Une série de frappes israéliennes a ciblé vendredi matin les abords du poste-frontière de Masnaa, l’un des points de passage officiels entre le Liban et la Syrie, situé à l’est de la Békaa.
Comme annoncé officiellement par le ministre libanais des Transports Ali Hamiyé en début de matinée, ce raid israélien a visé la route empruntée par des centaines de milliers de personnes pour fuir les bombardements israéliens en direction de la Syrie. Selon notre correspondante dans la région, Sarah Abdallah, « trois frappes » ont visé les environs du poste-frontière.
« Le raid a eu lieu à environ deux kilomètres du centre de la Sûreté générale de Masnaa en direction de la frontière, toujours côté libanais », détaille un haut-gradé de l’armée, joint par L’OLJ.
Plusieurs jours nécessaires pour reboucher la route
L’impact de l’explosion a créé un cratère de près de « 4 mètres de large », selon des témoins, bloquant la circulation des deux côtés de la route. «Plus aucun véhicule ne peut passer, que ce soit pour les personnes ou les marchandises», ajoute l’officier. « Vu la taille du trou, il va falloir au moins plusieurs jours pour reboucher la route. […] Une enquête et une évaluation de la situation sont en cours. Il n’est pas possible à cette heure de dire quand des travaux seront lancés pour réparer la route », précise-t-il.
Devenue impraticable, la route continue néanmoins d’être empruntée par quantité de voyageurs décidés à effectuer la traversée coûte que coûte. Comme le montrent des clichés publiés par l’AFP, des familles parviennent à contourner le cratère à pied, en portant leurs effets personnels à bout de bras. Des véhicules, s’arrêtant de part et d’autre du cratère, continuent d’assurer le transit.
« Tunnel détruit »
De son côté, l'armée israélienne a indiqué vendredi avoir frappé des « positions du Hezbollah à la frontière entre le Liban et la Syrie ». « Des sites d'infrastructure adjacents au poste-frontière de Masnaa, entre la Syrie et le Liban, ont été frappés la nuit dernière », a-t-elle affirmé dans un communiqué, dans lequel elle a également dit avoir détruit «un tunnel» traversant en souterrain la frontière et utilisé par le Hezbollah pour « y dissimuler des armes ». Ces infrastructures étaient opérées, selon le porte-parole arabophone, Avichay Adraee, par l'Unité 4400 du Hezbollah, chargée des transferts d'armes à partir de l'Iran, et dont le chef, Mohammad Jaafar Qassir, a été tué en début de semaine.
La veille, Adraee avait accusé le Hezbollah de « faire passer des armes en contrebande depuis la Syrie » via le poste-frontière de Masnaa. Le ministre Hamiyé avait répliqué que tous les postes-frontières étaient « sous surveillance gouvernementale ».
Devenus des cibles potentielles de l’armée israélienne, les autres postes-frontières séparant le Liban et la Syrie, plus nord, « restent ouverts », comme le confirme le haut-gradé précité. Selon le dernier chiffre fourni, le 1er octobre 2024, par le Centre de crise libanais, 176 080 citoyens syriens et 63 373 citoyens libanais ont fui vers la Syrie depuis le 23 septembre. Soit un total de 239 453 personnes.
Le ministre Hamiyé a en outre mis en garde, à l'issue d'une réunion avec le président de la Chambre, Nabih Berry, contre un « blocus maritime et terrestre » du Liban, appelant la communauté internationale à « assumer ses responsabilités » pour l'empêcher. Jusqu'à présent, l'Aéroport international de Beyrouth (AIB) continue de fonctionner, accueillant principalement des vols de la compagnie nationale Middle East Airlines MEA et des avions affrétés par différents pays pour des évacuations de ressortissants étrangers.