Lors du dernier Conseil des ministres, le 14 août, le gouvernement sortant a donné son « accord de principe » à un plan qui lui a été soumis par le commandement de l’armée : le recrutement de près de 1 500 nouveaux soldats, dans le cadre d’un processus qui devrait, à terme, gonfler les effectifs de la troupe d’au moins 6 000 hommes qui seront déployés au Liban-Sud. À l'heure où les affrontements entre le Hezbollah et l'armée israélienne continuent de faire rage dans cette zone, cette démarche s’inscrit dans l’optique d’un plan d’après-guerre destiné à préparer le terrain à l’application de la résolution onusienne 1701. Celle-ci prévoit le déploiement de près de 15 000 soldats libanais au Sud, aux côtés de la Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul). Cette nouvelle décision survient en plein forcing diplomatique pour contenir les débordements et parvenir à un cessez-le-feu à Gaza aussi bien qu’au Liban. Mais dans un pays où l'État est de plus en plus exsangue, notamment du fait de la crise économique, on voit mal comment ce plan pourrait être mis à exécution.
En attendant le financement...
Divisé en plusieurs phases, le plan consiste dans un premier temps – appelé phase zéro – à consolider la coordination avec les bailleurs de fonds afin de sécuriser les fonds nécessaires et poursuivre les préparatifs logistiques et administratifs pour lancer un appel aux volontaires. S'ensuivra la première phase qui nécessite un accord politique en amont et commence par la convocation du premier groupe de volontaires, soit 2 000 personnes, pour qu’ils soient formés. En même temps, l’institution militaire devrait commencer par réceptionner les équipements provenant des pays donateurs et entamer les demandes de recrutement du second groupe.
La seconde phase commencera par l’envoi au Liban-Sud des premiers volontaires pour rejoindre les unités déjà sur place (quelque 4 000 soldats). De même pour la troisième phase, qui prévoit l’envoi d'un troisième groupe de soldats, pour atteindre au total 6 000 hommes déployés à la frontière. Quant à la quatrième phase, elle est dédiée à l’évaluation du processus une fois mis en exécution pour en détecter les éventuelles failles et prévoir les étapes à venir conformément aux besoins sur le terrain.
Mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Selon une source proche de l’institution militaire contactée par L’Orient-Le Jour, « le plan est certes prêt, mais reste théorique en l’absence de budget ». « Outre les salaires (on évoque une rémunération de 300 à 400 dollars par soldat), il faut compter un budget de près de 4 000 dollars supplémentaires par tête pour couvrir les frais des uniformes, équipements et armes », commente la source. « Il faut dire que le Liban a déjà du mal à assurer les moyens pour les soldats déjà en service, remarque une source diplomatique occidentale. Il ne sera pas évident d'en recruter plus. »
« Ce plan est surtout un message adressé à l'étranger pour signifier que l’armée ainsi que le Liban officiel sont disposés à se préparer d’ores et déjà pour la période à venir », commente une source proche des milieux militaires. « C'est pour dire que l'armée est capable de remplir le “vide” laissé en cas de retrait du Hezbollah. Pour dire aussi qu'il y a une option étatique et que le Liban est prêt à jouer un rôle dans la mise en œuvre de la 1701 », décrypte de son côté Michael Young, rédacteur en chef de Diwan. Critiqué pour son apathie et sa politique de laisser-faire à l’égard du Hezbollah, qui a unilatéralement décidé d’ouvrir un front de soutien au Hamas à partir du Liban-Sud, le gouvernement de Najib Mikati espère ainsi redorer son image en faisant preuve de sa détermination à contribuer à un règlement.
Du côté des experts militaires, on indique que ce plan s’inscrit dans un processus routinier auquel toute armée recourt même en temps de paix. « L’armée a toujours besoin de personnel parce que, au courant de l’année, il y a des centaines, voire des milliers d’effectifs qui la quittent parce qu'ils ont atteint l’âge de la retraite », rappelle le général Khalil Hélou, officier à la retraite et analyste militaire. Cela est d’autant plus urgent que depuis la dépréciation de la monnaie nationale et le manque de budget, les départs prématurés se sont accélérés à un rythme effarant. C’est sur les pays donateurs – notamment le Qatar et les États-Unis – que compte désormais la troupe depuis un certain temps pour le paiement des salaires. « Quant au timing, il relève sans doute d’une vision globale en vue de renforcer le déploiement à la frontière sud au cas où le Liban parviendrait à un accord de cessez-le-feu avec Israël », estime le général Hélou. « Pourvu que les nouvelles recrues soient des jeunes motivés par la mission et qui ne cherchent pas simplement à partir », ajoute l’ancien officier.
Une chose est certaine : ce ne sont vraisemblablement pas les volontaires qui manquent. De source proche de l’armée, on apprend que l’institution militaire a reçu depuis plus d’un an près de 35 000 demandes pour rejoindre les rangs de l’institution, dont la plupart proviennent des régions sunnites, un peu moins des localités chiites et beaucoup moins des zones chrétiennes.
Le plan … ils ont réussis à en faire un ? Encore un plan foireux comme celui qu’on connaissait déjà, l’armée servant de cache sexe aux barbus mafieux qui ne sont pas prêts à intégrer l’état …
14 h 00, le 21 août 2024