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Sport - Mondial-2034

La candidature saoudienne ravive les craintes pour les travailleurs migrants

Comme d'autres pays du Golfe, l'Arabie saoudite impose à la main d'oeuvre étrangère le système de parrainage « kafala ».

La candidature saoudienne ravive les craintes pour les travailleurs migrants

Le stade de la Cité sportive du roi Abdallah de Jeddah, le 11 mars 2020. Giuseppe Cacace/AFP

Fosir Mia a quitté le Bangladesh avec la promesse d'une vie meilleure en tant qu'électricien en Arabie saoudite. Il s'est retrouvé à transporter du matériel de construction en plein désert, pour un salaire de misère. Après des journées de 13 heures sur un chantier en dehors de Ryad, il rentrait dans une chambre qu'il partageait avec 11 autres migrants. Rentré depuis dans son pays, cet homme de 35 ans affirme que sept des 17 mois passés dans ce royaume du Golfe ne lui ont jamais été payés, et met en garde en vue du Mondial-2034 de football, pour lequel l'Arabie saoudite est le seul candidat à l'organisation.

« Il y a beaucoup de débouchés, mais aussi beaucoup de risques de souffrir », dit-il à l'AFP en racontant avoir vu des ouvriers se faire battre par des chefs de chantier. Salaires impayés, logements insalubres, chaleur étouffante... les conditions de travail des migrants en Arabie saoudite sont régulièrement dénoncées par les défenseurs des droits humains, et ces derniers craignent que les cas de maltraitance n'explosent avec le chantier de la Coupe du monde.

Risque de « travail forcé »

La monarchie pétrolière, dont la candidature devrait être officiellement retenue par la Fédération internationale de football (Fifa) en décembre, a annoncé le mois dernier la construction de 11 nouveaux stades, qui devraient mobiliser des centaines de milliers d'ouvriers, selon les syndicats.  

La candidature saoudienne représente une « chance » pour obtenir des réformes sociales dans le pays, estime l'ONG Equidem, basée à Londres. Sans cela, « des milliers de travailleurs mourront de la chaleur extrême et des conditions de travail dangereuses », et « des dizaines de milliers (... ) seront soumis à l'esclavage moderne et au travail forcé » prévient son fondateur, Mustafa Qadri. « Des vies seront littéralement détruites », prévient-il.

Comme d'autres pays du Golfe, l'Arabie saoudite impose à la main d'oeuvre étrangère le système de parrainage « kafala », qui limite les possibilités de changer d'emploi ou de quitter le pays sans l'aval de l'employeur, malgré l'assouplissement de certaines restrictions en 2021. En juin, l'Internationale des travailleurs du bâtiment et du bois (IBB) a déposé une plainte auprès de l'Organisation internationale du travail (OIT) au nom de 21 000 victimes présumées de « graves violations des droits de l'homme » et de confiscation de salaires. 

Les accusations visent deux entreprises de construction saoudiennes ayant fait faillite en 2016. Mais la fédération syndicale, tout comme Equidem, affirment que la situation ne s'est pas améliorée dans le pays, où les étrangers représentent plus de 40 % des 32,2 millions d'habitants. Un porte-parole du ministère saoudien des Ressources humaines a rejeté les critiques « basées sur des informations inexactes ou qui ne reconnaissent pas l'importance des réformes mises en œuvre ». 

« Indemnisations »

« Le royaume a déjà (...) indemnisé la grande majorité des cas (...) de salaires impayés, et l'étude des quelques cas restants est en cours », a-t-il affirmé à l'AFP. Le Qatar voisin, qui avait fait l'objet de critiques similaires dans le cadre de l'organisation du Mondial-2022, avait collaboré avec l'OIT pour réformer le système de la « kafala », introduire un salaire minimum et imposer des mesures de santé et de sécurité. 

Malgré ces mesures, des milliers de travailleurs ont trouvé la mort durant la période précédant le tournoi, a affirmé Amnesty International, même si Doha n'a fait état que de 37 décès liés aux chantiers de la Coupe du monde. Les Qataris « ont été critiqués, mais ils se sont engagés », souligne Ambet Yuson, le secrétaire général de l'IBB. « Nous espérons que les Saoudiens feront de même ». D'anciens travailleurs migrants comme Vyel se montrent toutefois sceptiques. 

Employé dans une société saoudienne, ce Philippin de 52 ans raconte avoir passé des mois à vivre dans un entrepôt surpeuplé et infesté de punaises de lit, avant de rentrer dans son pays sans les 63 000 rials saoudiens (environ 16 700 dollars) d’arriérés de salaires dus par son employeur. Aujourd'hui encore, il cache à ses proches certains détails de son expérience saoudienne, comme les coupures d'électricité ou les rats rôdant la nuit. « J'ai gardé toutes ces choses secrètes » pour ne pas inquiéter mes parents, explique-t-il à l'AFP. 


Fosir Mia a quitté le Bangladesh avec la promesse d'une vie meilleure en tant qu'électricien en Arabie saoudite. Il s'est retrouvé à transporter du matériel de construction en plein désert, pour un salaire de misère. Après des journées de 13 heures sur un chantier en dehors de Ryad, il rentrait dans une chambre qu'il partageait avec 11 autres migrants. Rentré...
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