Un important incendie, qui s'était déclaré samedi près de l'usine Eternit de Chekka contenant encore de l'amiante, a finalement été éteint dimanche par la Défense civile avant qu'il n'atteigne le bâtiment, a rapporté notre correspondant sur place, Michel Hallak.
L'incendie a éclaté dans l'après-midi de samedi dans des herbes sèches proches de l'usine, qui est fermée depuis 1991. Avant cette date, elle produisait des tuyaux en ciment, renforcés en amiante, un groupe de minéraux fibreux utilisé pour renforcer et ignifuger les matériaux, et qui est cancérigène.
Alors que l'incendie faisait encore rage, des militants environnementaux, dont les propos ont été rapportés par notre correspondant, ont mis en garde contre les « risques pour l'environnement et la santé publique » si les flammes atteignaient l'usine et que des résidus d'amiante étaient dispersés avec la fumée.
Intervention rapide des pompiers
Cependant les pompiers ont pu, après plusieurs heures, venir à bout du feu et empêcher leur propagation. Présents sur place dans la soirée, les députés Najat Aoun Saliba et Melhem Khalaf, issus de la contestation populaire, ont salué « l'intervention rapide » de la Défense civile. « Le feu a touché environ 700 mètres d'herbes sèches avant d'être maîtrisé, sans se propager à l'usine et aux matériaux stockés à l'intérieur », ont indiqué les deux députés dans un communiqué.
La cause de l'incendie est toujours inconnue.
De son côté, le ministre sortant de l'Environnement, Nasser Yassine, a indiqué dimanche que son ministère avait « évalué la situation dans l'usine abandonnée, lors d'une tournée avec des experts britanniques et libanais en juin 2023 ». « Des recommandations avaient été émises pour que les matériaux dangereux encore présents dans l'usine, et surtout les tuyaux contenant de l'amiante, soient démantelés, isolés et déplacés en toute sécurité ». M. Yasssine a précisé qu'un rapport avait été remis à cet effet au ministre sortant de la Justice, Henry Khoury. « Le dossier devra être présenté, via la Justice, au Tribunal des faillites, afin que des décisions adéquates soient prises ».
Une étude scientifique réalisée au Liban et publiée en 2001 dans le Journal of the Medical Library Association, avait conclu à une « relation étroite et indéniable entre l'amiante, la région de Chekka et le développement de mésothéliomes (des tumeurs rares et agressives, ndlr) au Liban. » Une seconde étude menée entre 2002 et 2014, après la fermeture de l'usine, a conclu à une relation plus faible entre les cas de mésothéliome enregistrés pendant cette période et la contamination par l'amiante dans la région de Chekka.