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Culture - Cinéma

Un festival de cinéma à Paris pour porter la voix des Libanais

Du 13 au 20 octobre aura lieu, dans la capitale française, le Festival du film libanais. Rencontre avec sa fondatrice, Sarah Hajjar.

Un festival de cinéma à Paris pour porter la voix des Libanais

Un festival du cinéma libanais à Paris, pour « continuer d’exister ». Affiche réalisée par Michelle Keserwany

C’est donc dans la peine que se déroulera cette édition du Festival du film libanais de France, alors que le pays subit une nouvelle guerre dévastatrice, tant marquée par la violence des attaques israéliennes sur le territoire que la brutalité d’un traitement médiatique souvent déséquilibré à l’étranger, y compris en France. Dans ce contexte, il est plus que jamais important de « ne rien lâcher », comme nous l’explique la fondatrice du festival Sarah Hajjar. « Il faut qu’on puisse continuer d’exister. Dans ces circonstances tragiques, il est essentiel de porter la voix des Libanais qu’on essaye de réduire au silence, et aussi de soutenir les cinéastes qui racontent et partagent ce qu’il se passe. » C’est donc dans une volonté forte de diffusion des paroles libanaises que se maintient cette année le festival pour sa quatrième édition, une ambition qu’il poursuit depuis sa première année en 2020, deux mois après la double explosion au port. « Le festival existe justement pour créer des espaces d’échange, de dialogue, de réflexion, afin de construire notre Liban commun et rester unis face aux menaces de divisions », poursuit Sarah Hajjar.

Focus sur la représentation de la guerre et de la crise

Il se trouve justement que l’angle choisi par le festival cette année est celui de la narration de la guerre et du conflit dans le cinéma libanais. « Quand nous avions réfléchi à la thématique, nous n’imaginions pas l’ampleur de ce que nous vivons maintenant », explique à L'Orient- Le Jour Sarah Hajjar, qui est aussi programmatrice avec Michel Tabbal, Cyril Nehmé et Serge Akl. « C’est aussi la narrative du cinéma libanais qui a changé. L’année dernière nous avons programmé beaucoup de films qui s’intéressaient d’avantage aux conséquences de la guerre, du point de vue de la santé mentale, qu’à la guerre en elle-même. La question était : comment est-ce qu’on construit après ça ? Comment prendre soin de soi ? Ce sont des questions nouvelles, dont on ne parlait pas beaucoup dans le monde arabe. Mais depuis, nous avons replongé dans une guerre épouvantable qui nous ramène à la narration de la guerre et de la crise ». Et réfléchir à cette thématique par les images semble plus que nécessaire aujourd’hui, d’autant que « les films participent à une forme de mémoire collective » : c’est déjà le cas pour les deux œuvres plus anciennes qui seront (re)projetées, Vers l’inconnu de Georges Nasser, sorti en 1957, et Beyrouth, la rencontre de Borhane Alaouié, sorti en 1981 et qui se passe pendant la guerre civile.

À cette base viennent très naturellement se greffer les autres films de la programmation comme Portrait d’un certain Orient sur l’exil d’un frère et une sœur vers le Brésil après la mort de leurs parents pendant la guerre ou Valley of exile qui raconte l’arrivée de deux jeunes réfugiées syriennes dans la Békaa. Diaries from Lebanon de Myriam El Hajj traite quant à lui davantage de la crise en racontant à travers quatre individus le Liban de 2018 à 2022. À partir du fil d’Ariane de la guerre et de la crise se tisse justement un focus sur la révolution de 2020 dont on fêtera les quatre ans le 19 octobre avec, entre autres, un documentaire de Salim Saab, Le Cèdre d’octobre. Précisons que la programmation du festival est aussi très variée, avec des films plus expérimentaux comme le très puissant Les oiseaux seront toujours avec nous de Danielle Davie et Mohamad Sabbah ou bien encore des films de genre comme Low Budget Heist, sorte d’Ocean’s Eleven à la libanaise. Vingt-cinq courts métrages seront eux en compétition, la moitié étant réalisés dans un cadre étudiant. Le jury sera cette année présidé par la réalisatrice Danielle Arbid et les séances se dérouleront pour la plupart au Lincoln, cinéma qui soutient le Festival du Film Libanais depuis ses débuts.


Le travail collaboratif de bénévoles passionnés, entre France et Liban

Si cette quatrième édition du festival est beaucoup plus étoffée que les précédentes, ne serait-ce qu’en nombre de jours et quantité de films, c’est bien le fruit d’un travail de longue haleine mené par une équipe de plus en plus nombreuse. « Nous avons commencé à trois et nous sommes maintenant une quinzaine de personnes », raconte la fondatrice, indiquant que tous sont bénévoles et proposent leur aide par désir de se réunir autour d’une passion commune. Cette année, c’est la cinéaste Michelle Keserwany qui a dessiné l’affiche du festival, et le compositeur Alfred Hajjar en a composé la musique. La majorité de l’équipe navigue entre les cultures libanaises et françaises, comme le public qui est également très mixte. « On organise le festival dans une salle de cinéma, le Lincoln, aussi pour pouvoir bénéficier du public d’une salle normale. Au fur et à mesure, notre public s’est diversifié et aujourd’hui beaucoup de non-libanais viennent au festival », précise Sarah Hajjar qui rajoute que le festival doit aussi beaucoup à La Ville de Paris, La Vallée Village et L’Institut du Monde Arabe qui lui permettent d’exister mais aussi de se développer pour pouvoir diffuser de plus en plus largement la voix des cinéastes libanais.

C’est donc dans la peine que se déroulera cette édition du Festival du film libanais de France, alors que le pays subit une nouvelle guerre dévastatrice, tant marquée par la violence des attaques israéliennes sur le territoire que la brutalité d’un traitement médiatique souvent déséquilibré à l’étranger, y compris en France. Dans ce contexte, il est plus que jamais important de...
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Echanges, dialogues, réflexions : encore et toujours, et plus...

Cartier Murielle

15 h 57, le 24 octobre 2024

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  • Echanges, dialogues, réflexions : encore et toujours, et plus...

    Cartier Murielle

    15 h 57, le 24 octobre 2024

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