étaient engagés mardi dans des affrontements au Liban-Sud. Le parti chiite a annoncé dans l’après-midi avoir touché « trois bulldozers et un char Merkava » de l’armée israélienne dans le village frontalier de Ramiyé affirmant que les véhicules ont pris feu et que les soldats à l’intérieur ont été tués ou blessés. Quelques heures plus tard, le parti chiite a affirmé avoir frappé un autre char Merkava « qui tentait de progresser près de Ramiya », localité israélienne en face de Ramiyé. Le Hezbollah avait affirmé auparavant avoir engagé le combat avec une patrouille d’infanterie israélienne qui tentait de s’infiltrer dans les environs de la localité de Rab el-Talatine, en utilisant « des mitrailleuses et des roquettes ». Il a ensuite souligné avoir tiré des obus d’artillerie sur un groupe de soldats et des véhicules israéliens à Khallet el-Farachat, près du village de Rab el-Talatine. La formation pro-iranienne a également revendiqué une attaque au lance-grenades contre des forces israéliennes en mouvement près de la position d’el-Mar, ainsi que des tirs de roquettes sur un groupe de soldats et de véhicules israéliens à Khallet Wardé, en face du village libanais de Aïta el-Chaab.
Le porte-parole arabophone de l’armée israélienne, Avichay Adraee, a révélé sur X que « plusieurs hauts commandants de l’armée israélienne ont effectué une tournée au cours du week-end dans certaines parties du Liban-Sud ». Dans une courte vidéo accompagnant le texte, le commandant du nord explique avoir découvert sur place « un tunnel du Hezbollah qui fait partie de l’ensemble de la structure de la Force al-Radwane ».
Toujours selon ce porte-parole, l’armée israélienne a capturé mardi trois combattants du parti chiite et a diffusé la vidéo d’une interview avec Waddah Younès, un autre combattant fait prisonnier au début de la semaine. Il y évoque des dissensions internes au sein du Hezb, mais aussi des cas de corruption.
Pendant qu’Israël poursuivait également sa campagne de bombardements au Liban-Sud et dans la Békaa, le Hezbollah a confirmé dans un communiqué avoir tiré une salve de roquettes lundi soir sur la banlieue de Tel-Aviv. Les médias israéliens avaient rapporté que des alarmes s’étaient déclenchées et qu’un civil de 17 ans avait été légèrement blessé par le tir. Le Hezbollah a aussi annoncé avoir abattu un drone israélien de type Hermès 450 dans la nuit de lundi à mardi. La milice a par ailleurs tiré une importante salve de roquettes sur la ville de Haïfa et sur Kiryat Shmona, dans le nord d’Israël.
25 % du territoire libanais a été évacué
En parallèle, le mouvement Amal a annoncé plusieurs décès mardi. Il a publié un communiqué annonçant la mort d’un combattant, Mohammad Mchaourab, ainsi que de trois membres de sa famille : Ali, Ghida et Lynn Mchaourab. Selon notre correspondant dans le Sud, ils ont été tués à l’aube de mardi lors d’une frappe aérienne israélienne qui a pris pour cible le village de Jarjouh. Le mouvement Amal a également annoncé la mort de Hussein Chour et de Kassem Jaafar, tués dans une frappe aérienne israélienne sur le village de Jennata.
De son côté, Avichay Adraee a annoncé sur le réseau X l’élimination de Khodr el-Abed Bahja, un responsable du Hezbollah chargé de la force aérienne du parti dans le secteur au nord du Litani, dans une frappe « il y a quelques jours sur la région de Nabatiyé ».
Avichay Adraee a aussi lancé un avertissement mardi aux habitants du Liban-Sud qui ont évacué leurs domiciles. « Ne revenez pas au Sud et ne retournez pas dans vos maisons ni vos oliveraies. Ce sont des zones de combat dangereuses », a-t-il écrit sur X.
Un responsable de l’agence des Nations unies pour les réfugiés a indiqué que 25 % du territoire libanais a été évacué en raison des menaces directes de bombardements israéliens.
De son côté, un haut responsable de l’Unicef a rapporté que plus de 400 000 enfants ont été déplacés au Liban au cours des trois dernières semaines. Nasser Yassine, ministre sortant de l’Environnement et président du Comité d’urgence du gouvernement, a quant à lui estimé à « 1,2 million le nombre de déplacés jusqu’à aujourd’hui dans le pays ».
Sah el nom y’a mikati
21 h 06, le 16 octobre 2024