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Société - Crimes financiers au Liban

Mandat d'arrêt contre Riad Salamé, qui reste en détention à l'issue de son interrogatoire

La cheffe du contentieux de l'Etat, partie civile dans l'affaire, a été empêchée d'assister à l'audience. 

Mandat d'arrêt contre Riad Salamé, qui reste en détention à l'issue de son interrogatoire

Le fourgon dans lequel a été transporté Riad Salamé aux abords du Palais de justice de Beyrouth, le 9 septembre 2024. Photo DR

Le premier juge d'instruction de Beyrouth par intérim, Bilal Halaoui, a émis lundi un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, à l'issue d'un interrogatoire qui a eu lieu ce matin au Palais de justice de Beyrouth. L'interrogatoire de l'ancien gouverneur de la BDL avait eu lieu après un transfert agité depuis son lieu de détention.

Le responsable financier restera donc en détention et le juge Halaoui a prévu une nouvelle audience pour « poursuivre son enquête » jeudi, selon l'Agence nationale d'Information (Ani, officielle).

L'annonce de l'arrestation a été saluée par le Courant patriotique libre (CPL), l'un des partis les plus critiques du bilan de Riad Salamé. « L'émission du mandat d'arrêt est logique, étant donné ses infractions évidentes », a écrit le parti aouniste sur son compte officiel sur X. « Le CPL suivra le dossier Salamé, comme il l'a fait depuis le début, jusqu'à ce qu'il rende des comptes et que la vérité soit faite sur les montages financiers et le dossier des fonds des Libanais qui ont été dilapidés ». 

Plus d'un an après avoir été démis de ses fonctions, Riad Salamé a été arrêté le 3 septembre dans le cadre de l’affaire Optimum Invest, portant sur des transactions menées en 2015-2016 entre la BDL et cette société financière libanaise. Il est également visé par de multiples enquêtes liées à des malversations financières présumées, notamment celles menées par la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, qui continue de manifester sa volonté de profiter de cette arrestation pour relancer ses propres dossiers. L'ex-patron de la banque centrale est également poursuivi dans plusieurs pays européens pour soupçons de corruption. Il se défend constamment contre ces accusations.

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De source informée, on a appris que le juge Halaoui avait empêché la cheffe du contentieux de l'État, Hélène Iskandar, d'assister à l'audience, parce qu'elle n'avait pas obtenu une attestation du ministre sortant de Finances, Youssef Khalil, prouvant sa qualité. Une autre source affirme que cet imbroglio était dû à une « erreur de forme ». L’État libanais s'est constitué partie civile dans les poursuites lancées contre M. Salamé. 

Les huées des manifestants

Arrivé sur les lieux peu avant 10h dans une fourgonnette aux vitres teintées, M. Salamé a été accueilli par les huées d'environ une centaine de manifestants venus sur place dans une ambiance très tendue, selon notre journaliste sur place Claude Assaf. Certains d'entre eux ont tapé sur le capot et les vitres du véhicule aux cris de « Haramé, haramé, Riad Salamé haramé » (Riad Salamé est un voleur).

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Parmi les personnes présentes au sit-in organisé par des déposants libanais devant le tribunal se trouve le député du Liban-Sud issu de la contestation Élias Jaradé. Il s'est exprimé pour L'Orient-Le Jour « en tant que déposant et représentant du peuple libanais » : « J'espère qu'il n'y aura aucun contournement de la procédure », a-t-il déclaré à propos de la querelle opposant Ghada Aoun au procureur général près la Cour de cassation, Jamal Hajjar. Depuis juin dernier, ce dernier menace la juge de la Cour du Mont-Liban de l'écarter du dossier et lui demande de lui transmettre tous les documents qu’elle traite, dont ceux relatifs à la société Optimum Invest. « Si cela venait à arriver, nous nous opposerons à cela », ajoute le député.

Escalade et revanche 

Autre personnalité sur les lieux, Ibrahim Abdallah, qui fait partie des militants ayant porté plainte sur le dossier Optimum Invest. Il a déclaré que si Riad Salamé n'était pas mis en état d'arrestation au terme de l'audience, « il y aura une escalade ». Un autre manifestant, haut-parleur à la main, a exhorté le juge Halaoui de « mener à bien l'instruction », sinon « il pourrait arriver quelque chose de très grave. Il y aura une revanche qui se déroulera dans le sang ». Par contre, s'il mène à bien l'enquête, « il aura droit à de la haléwé », une douceur à la pâte de sésame, dans un jeu de mots sur le nom de famille du juge. 

Repère

Avant Riad Salamé, ces hauts responsables libanais passés derrière les barreaux

Les mesures de sécurité étaient très strictes à l'intérieur du Palais de justice. Même les avocats, qui poursuivaient des démarches liées aux affaires des justiciables qu'ils représentent, n'ont pas pu accéder aux divers greffes situés à proximité du bureau du juge Halaoui. L'entrée située au rez-de-chaussée, qui conduit au premier étage où se trouve le bureau de Halaoui, avait également été bloquée par des agents des forces de l'ordre. Une violente altercation a eu lieu entre l'un d'eux et un membre du barreau. Finalement, un officier est intervenu et a décidé de laisser passer les avocats, mais un par un, au compte-gouttes.

Par ailleurs, alors que des rumeurs faisaient état d'une fuite en dehors du Liban du PDG de la banque al-Mawarid, Marwan Kheireddine, poursuivi dans le cadre d'un des dossiers Salamé au Liban, le banquier a démenti à L'Orient-Le Jour avoir quitté le pays. 

