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Politique - Justice

Affaire Salamé : vers une confrontation avec Ghada Aoun ?

Le bureau de presse de l'ancien gouverneur de la BDL a mis en garde vendredi contre toute diffusion des détails concernant l'enquête en cours.

Affaire Salamé : vers une confrontation avec Ghada Aoun ?

La procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun. Photo ANI

Alors que l'ancien gouverneur de la banque centrale (BDL) Riad Salamé est en détention provisoire depuis quatre jours, et attend d'être interrogé par le premier juge d’instruction de Beyrouth, Bilal Halaoui, lundi prochain, la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, continue de manifester sa volonté de profiter de cette séquence pour relancer ses propres dossiers.

La magistrate a annoncé hier sur le réseau social X (ex-Twitter) qu'elle avait programmé un interrogatoire pour M. Salamé, le mercredi 11 septembre, dans le cadre de l’affaire Optimum Invest – portant sur des transactions menées en 2015/2016 entre la BDL et cette société financière libanaise. Elle a souligné que la présence de M. Salamé, qui ne s'était jamais présenté devant elle jusque-là, devait être assurée après son placement en détention provisoire. 

Lundi, Riad Salamé pourrait soit se soumettre directement à l’interrogatoire, soit user de son droit légal de présenter au juge des exceptions de procédure. Dans la deuxième hypothèse, le juge Halaoui aura une semaine pour trancher sur leur acceptation ou leur rejet, avant de poursuivre son instruction, au cours de laquelle il pourra soit relâcher l’ex-gouverneur, soit lancer un mandat d’arrêt contre lui.

Ghada Aoun a en outre mis en garde contre toute tentative de transférer l’affaire à une autre juridiction. La magistrate n'était pas joignable pour confirmer si elle avait le droit de procéder à cet interrogatoire.

La magistrate avait déjà engagé plusieurs procédures judiciaires contre Riad Salamé pour corruption présumée. En juin dernier, le procureur général par intérim près la Cour de cassation, Jamal Hajjar, avait interdit à la Police judiciaire de suivre les instructions de la juge Aoun,et  lui avait demandé de lui transmettre tous les dossiers financiers qu’elle traite, dont ceux impliquant également  l'ancien gouverneur de la BDL et la société Optimum Invest. Cette démarche engagée a été critiquée par plusieurs observateurs qui y avaient vu une tentative de mettre Ghada Aoun sur la touche.

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Le parquet demande à poursuivre deux avocats au barreau de Beyrouth

De son côté, le parquet financier au Liban, présidé par le juge Ali Ibrahim, a demandé jeudi au barreau de Beyrouth l'autorisation de poursuivre deux avocats dans le cadre de l'affaire dite « Salamé », a appris vendredi L'OLJ de source informée proche de l'affaire. Ces deux avocats auraient été impliqués dans des montages financiers et auraient effectué des virements suspects à partir d'un compte de la BDL, selon des informations de presse.

Toutefois, la demande d'autorisation concernant ces deux avocats n'a pas été effectuée selon la procédure en vigueur et enregistrée au greffe du conseil de l'ordre. Elle n'a notamment pas été accompagnée de documents concernant le dossier dans lequel sont impliqués les deux avocats. Or, selon la source précitée, l'ordre doit pouvoir avoir un droit de regard sur ce dossier pour décider si les crimes reprochés à ses membres ont trait ou non à l'exercice de leurs fonctions. La demande risque donc de ne pas être traitée en l'état, à moins que le parquet financier ne communique les pièces requises.

L'un des deux avocats concernés a un lien de parenté direct avec Riad Salamé et a notamment représenté devant la justice Raja, le frère de l'ex-gouverneur, en 2022, dans l'affaire de versements suspects de plus de 330 millions de dollars. Ces transferts auraient été effectués dans le cadre d’un contrat de courtage sur des eurobonds et des bons du Trésor signé entre la Banque du Liban et Forry Associates Ltd, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques en 2001, et dont Raja Salamé était le bénéficiaire économique. Ce dernier avait été détenu deux mois dans cette affaire, à partir du 17 mars 2022.

Le second avocat concerné par cette demande d'autorisation de poursuites a des relations professionnelles avec la BDL et est membre du conseil d'administration de plusieurs banques.

Respect du secret de l'instruction

Par ailleurs, le bureau de presse de l'ancien gouverneur a mis en garde vendredi contre toute diffusion dans les médias de détails concernant l'enquête en cours contre l'ancien responsable financier, menaçant de poursuites toute divulgation d'informations. Le communiqué a donc été publié alors que plusieurs médias ont rapporté ces derniers jours des détails sur l'interrogatoire mardi à Beyrouth de Riad Salamé devant Jamal Hajjar et de ses conditions de détention de l’ancien gouverneur. Les services de l'ex-gouverneur ont encore rappelé l'importance du secret de l'instruction, « pour garantir que l'enquête reste objective », conformément à l'article 53 du Code de procédure pénale. Cet article stipule que toute divulgation de détails concernant l'enquête est passible d'une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à un an et d'une amende.

Jusqu'à présent, l'ancien gouverneur a « pleinement coopéré dans plus de 20 procédures criminelles à Beyrouth et au Mont-Liban, tant pendant qu'après son mandat, à condition que ces procédures respectent les procédures légales et soient menées de manière impartiale. Cette coopération devrait se poursuivre malgré sa détention actuelle », ajoute le communiqué.

Alors que l'ancien gouverneur de la banque centrale (BDL) Riad Salamé est en détention provisoire depuis quatre jours, et attend d'être interrogé par le premier juge d’instruction de Beyrouth, Bilal Halaoui, lundi prochain, la procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban, Ghada Aoun, continue de manifester sa volonté de profiter de cette séquence pour relancer ses propres...
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As the English would say, it's a shitshow.

C.D.R

11 h 20, le 07 septembre 2024

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Commentaires (1)

  • As the English would say, it's a shitshow.

    C.D.R

    11 h 20, le 07 septembre 2024

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