Pour la première fois en 32 ans, ce n'est pas Hassan Nasrallah qui incarne le Hezbollah. Après l'assassinat, vendredi, du secrétaire général du parti, c'est son adjoint, Naïm Kassem, qui a essayé d'apporter des réponses aux nombreuses questions sur l'avenir de la formation et de la guerre l'opposant à Israël. Dans une prise de parole sans mise en scène et avec une attitude particulièrement stoïque, qui dévoile toutefois un certain malaise, le dignitaire chiite a envoyé un message on ne peut plus clair, adressé aussi bien à la base populaire qu'aux Israéliens :« Nous continuons dans les pas de Hassan Nasrallah ».
Le chef par intérim du parti affirme qu'Israël a cherché à frapper la structure interne du Hezbollah, mais que ce dernier dispose d'une structure solide qui lui permet de continuer à fonctionner normalement malgré « la douleur ». « Il y a un adjoint et une alternative à chaque cadre », a-t-il assuré, confirmant ainsi qu'il a pris les rênes après la frappe de vendredi, après trois jours d'incertitude quant au risque de vide au niveau de l'échelon supérieur du parti, notamment du fait des assassinats israéliens en série contre des cadres de tous les rangs. Il a, dans la foulée, souligné que l'élection d'un nouveau secrétaire général se fera « facilement et au plus vite » et qu'il y a une certaine « clarté » au niveau des noms proposés. Comprendre : ce sera probablement Hachem Safieddine, le chef du Conseil exécutif de la formation, qui succédera à Nasrallah. Il a écarté par la même occasion les rumeurs comme quoi il serait difficile pour le conseil de la choura (conseil consultatif du parti) de se réunir dans ces conditions pour élire un nouveau leader, surtout que ce dernier deviendra automatiquement une cible pour l'État hébreu.
Le « minimum »
Dans son discours, le dignitaire chiite a également affirmé que, contrairement à ce que prétend la version israélienne, Hassan Nasrallah n'a pas été tué lors d'une réunion avec vingt cadres de « l'axe de la Résistance », mais qu'il a été tué aux côtés de sa garde rapprochée. C’était une manière de rassurer la base populaire et de lui garantir que le Hezb n’avait pas commis une telle faute stratégique. À ce propos, il a reconnu qu'Israël cherchait également à retourner la base populaire du parti contre lui en ciblant les habitations et les infrastructures civiles. « Hassan Nasrallah répétait sans cesse que vous étiez son cœur et son esprit... vous êtes ses bien-aimés », a-t-il dit, cherchant à raviver la précieuse affection que la base populaire du Hezbollah éprouve pour son « martyr ».
Concernant la guerre, Naïm Kassem a reconnu qu'elle « pourrait être longue », mais que malgré cela, la position du Hezb « ne bougera pas d'un iota » sur le lien entre le front au Liban et celui à Gaza. Israël maximise la pression sur le Liban et le parti chiite pour forcer ce dernier à accepter un cessez-le-feu et permettre le retour des Israéliens déplacés dans les villages et localités du Nord, indépendamment d'un arrêt des hostilités dans l'enclave palestinienne. « Après l'assassinat de Nasrallah, les opérations du Hezbollah se sont poursuivies de la même manière, voire même plus qu'auparavant, a martelé le dignitaire chiite. Israël a déclaré dimanche qu'un million de personnes s'étaient réfugiées dans les abris à cause d'un seul missile ».
Malgré l'assassinat de son tout-puissant chef, le Hezbollah continue de faire preuve de retenue au Liban-Sud, s'abstenant de piocher dans son arsenal le plus sophistiqué. Si Naïm Kassem a reconnu que sa formation faisait « le minimum seulement » dans le conflit (alors qu'Israël franchit une ligne rouge après l'autre), il a affirmé que cela était dicté par des « considérations liées au terrain », agitant la menace d'un renforcement de ses frappes, qui conduirait au déplacement d'un plus grand nombre d'Israéliens. « Certains disent qu'Israël a réussi à détruire nos capacités militaires et nos missiles... ce n'est pas vrai. C'est un rêve pour eux », a-t-il insisté, ajoutant que le commandement ne repose pas sur une personne mais sur une stratégie claire, mise en oeuvre par Nasrallah lui-même. « Nous sommes prêts et préparés si Israël veut lancer une incursion terrestre », a-t-il également dit, à l'heure où l'Etat hébreu menace de lancer pareille offensive à n'importe quel moment. Et Naïm Kassem d'ajouter : « Nous vaincrons, comme lors de la libération (2000) et la guerre de 2006 ». Deux « victoires » étroitement associées au leadership de Hassan Nasrallah.
Il respire la joie de vivre !!!
08 h 51, le 01 octobre 2024