Le premier juge d'instruction de Beyrouth par intérim, Bilal Halaoui, a émis lundi un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ex-gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, à l'issue d'un interrogatoire qui a eu lieu ce matin au Palais de justice de Beyrouth. L'interrogatoire de l'ancien gouverneur de la BDL avait eu lieu après un transfert agité depuis son lieu de détention.Le...
commentaires (11)

Il serait agréable de savoir que cet individu soit transféré à Roumieh ( prisonnier de droit commun ) plutôt qu'au siège de la Sûreté générale libanaise, où il est possède une cellule individuelle..

C…

18 h 32, le 09 septembre 2024

Tous les commentaires

Commentaires (11)

  • Il serait agréable de savoir que cet individu soit transféré à Roumieh ( prisonnier de droit commun ) plutôt qu'au siège de la Sûreté générale libanaise, où il est possède une cellule individuelle..

    C…

    18 h 32, le 09 septembre 2024

  • Toute cette agitation est pitoyable. Le cercle des criminels se porte surtout et jusqu'aux décideurs politiques et des gestionnaires bancaires. On jette en pâture, certes une crapule, mais aussi un imbécile à qui l'ont veut faire porter le chapeau pour les autres. Il est tout à fait raisonnable de penser également que cette attestation locale évitera une enquête et des interrogatoires autre plus sérieux si ceux-ci avaient lieu à l'étranger, à l'abri des crapules locales.

    Jules Lola

    18 h 04, le 09 septembre 2024

  • Le CPL devrait envoyer des oranges à Riad Salame en prison

    Lecteur excédé par la censure

    17 h 14, le 09 septembre 2024

  • Il faudrait faire un sondage demain matin. Tous les "vip" qui auront mal dormi cette nuit ont sans doute quelque chose à se reprocher…

    Gros Gnon

    15 h 08, le 09 septembre 2024

  • Méfiant , sachant que la mafia de la classe politique régit encore le pays? le show auquel nous assistons ne pourra pas aboutir à un résultat.A MOINS que Salamé PARLE ENFIN? Qu’il dévoile tout. Les noms, les magouilles. Sauf s’il veut assumer tout, tout seul. Cette mascarade ne pourrait être qu’une DIVERSION. Pour calmer le grogne des libanais du sud surtout. Ou bien il se prépare des dispositions qui feront en sorte que les épargnants soient la cible et les victimes ? Dans tous les cas, tant que MME GHADA AOUN ne suit pas le dossier ? Le doute que ces dossiers arrivent à bout , persistera.

    LE FRANCOPHONE

    15 h 04, le 09 septembre 2024

  • Tant que la juge Ghada Aoun sera empêchée d'interroger l'ex-gouverneur sur les dossiers pesants qu'elle détient , soyez certains que l'affaire Salamé restera au point mort : Il n'y a aucune raison pour croire le contraire !

    Chucri Abboud

    14 h 23, le 09 septembre 2024

  • Le cœur est lourd pour dire : ""« il aura droit à de la haléwé », une douceur à la pâte de sésame, dans un jeu de mots sur le nom de famille du juge"". L’histoire ne dit comment l’offrir. L'homme de la rue ne retiendra de l'histoire que le nom du magistrat ? Ce qu’on vit (avec le fil des infos du journal, bien sûr) est historique. On ne croit pas ses yeux de voir des hauts placés en prison. Ça me rappelle une autre arrestation (juste 30 ans) du milicien-chef d'un parti bien établi, devant une opinion publique incrédule. Cette fois-ci,c’est grave,on touche au portefeuille, question d'honneur.

    NABIL

    14 h 22, le 09 septembre 2024

  • La suite logique serait la mise en examen des ministres des finances et des ministres de l'energie de 2011 a 2019 auquels il faudrait ajouter quelques banquiers vereux et aussi les hauts fonctionnaires complices.

    Michel Trad

    13 h 46, le 09 septembre 2024

  • ""Riad Salamé a été arrêté le 3 septembre dernier dans le cadre de l’affaire Optimum Invest"". Il est temps de vivre dans un Etat de droit. Même, quand notre Gouverneur livre sa version, tout n’entrera pas dans l’ordre. Il restera suspect, non seulement pour l’opinion publique… Il y a "Optimum Invest", et le reste. On verra si les frères Salamé et leurs associés sont innocents, quand le juge tranchera en "toute indépendance" …

    NABIL

    12 h 34, le 09 septembre 2024

  • Tant que toute la caste politique qui gouverne le pays depuis 1992 est libre , les bureaux des juges pour condamner un seul responsable resteront du pur folklore libanais ou tout le monde sortira innocent .

    Antoine Sabbagha

    12 h 30, le 09 septembre 2024

  • ""…Ghada Aoun, qui continue de manifester sa volonté de profiter de cette arrestation pour relancer ses propres dossiers"". Quand il était en liberté, personne ne pouvait entendre M. Salamé, même pour une interview de journaliste. Lors de la visite des juges européens (mai 2023) son alibi était ses ennuis de santé ! Mais quel genre d’immunité le protégeait, comme s’il avait le même statut qu’un président de la république. Bref, la Procureure, Madame Ghada Aoun, ne "profite" pas, mais saisit l’occasion de son incarcération pour l’interroger. Cela s’appelle, faire son travail.

    NABIL

    12 h 22, le 09 septembre 2024

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