En 45 ans d’existence, la République islamique n’avait jamais pris un tel risque. Adepte de la guerre asymétrique, elle a mené mardi pour la deuxième fois en six mois, une attaque directe contre Israël. Si l’objectif est sensiblement le même - restaurer sa crédibilité sans déclencher une guerre régionale -, le contexte est tout à fait différent. À tel point que non seulement la guerre régionale sera cette fois-ci beaucoup plus difficile à éviter, mais que la survie du régime iranien, du moins de son programme nucléaire, peut désormais devenir le principal enjeu du conflit. L’Orient-Le Jour fait le point.
Les faits:
• Mardi soir, une fusillade qualifiée de « terroriste » par les autorités israéliennes a tué au moins sept personnes et blessé une quinzaine d'autres à Jaffa, près de Tel-Aviv.
• Juste après, l’Iran lançait une attaque massive sur Israël, les sirènes d’alerte retentissant sur presque tout le territoire pour appeler les habitants à se mettre à l’abri. Près de 200 missiles ont été tirés de la République islamique, sur ordre du guide suprême Ali Khamenei.
• Les attaques ont été revendiquées par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) comme une riposte aux assassinats attribués à Israël du chef du bureau politique du Hamas Ismaïl Haniyé à Téhéran le 31 juillet, du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et du commandant des gardiens de la révolution Abbas Nilforoushan, tués tous les deux dans les frappes israéliennes massives sur la banlieue sud de Beyrouth le 27 septembre.
• Si de nombreux projectiles ont été interceptés, les médias israéliens ont fait état de plusieurs impacts de projectiles dans le centre du pays, le Néguev et la région de Sharon. Les autorités ont par ailleurs annoncé la mort d'un Palestinien de Gaza réfugié à Jéricho, en Cisjordanie occupée, tué par des débris d'un missile intercepté, ainsi que deux personnes légèrement blessées, d'autres ayant été blessé en se rendant dans les abris.
• Le lancement des projectiles avait été annoncé en amont par les Etats-Unis, ayant prévenu leurs alliés israéliens. Selon un haut responsable iranien cité par Reuters, les États-unis ont été alertés par voie diplomatique « peu de temps avant les attaques », tandis que Téhéran avait au préalable prévenu son allié russe.
• Alors que les missiles ont été beaucoup plus rapides à atteindre Israël qu’en avril dernier, lorsque le trajet avait pris plusieurs heures, les dégâts semblent limités, les États-Unis et la Jordanie ayant apparemment contribué à intercepter des projectiles.
• L’armée israélienne a affirmé mardi soir qu’elle ripostera « à l’endroit et au moment » décidés. « L'Iran a commis une grave erreur ce soir et en paiera le prix », a déclaré mardi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. « Nous nous en tiendrons à ce que nous avons fixé: celui qui nous attaque, nous l'attaquons ».
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Le contexte:
• Les attaques interviennent après près deux semaines d’opérations militaires et sécuritaires successives au Liban qui ont mis le Hezbollah à genoux.
• Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a été assassiné, le haut commandement du parti décapité, et une grande partie de ses capacités opérationnelles semblent avoir été atteintes.
• Au sein de « l’Axe de la Résistance », un sentiment d’avoir été abandonné par l’Iran au moment le plus important était de plus en plus diffus ces derniers jours.
• Les dernières déclarations de l’Iran laissaient entendre qu’il ne s’impliquerait pas directement dans la riposte, alors qu’il essaie depuis près d’un an d’éviter d’être entraîné dans une guerre régionale.
• Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué après l’assassinat de Hassan Nasrallah sa volonté de changer le visage de la région, une référence explicite au fait de briser l’axe iranien.
• Pour renforcer son pouvoir de dissuasion face aux affiliés de l’Iran, Israël s’est montré prêt à se battre sur tous les fronts simultanément, à Gaza et au Liban, mais aussi en Syrie et au Yémen, où il a récemment mené des frappes ponctuelles très rapprochées.
• Depuis le 7 octobre dernier, Israël a multiplié les assassinats ciblés contre des responsables pro-iraniens, visant même l’annexe consulaire de Téhéran à Damas le 1er avril, et tuant Ismaïl Haniyé à Téhéran même. La riposte promise à l’assassinat du responsable palestinien était jusque-là encore attendue.
• En avril, Téhéran avait orchestré une riposte à la frappe de Damas, en envoyant plus de 300 drones et missiles vers le territoire israélien. Cette attaque avait été quasi entièrement interceptée avec l’aide d’alliés et de partenaires de l’État hébreu, alors que la République islamique avait communiqué ses plans à l’avance.
• La République islamique s’est en outre montrée ouverte à une reprise du dialogue avec les Occidentaux, alors que le réformiste Massoud Pezeshkian a été élu président en faisant campagne sur sa volonté de négocier une levée des sanctions contre des concessions sur le programme nucléaire iranien.
Les enjeux:
• Il s’agit avant tout pour l’Iran de sauver la face et le peu de crédibilité qu’il lui reste sur la scène régionale.
• L’aile dure du régime, ainsi que certains affiliés de l’Iran et une partie de leur base avaient nourri du ressentiment au regard de l’apathie constatée de la République islamique face aux coups portés par Israël depuis le 7 octobre.
• Si la République islamique semblait initialement encline à absorber le coup porté au Hezbollah, de nombreux observateurs pointaient du doigt le franchissement par Israël d’une ligne rouge après l’autre, mettant en cause l’absence de réponse forte de l’Iran qui pouvait encourager Israël à le frapper directement.
• Le fait que le Hezbollah n’ait pas participé à la riposte, aucun projectile n’ayant été tiré durant l’attaque de la frontière nord, signale que le parrain iranien entend pour l’instant laisser le Liban en dehors de cela.
•Trois questions paraissent essentielles à l’heure qu’il est :
- Quelle sera la réponse israélienne, compte tenu du fait que Benjamin Netanyahu pourrait se saisir de cette opportunité pour réaliser son rêve de frapper les installations nucléaires iraniennes ?
- Est-ce que Washington participera à la riposte, ce qui mettrait le régime iranien dans une position extrêmement délicate face à un adversaire beaucoup plus fort que lui ?
- Est-ce que le Hezbollah a encore les capacités de jouer son rôle de dissuasion iranienne face à Israël ?
• L’Iran a fait le choix de l’escalade pour restaurer sa crédibilité et entamer d’éventuelles négociations dans une posture moins humiliante. Mais si Israël répond par une escalade encore plus forte, quel est le plan iranien ? Mise-t-il, à supposer que le Hezbollah en soit encore capable, sur un embrasement régional, un scénario redouté depuis des mois par l'administration Biden, pour pousser Israël à négocier ? Mais comment s’assurer que celui-ci ne mettra pas en péril la survie du régime ? Pour la première fois depuis son existence, l’Iran prend le risque de sacrifier son roi. Et de brûler s’il le faut tout l’échiquier.
Cet article a été mis à jour le 2 octobre avec le dernier bilan des frappes en Israël.
-DIRE OU ECRIRE CONTRE LE HEZBOLLAH ON EST TAXE DE SIONISTE. DANS CE FORUM DIRE DES VERITES, HELAS, IL Y EN A QUI COPIE LE HEZBOLLAH. QUELLE HONTE !
12 h 28, le 02 octobre 2024