Rechercher
Rechercher

Culture - Concert

« Les cordes de Baalbeck » à Beyrouth, sur les ouds de Charbel Rouhana et du Trio Joubran

Faute de se produire « à la maison », sous les colonnes de Jupiter, le Festival de Baalbeck réunit le sextet libanais de Charbel Rouhana et les Palestiniens Trio Joubran pour un concert unique au théâtre Caracalla. Un message de dialogue et de paix.

« Les cordes de Baalbeck » à Beyrouth, sur les ouds de Charbel Rouhana et du Trio Joubran

Le Trio Joubran. Photo DR

Six colonnes, comme les cordes d’un instrument. Mais ce ne sont pas ces majestueuses colonnes de 20 m, surplombant la plaine de la Békaa, derniers témoins de ce que fut le temple de Jupiter à Baalbeck, qui répercuteront, cette saison, les résonances des plus belles musiques qui se jouent depuis 1956 à leur ombre tutélaire. Le Festival international de Baalbeck, sans cesse interrompu par les incessants conflits que subit le Liban, se jouera une fois de plus – comme ce fut le cas lors de son grand retour en 1997 avec la participation de Mstislav Rostropovich – au théâtre de danse Caracalla, à Horch Tabet. Ce théâtre, fondé en 1968 par le chorégraphe Abdel Halim Caracalla, célèbre fils de la plaine formé par Martha Graham, est en effet un éminent prolongement de Baalbeck à Beyrouth. Y règne l’esprit vibrant de ce terroir que l’Empire romain surnommait le Grenier de Rome. Sans colonnes, mais avec le meilleur de la musique libanaise et palestinienne, c’est donc dans cette extension baalbeckiote par excellence que se jouera Les cordes de Baalbeck, en arabe Awtar Baalbeck, un concert programmé le jeudi 29 août. Contre vents et marées, l’ensemble de trompettes du Concile des faux dieux, extrait du Martyre de saint Sébastien de Debussy, va retentir pour la saison 2024, invitant de la manière la plus solennelle les spectateurs à prendre place. Et par l’effet dramatique et pressant de ces notes familières, devenues l’identité sonore du festival, ce sera comme si on y était. À l’affiche de cette soirée unique, le sextet Charbel Rouhana et le Trio Joubran, deux des plus belles formations contemporaines dédiées au oud.

Le musicien libanais Charbel Rouhana. Photo Nabil Ismaïl

Des ambitions revues à la baisse, mais « nous sommes toujours là »

« Au départ, l’idée était de fêter les 20 ans du groupe Trio Joubran dans le cadre d’un très grand concert, avec la participation d’un orchestre. Quand la guerre de Gaza a commencé, on s’est dit qu’il serait plus avisé de changer de formule. Dans un premier temps, on a pensé concentrer le concert dans le cadre plus intimiste du temple de Bacchus, avec une petite formation où se répondraient un groupe palestinien et un groupe libanais, comme un message de dialogue, d’harmonie, de paix, d’espoir. Par la suite, il a fallu prendre la décision de délocaliser ce concert qui s’est finalement réduit à une soirée unique, symbolique, pour dire que nous sommes toujours là et que nous ne baissons pas les bras », résume la présidente du Festival de Baalbeck, Nayla de Freige.


Le lien des moments difficiles

À tous ceux qui, sur les réseaux sociaux ou ailleurs, ont exprimé leur déception de voir le Festival de Baalbeck se déplacer à Beyrouth, le musicien Charbel Rouhana répondra par une chanson qu’il prévoit de jouer lors de ce concert. L’un des couplets dit : « Beyrouth et Baalbeck sont sœurs, et c’est dans les moments difficiles que ce lien est le plus fort. » Ce virtuose du oud jouera la première partie du concert durant 45 minutes. Il devrait être accompagné par le oudiste Élie Khoury, actuellement en France tout comme les musiciens du Trio Joubran, et dont on ne sait pas encore si les circonstances sécuritaires leur permettront d’être présents. Rouhana sera donc, entre musique et chant, accompagné de son sextet : en plus d’Élie Khoury, Nadim Rouhana à l’accordéon, Marc Abou Naoum au piano, Makram Abou el-Hosn à la contrebasse, Zad Khalifé et Élie Yammouné aux percussions.


Tous les sons de la Méditerranée

Pour la deuxième partie, Charbel Rouhana cèdera la scène au Trio Joubran. Les trois fils du luthier Hatem Joubran, représentant d’une quatrième génération de fabricants de oud à Nazareth, en Palestine, forment un groupe depuis 2004. Wissam et Adnan avaient, cette année-là, rejoint leur frère Samir qui poursuivait alors une carrière en solo et qui demeure le leader de la formation. Attaché à la diffusion de la culture palestinienne, le Trio, qui mène une carrière internationale, en est aujourd’hui l’ambassadeur officieux. Ces virtuoses pour qui le oud est, au-delà d’un talent, une passion et une raison de vivre, intègrent le Festival de Baalbeck comme une étape d’une tournée qui les a menés cette année de Oman aux Pays-Bas en passant par l’Allemagne et la Suisse. Connus pour glaner des sons partout où ils passent, les frères Joubran, accompagnés par le grand percussionniste Youssef Hbeisch, se sont lancés un soir, avant un concert à Ramallah, dans une improvisation avec le musicien Valentin Mussou au synthétiseur. Il en a résulté un remix de leur morceau La Longue Marche, The Long March Remix, que l’on s’attend à découvrir à l’occasion des Cordes de Baalbeck.

La dernière partie de la soirée verra les deux formations se rejoindre en un immense et intense dialogue musical où le oud, instrument nomade qui a charrié de port en port, des siècles durant, tous les sons de la Méditerranée, sera la principale vedette. Un grand moment d’émotion en perspective.

« Strings of Baalbeck », théâtre Caracalla, Horch Tabet, soirée unique le jeudi 29 août à 20h30.

Six colonnes, comme les cordes d’un instrument. Mais ce ne sont pas ces majestueuses colonnes de 20 m, surplombant la plaine de la Békaa, derniers témoins de ce que fut le temple de Jupiter à Baalbeck, qui répercuteront, cette saison, les résonances des plus belles musiques qui se jouent depuis 1956 à leur ombre tutélaire. Le Festival international de Baalbeck, sans cesse interrompu par les incessants conflits que subit le Liban, se jouera une fois de plus – comme ce fut le cas lors de son grand retour en 1997 avec la participation de Mstislav Rostropovich – au théâtre de danse Caracalla, à Horch Tabet. Ce théâtre, fondé en 1968 par le chorégraphe Abdel Halim Caracalla, célèbre fils de la plaine formé par Martha Graham, est en effet un éminent prolongement de Baalbeck à Beyrouth. Y règne l’esprit vibrant de ce...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut