Le concept de la solution médiane existe depuis la nuit des temps, peut-être depuis la création de l’humanité. Ce système de pensée qui choisit toujours l’égale distance, la position en équilibre entre deux extrêmes et le juste milieu. Une doctrine qui s’applique très souvent dans le partage du pouvoir (au sens péjoratif du terme, comme la fameuse mouhassassa bien de chez nous), les affaires d’argent (voir le très célèbre « fifty-fifty »), en politique politicienne et tout ce qui en découle comme opérations louches, compromis, transactions, commissions, dessous-de-table (le bakchich à titre d’exemple, très répandu chez nous et hérité du temps des Ottomans)... Cette politique aux principes (si principes il y a) variables selon les petits intérêts et qui est loin du sens étymologique du terme et, au même titre, loin de toute transparence, loin souvent des dispositions constitutionnelles et de toute éthique.
Généralement, les premières victimes de cette idéologie de la demi-mesure sont la vérité, l’objectivité et la droiture. Une personne authentique, à quelques rares exceptions près, ne peut se familiariser avec la théorie du ni chaud ni froid, du mi-figue, mi-raisin, du mitigé et du couci-couça.
Sans parler du fait que ce raisonnement nous éloigne fréquemment de la radicalité du message évangélique.
Ne nous a-t-il pas été demandé, à juste titre, d’être froid ou chaud ou même brûlant, mais jamais tiède ou indifférent, de peur d’être régurgité ? Que notre oui soit oui et que notre non soit non d’une manière franche, manifeste et catégorique ?
Notre silence, notre indifférence et notre apathie face à l’oppression, à l’iniquité, aux injustices, à la tyrannie, aux abus de pouvoir, aux atteintes aux droits et à la dignité humaine, tant que notre zone de confort est protégée et que notre bien-être matériel est assuré, ne versent-ils pas dans cette sorte de tiédeur égoïste proche de la lâcheté et de l’irresponsabilité de ceux qui se donnent bonne conscience en se taisant ? En se taisant et, de plus, en appliquant à la lettre la parole célèbre « Après moi, le déluge ! »
Cela nous appelle souvent à aller à contre-courant, au sens opposé de la tendance générale, et à faire des actes qui ne sont pas en conformité avec ce que font la plupart des individus.
L’entrée par la porte étroite se fait d’ordinaire au prix de lourds sacrifices, de grands renoncements et de considérables privations.
Avocat à la cour
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