Le titre du best of d’Amadou & Mariam, La vie est belle, sorti vendredi, épouse le parcours incroyable de ce couple d’artistes formé à l’Institut des jeunes aveugles de Bamako dans les années 1970.
« Comme un rêve » est l’expression qui revient dans la bouche des célèbres Maliens, à l’évocation des rencontres marquantes de leur carrière, lors d’un entretien avec l’AFP à Paris.
Barack Obama « aimait notre musique »
Le duo croise Barack Obama le jour de la remise de son prix Nobel de la paix à Oslo, en décembre 2009. « Il y avait beaucoup de musiciens, beaucoup d’artistes là-bas. Et Barack Obama nous a rencontrés », amorce Amadou, 69 ans. Parmi tout ce beau monde, on trouve aussi Lang Lang, pianiste chinois de renommée internationale, Wyclef Jean (des Fugees) et la mégastar Will Smith, qui vont jouer, à l’instar d’Amadou et Mariam, dans un concert en son honneur. « On a un peu parlé. Barack Obama disait qu’il aimait notre musique. La musique malienne aussi. On était très, très contents », confie Mariam, 66 ans. Une photo a immortalisé l’échange. Barack Obama, costume strict et nœud papillon, s’adresse aux deux Maliens, tout sourire, en costume traditionnel bleu.
De quoi faire oublier un premier rendez-vous manqué, pour l’investiture du président américain à
Washington en janvier 2009. « Avec les Américains, c’est trop compliqué, il y avait tout ce protocole, ce n’était pas facile », lâche Amadou, sans regret.
Stevie Wonder dans sa chambre
Il y a tant d’autres beaux souvenirs. « On s’est rencontrés en Côte d’Ivoire avec Stevie Wonder. On était dans sa chambre. Il a pris son clavier. On a joué ensemble, on a chanté », raconte Amadou.
« C’était autour d’une soirée caritative. Mais il n’y a pas de trace du moment où on a chanté dans sa chambre ensemble », rebondit Mariam.
Amadou, guitariste, retient aussi l’épisode avec David Gilmour (Pink Floyd), toujours pour un concert caritatif, cette fois à Londres : « Il a joué avec nous durant toute la soirée, il nous accompagnait, il faisait des solos, moi aussi j’en faisais. » « Ça s’est passé comme dans un rêve, on n’avait jamais pensé pouvoir le rencontrer », sourit Mariam.
« Après ça, on s’est téléphoné quelquefois, parce qu’il comprenait quelques mots de français aussi », renchérit Amadou.
Le couple, qui chante en français et bambara, a aussi collaboré avec Damon Albarn (leader de Blur, Gorillaz), notamment pour leur disque Welcome to Mali (2008).
« Une fois, on a passé toute une journée à faire de la musique avec lui, avec guitares et voix seulement. Quand on vient en Angleterre, il en a fait un morceau avec des violons. C’était très bien, riche. Bon, après, il a tout balayé (rires). Il y est revenu avec un clavier. C’est quelqu’un qui aime faire des recherches », synthétise Amadou.
Manu Chao, chauffeur de luxe
La légende raconte que Manu Chao entend Chauffeurs, titre d’Amadou et Mariam, dans un taxi à Paris au début des années 2000. « Il était déjà une grande star », se souvient Mariam. Le couple, passé aux Trans Musicales de Rennes en 1997, vient de décrocher un premier succès avec le single Je pense à toi.
La collaboration avec l’ancien leader de la Mano Negra, qui a explosé en solo avec Clandestino (1998), va les propulser dans une autre dimension.
Il les suit à Bamako, une première pour lui. « Ça l’a beaucoup changé, note Amadou. On passait dans les familles, nos familles, il était prêt à toujours réagir musicalement à quelque chose, il a joué de la guitare avec les enfants. »
Manu Chao se met au service du couple et voilà l’album Dimanche à Bamako (2004), immense succès qui fête donc ses 20 ans. Le titre « Beaux dimanches » et sa ritournelle « Les dimanches à Bamako, c’est le jour de mariage » – du vécu pour le couple en 1980 – est sur toutes les lèvres.
Philippe GRELARD/AFP