Face aux violents bombardements israéliens, des dizaines de milliers de personnes fuient le Liban-Sud et la Békaa

Sur fond de bombardements israéliens violents et incessants du Liban-Sud et de la Békaa, qui ont fait plus de 490 morts et plus de 1600 blessés, selon le dernier bilan officiel provisoire donné vers 21h, ce sont des dizaines de milliers de personnes paniquées qui ont fui lundi ces régions-là. Des dizaines de milliers de personnes fuient le Liban-Sud « en raison des atrocités israéliennes », a déclaré à Reuters le ministre libanais chargé de coordonner la réponse à la crise, Nasser Yassine.

Ils ont quitté des localités frappées à de nombreuses reprises par les avions de chasse ces derniers jours, et de manière encore plus intense depuis les premières heures de ce lundi. Certains d'entre eux ont même affirmé avoir reçu des appels et des messages envoyés par des « Israéliens », leur demandant de « s'éloigner jusqu'à nouvel ordre des villages dans lesquels se trouvent des bâtiments où sont stockées des armes du Hezbollah ». L'armée israélienne a également appelé, tout au long de la journée, les habitants à s'éloigner des bâtiments abritant des armes du Hezbollah.

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« Des centaines de personnes sont arrivées » dans une école abritant des déplacés dans la ville de Tyr, à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec Israël, a indiqué à l'AFP Bilal Kachmar, un responsable de l'organisme de gestion des catastrophes. D'autres « campent dans la rue », a-t-il ajouté. Lors d'une conférence de presse, le ministre sortant de la Santé Firas Abiad a affirmé que « des milliers de familles » ont été déplacées dans le sud. 

Les routes reliant le sud du Liban à Beyrouth connaissent une circulation dense. Selon Mountasser Abdallah, notre correspondant dans le Sud, de gros bouchons ont été signalés à Saïda en raison de l'exode massif des habitants et de l'évacuation des élèves qui retournent chez eux dans la région. Des centaines de voitures transportant des familles se sont ainsi retrouvées coincées.

Le Hezbollah encourage les départs

Outre les menaces israéliennes, il semble que le Hezbollah encourage également les départs, au moins dans certaines zones. Une personne résidant à Toul, dans le caza de Nabatiyé, affirme à L'Orient-Le Jour que des membres du parti vont de maison en maison pour appeler les habitants de la région à quitter les lieux immédiatement. Cette femme, qui souhaite rester anonyme, indique avoir quitté son domicile en pantoufle, avec son fils de onze ans.

« On entend des bombardements incessants tout autour », rapporte Tasnim Chaaban, journaliste à L'Orient Today qui se trouve à Ansar, dans la région de Nabatiyé également. « J'entendais des cris d'enfants depuis les terres agricoles qui se trouvent de l'autre côté. », raconte-t-elle.

Un habitant du village de Barich, dans le caza de Tyr, confie à notre publication qu'il avait décidé de s'installer dans la maison de son frère à Beyrouth en raison des frappes aériennes israéliennes sur son village. Il souligne que la plupart des habitants du village ont également fui.

Mises en gardes israéliennes

Lundi matin, le porte-parole de l'armée israélienne a appelé les habitants du Liban-Sud à s'éloigner des positions du Hezbollah. « Nous conseillons aux civils des villages libanais situés à l'intérieur ou à proximité de bâtiments et de zones utilisés par le Hezbollah à des fins militaires, tels que ceux utilisés pour stocker des armes, de se mettre immédiatement à l'abri pour leur propre sécurité », a dit le contre-amiral Daniel Hagari, lors d'un point de presse. Une menace suivie, vers 15h, d'une nouvelle mise en garde israélienne adressée aux habitants de la Békaa, appelés à quitter leurs maisons « dans les deux heures ».

Le ministre libanais sortant de l’Intérieur, Bassam Maoulaoui, a demandé aux Libanais « de faire preuve d’éveil et de cohésion ». Il a affirmé que les autorités « font le nécessaire pour leur apporter les secours en temps dû et assurer tous leurs besoins ». « Les attaques israéliennes s’intensifient, la situation est grave et devient de plus en plus dangereuse », a-t-il aussi mis en garde. Il a ensuite publié la liste des écoles d'autres régions libanaises prêtes à accueillir des déplacés, alors que sur les réseaux sociaux, des offres de particuliers proposant de loger des personnes ayant évacué les zones bombardées circulent.

Le ministre sortant de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Abbas Halabi, a lui affirmé que « la priorité est pour l’instant de reloger les déplacés » des régions sinistrées. C’est dans ce cadre qu’il a annoncé avoir dressé une liste d’établissements scolaires publics, d’enseignement classique et technique, qui doivent accueillir les nouveaux déplacés du Liban-Sud.

La guerre entre le Hezbollah et Israël dure depuis le 8 octobre 2023, quand le parti chiite a ouvert un « front de soutien » avec Gaza depuis le Liban-Sud, au lendemain de l'attaque du Hamas contre Israël. La semaine dernière a été particulièrement violente, avec des explosions simultanées, mardi et mercredi, de milliers de bipeurs et de talkie-walkies détenus par des membres du Hezbollah, qui ont fait au moins 37 morts et des milliers de blessés graves, une attaque imputée par le parti à Israël. Vendredi, une frappe israélienne dans la banlieue-sud de Beyrouth avait tué une dizaine de chefs militaires de l’unité d’élite du parti, tout en faisant des dizaines de victimes civiles dans deux bâtiments effondrés. La Défense civile poursuit les recherches sur le site pour la quatrième journée consécutive en vue de retrouver des disparus.