Entraîneur à succès en club, le Suédois Sven-Goran Eriksson, mort lundi à 76 ans des suites d'un cancer, a été le premier étranger sélectionneur de l'Angleterre, un honneur qu'il n'a pas réussi à transformer en succès à la tête de la génération dorée des Beckham, Gerrard, Lampard et Rooney. A l’automne de sa vie, avant le cancer du pancréas qui l'a emporté lundi à son domicile de Björkefors, entouré de sa famille, le Suédois voyait déjà filer le temps.
« Tout est passé trop vite. Où est passée ma vie ? », s'interrogeait-il dans The Telegraph en 2002. « J’ai une très belle vie et je suis heureux. Ce n'est pas comme si être sur le banc à Wembley me manquait. » Le Suédois gardera toutefois une place privilégiée dans sa mémoire pour ses cinq années à la tête des Three Lions (2001-2006), une consécration.
Peu après l'annonce de sa mort, le prince William, qui l'avait rencontré à de multiples reprises, lui a d'ailleurs rendu hommage. « J'ai toujours été impressionné par son charisme et sa passion pour le jeu, a-t-il écrit sur X. Je pense à sa famille et ses amis. (C'était) un vrai gentleman » du football. « C'est un jour très triste. Il a offert des souvenirs inoubliables aux fans anglais », a pour sa part commenté le patron de la Fédération, Mark Bullingham.
Attendu au tournant par les médias à son arrivée sur la banc de la sélection, Eriksson avait réussi ses débuts, comme lors du 5-1 infligé à l'Allemagne en éliminatoires du Mondial-2002 ou quand un coup franc de David Beckham contre la Grèce offrit à son équipe la qualification.
Maudits quarts
Lors de cette Coupe du monde, l’Angleterre échoue en quarts contre le Brésil, futur vainqueur. Le scénario se répète à l’Euro-2004 et au Mondial-2006, où les Anglais s'arrêtent au même stade, à chaque fois aux tirs au but contre le Portugal.
Si Eriksson n'a pas tiré le meilleur d'une génération douée, il a apporté de la stabilité et de la rigueur. Au point de se voir souvent reprocher son manque d'audace dans le jeu et sa pusillanimité dans la gestion de son groupe.
Réputé froid et distant, il vient pourtant au secours de ses joueurs, comme Wayne Rooney, après son carton rouge en quarts en 2006. « Je pense que vous, plus que moi, avez besoin de Wayne Rooney. Il est le garçon doré du football anglais, alors ne le tuez-pas. »
Faux cheikh
En revanche, les tabloïds anglais, déjà à l'origine de révélations sur ses relations extra-conjugales, auront sa peau à lui. Quelques mois avant le Mondial-2006, il est piégé, comme d'autres célébrités, par un journaliste déguisé en cheikh. Eriksson évoque notamment avec lui son départ du poste de sélectionneur et une possible reprise d'Aston Villa.
« J’aurais été limogé de toute façon après la Coupe du monde 2006 car nous n'avons pas été bons en quarts. Je peux comprendre ça. Mais je n’ai jamais accepté et compris comment News of the World a eu autant d’importance. J’ai dit à la Fédération, 'Vous les croyez eux ou vous me croyez moi ?' », expliqua-t-il en 2022 à SkyNews.
Globe-trotter
Plus que tout, Eriksson aimait le football, sa « drogue », qui lui coûtera un divorce. Comme Carlo Ancelotti, il n'a jamais dirigé la sélection de son pays, mais il a réussi en club.
Certes, son palmarès est plus modeste que celui de son homologue italien, mais il affiche une Coupe de l'UEFA avec Göteborg (1982), des titres avec Benfica (3 fois champion du Portugal, 1 Coupe) et surtout la Lazio qu'il mène au deuxième scudetto de son histoire en 2000 et avec qui il gagne la Coupe des Coupes, la Supercoupe d’Europe et la Coupe d'Italie, compétition remportée aussi avec l'AS Rome et la Sampdoria. Le président de la Lazio, Claudio Lotito, a salué « l'entraîneur le plus titré de l'histoire » du club romain, « mais surtout un homme droit et un gentleman exquis ».
En Angleterre, ses brèves expériences à Manchester City et Leicester ne sont pas couronnées de succès. Dans les années 2000, il confirme qu'il est un globe-trotter en étant sélectionneur furtif du Mexique, de la Côte d'Ivoire et des Philippines, entraînant également plusieurs clubs chinois.
Avec les « Reds »
Après avoir rendu public son cancer début 2024, il avait réalisé en mars son « rêve » d'entraîner Liverpool le temps d'un match de charité. « Maintenant, c'est arrivé et c'était un jour magnifique, dans tous les sens du terme », avait-il déclaré très ému. Les Reds ont évidemment salué sa mémoire, évoquant une nouvelle « terriblement triste ». L'UEFA s'est aussi dite « profondément triste » du décès de cette « figure bien-aimée » du football européen.
Entraîneur à succès en club, le Suédois Sven-Goran Eriksson, mort lundi à 76 ans des suites d'un cancer, a été le premier étranger sélectionneur de l'Angleterre, un honneur qu'il n'a pas réussi à transformer en succès à la tête de la génération dorée des Beckham, Gerrard, Lampard et Rooney. A l’automne de sa vie, avant le cancer du pancréas qui l'a...