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Politique - Focus

Mandat de Joseph Aoun : vers une réédition du scénario de 2023 ?

Les proches de Yarzé affirment que le maintien du chef de l’armée à son poste n’a pas été évoqué avec Amos Hochstein lors de sa dernière visite, mais les milieux politiques estiment cette option fort probable en pleine guerre. 

Mandat de Joseph Aoun : vers une réédition du scénario de 2023 ?

L'émissaire américain Amos Hochstein s'entretenant avec le commandant en chef de l'armée, Joseph Aoun, à Yarzé, le 14 août 2024. Photo tirée du compte X de l'institution militaire

Il reste encore cinq mois à Joseph Aoun à la tête de l'armée libanaise, mais la (seconde) prorogation de son mandat est déjà sur la table. Mais si en décembre dernier, le maintien du chef de la troupe à son poste avait été arraché au forceps, cette fois-ci la tâche s’annonce un peu plus souple. Et pour cause : tout le monde est conscient que le vide à la tête de l’armée est inopportun, surtout que l’institution est appelée à jouer un rôle-clé dans la phase postguerre, principalement axée sur l’application de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui avait mis fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah et prévoit le déploiement de l’armée au Liban-Sud. On pourrait donc s’attendre à une réédition du scénario de décembre 2023 : le maintien du général à son poste en dépit du veto catégorique du chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, prêt à tout pour en finir avec le présidentiable Joseph Aoun.

La question de cette prorogation est évoquée depuis plusieurs semaines dans les cercles politiques et diplomatiques, apprend-on de sources diplomatiques concordantes. Mais elle est surtout revenue sur le tapis dans la foulée de la dernière visite à Beyrouth de l’émissaire américain au Liban, Amos Hochstein, le 14 août. Selon certains médias pro-Hezbollah, le chef de l’armée a évoqué la question de l’extension de son mandat avec le diplomate américain. Des informations que des proches de Yarzé balayent d’un revers de la main. « Il ne s’agit que de rumeurs », assure à L’Orient-Le Jour une source au courant de la teneur des discussions entre MM. Aoun et Hochstein. « Lors de cette réunion, seule la situation au Liban-Sud a été discutée », ajoute-t-elle. 

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Le commandant de l’armée « n’évoque jamais ce sujet, même avec les officiers haut placés, parce que ses priorités sont ailleurs. Elles résident dans la sécurité au Liban-Sud », affirme, de son côté, à L’OLJ la source citée plus haut.

« C’est la seule solution »

C’est justement au vu de ces développements militaires, et à l’heure où les tambours de la guerre totale battent plus fort que jamais, que le maintien de Joseph Aoun à la tête de l’armée semble presque acquis. « Dans les circonstances actuelles, c’est la seule solution », estime une figure proche du commandement de l’armée, ajoutant que le gouvernement ne nommera pas un successeur à Joseph Aoun en pleine vacance présidentielle.

L'éditorial d'Issa GORAÏEB

Le culte du déni

Ce constat paraît d’autant plus réaliste que nombre d’observateurs voient très mal le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, se lancer dans une telle aventure sans un consensus. Or, le Hezbollah « n’acceptera pas que le cabinet d’expédition des affaires courantes procède à une telle nomination avant la présidentielle », souligne un proche de la formation de Hassan Nasrallah, rappelant que celle-ci a déjà avalisé la première prorogation du mandat de Joseph Aoun, en dépit du veto catégorique de son (ex ?) allié chrétien, Gebran Bassil. Certes, cette attitude ne saurait être isolée de la nécessité d’épargner à l’institution militaire une secousse inopportune en temps de guerre. Mais il y a aussi le fait que le Hezbollah, déjà dans le viseur de ses détracteurs qui l’accusent de bloquer la tenue de la présidentielle (pour imposer son candidat, Sleiman Frangié, chef des Marada) et d’entraîner le Liban à une guerre face à Israël, ne voudrait pas enfoncer le clou avec le reste des protagonistes, à commencer par les chrétiens. 

Sans le CPL

L’extension du mandat du chef de l’armée pourrait donc passer comme une lettre à la poste. « Car tous ceux qui ont voté la première prorogation feront certainement de même dans quelques mois, notamment les partis chrétiens de l’opposition et le Parti socialiste progressiste », prédit une figure proche de Yarzé. Dans certains milieux anti-CPL, on va même jusqu’à dire que rien n’empêchera le Parlement de procéder – une nouvelle fois – sans l'accord de Gebran Bassil. « Qu’ils le fassent sans nous. Nous nous en tenons à notre position de principe », commente un cadre du CPL. Pourtant, le parti avait subi un sérieux revers lors de la première bataille contre la prorogation du mandat Joseph Aoun et s'était retrouvé isolé politiquement. « Aujourd’hui, les choses sont plus compliquées pour les aounistes. Car l’effritement de leur groupe parlementaire (à coups d’exclusion et de démissions de plusieurs députés), qui pourrait se poursuivre, a de quoi réduire leur poids », analyse une figure de l'opposition.

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Il n’en demeure pas moins que le parti continue de donner du fil à retordre à Joseph Aoun, notamment à travers le ministre sortant de la Défense, Maurice Slim. Six mois après la nomination de Hassane Audi, officier druze, au poste de chef d’état-major de l’armée, le ministre aouniste refuse toujours d’avaliser cette décision, prise sans son feu vert, et en plein vide à Baabda. Mais selon les informations de L’OLJ, M. Audi remplit déjà ses tâches normalement en attendant que les efforts déployés par le président du Parlement, Nabih Berry, et le Premier ministre Mikati pour officialiser la démarche (comme le veut le leader druze Walid Joumblatt) portent leurs fruits. 

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Parallèlement, le ministre de la Défense a prorogé d’un an le mandat de Pierre Saab, officier grec-catholique réputé proche du CPL, au sein du conseil militaire (organe décisionnel de l’armée), alors qu’il devait prendre sa retraite le 27 septembre prochain. Pour ce faire, M. Slim s’est basé sur la loi du 15 décembre. Mais le département de la législation et des consultations au sein du ministère de la Justice a considéré, dans une décision datée du 9 juillet dernier, que cette loi ne s’applique qu’aux chefs d’appareils sécuritaires, dont M. Saab ne fait pas partie. La menace du vide continue donc de planer sur l’organe décisionnel de l’armée. 

Il reste encore cinq mois à Joseph Aoun à la tête de l'armée libanaise, mais la (seconde) prorogation de son mandat est déjà sur la table. Mais si en décembre dernier, le maintien du chef de la troupe à son poste avait été arraché au forceps, cette fois-ci la tâche s’annonce un peu plus souple. Et pour cause : tout le monde est conscient que le vide à la tête de l’armée est...
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Le responsable de l’humiliation totale, un de plus

Abdallah Barakat

05 h 35, le 24 août 2024

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  • Le responsable de l’humiliation totale, un de plus

    Abdallah Barakat

    05 h 35, le 24 août 2024

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