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Politique - Décryptage

Le Hezbollah est-il vraiment tranquille sur le plan interne ?


Le Hezbollah a beau être devenu une force régionale, il reste fragilisé à l’intérieur libanais. Même si aujourd’hui, la plupart des émissaires étrangers qui viennent au Liban cherchent essentiellement à transmettre des messages au parti chiite, l’appui interne dont il bénéficie reste controversé. Depuis l’ouverture par le Hezbollah du front du Sud, en soutien à Gaza, le 8 octobre, les Libanais sont en effet partagés quant au bien-fondé de cette décision. Les détracteurs du Hezbollah l’accusent d’avoir pris, seul, une décision qui nuit au Liban et risque de l’entraîner vers une confrontation élargie que le Liban, avec ses crises multiples, ne peut pas supporter. Ses partisans pensent au contraire qu’en ouvrant le front de soutien, le Hezbollah a réservé une place pour le Liban dans les négociations futures. Au lieu de subir les décisions qui résulteront de la guerre à Gaza, il aura son mot à dire, et il est dans son intérêt et dans celui du Liban d’empêcher une victoire israélienne. Les débats auraient pu en rester là. Mais avec les menaces de plus en plus précises d’élargissement de la confrontation, le conflit s’envenime. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il n’est pas à caractère confessionnel, puisque les Libanais qui critiquent la position du Hezbollah et ceux qui la soutiennent appartiennent à toutes les confessions.

En dépit des opinions contradictoires à son sujet, le Hezbollah se montre serein. Selon lui, la situation interne est aujourd’hui meilleure que lors de la guerre de 2006, alors qu’il bénéficiait pourtant d’un soutien clair de la part de Michel Aoun et de son bloc. Mais il n’avait pas l’appui au moins tacite du gouvernement en place, alors présidé par Fouad Siniora. Est-ce la seule raison qui fait dire au Hezbollah que la situation actuelle est préférable à celle de 2006 ? D’abord, le parti fait une distinction entre la situation générale et les infiltrations possibles, qui peuvent se produire dans toutes les communautés. Sur le plan politique, le Hezbollah considère qu’une de ses principales réalisations dans le cadre de l’ouverture du front de soutien, c’est son rapprochement avec la communauté sunnite qui continue d’être en grande partie favorable aux Palestiniens et au Hamas. La discorde entre sunnites et chiites, qui, depuis des années, constitue son flanc faible et offre à ses ennemis un moyen de le combattre, est désormais difficile à rallumer. Pour la première fois depuis des décennies, des cheikhs sunnites ont participé aux cérémonies de Achoura. De même, des cheikhs de Dar el-Fatwa n’ont pas suivi les conseils qui leur ont été donnés de ne pas appuyer, lors de leurs prêches de vendredi, ouvertement la « résistance ».

Sur le plan de la communauté druze, les positions du leader Walid Joumblatt en soutien à Gaza et au Hezbollah ont largement soulagé la formation. Pour le Hezbollah, c’est un grand événement en raison de la particularité de la communauté druze et du fait qu’entre les deux parties le spectre des combats du 7 mai 2008 continue de planer. Avec ses positions claires, notamment à la suite de la tragédie de Majdel Chams, Walid Joumblatt a balayé ce passif. Il y a encore des tentatives de réveiller les vieilles rancœurs, comme le lancement, il y a deux jours, de tracts à Choueifate pour rappeler le coup de force du 7 mai, mais elles n’ont pas de réel impact sur la communauté druze, du moins en apparence.

Au niveau de la communauté chiite, il y a certes des voix dissidentes et des groupes hostiles au Hezbollah. Mais il n’y a pas de véritable structure qui pourrait les soutenir, sans parler du fait que la popularité du Hezbollah et du mouvement Amal, qui participe lui aussi au front de soutien, reste forte dans les rangs chiites. Le Hezbollah n’a pas vraiment de craintes à ce sujet, surtout qu’il aide autant qu’il le peut la population pour atténuer les critiques portant sur l’ouverture du front du Sud.

Le problème chrétien

Restent la communauté chrétienne et ses formations politiques et religieuses qui posent un véritable problème au Hezbollah. Les Forces libanaises et le parti Kataëb se positionnent depuis longtemps dans le camp qui lui est hostile, lui faisant assumer à la fois la vacance présidentielle et la guerre. Pour le Hezbollah, il n’y a rien de nouveau à ce sujet, du moment que ces positions hostiles ne s’inscrivent pas dans le cadre d’un plan global, appuyé par l’extérieur, pour l’isoler à l’interne.

Toutefois, le Hezbollah a été surpris par la position du patriarche maronite qui a, à plusieurs reprises, critiqué la guerre qui se déroule au Sud, et même la décision prise unilatéralement d’ouvrir ce front. Béchara Raï a même été jusqu’à qualifier certaines opérations d’actes terroristes, provoquant une véritable crise avec le Hezbollah. Les deux parties ont rapidement essayé d’en circonscrire les conséquences, mais les divergences restent profondes. Le Hezbollah est conscient que son véritable problème interne aujourd’hui est avec la communauté chrétienne. Celle-ci a en effet de plus en plus le sentiment qu’on la marginalise et qu’on cherche à lui imposer un mode de vie particulier, en plus d’une tendance à lui ôter les prérogatives politiques qui lui restent. Ce sentiment est alimenté par certains faits, comme la vacance présidentielle et le déséquilibre confessionnel dans certaines institutions de l’État, et crée un véritable malaise au sein de la communauté. Au point que le Courant patriotique libre, qui a longtemps été l’allié du Hezbollah, prend aujourd’hui ses distances. Même si, globalement, la communauté chrétienne appuie généralement les Palestiniens, elle ne veut pas être entraînée dans une guerre pour Gaza. Le commentaire qui revient fréquemment reproche ainsi au Hezbollah ses décisions unilatérales et lui dénie ce droit.

Le Hezbollah est-il inquiet de cette hostilité au sein de la communauté chrétienne ? Oui, même si aujourd’hui sa priorité est au front de soutien. Il a ainsi immédiatement cherché à rétablir les ponts avec Bkerké et il cherche aussi à ne pas couper les relations avec le CPL. Il est pris entre deux tendances contradictoires : rassurer les chrétiens et effrayer les Israéliens. Dans son dernier discours, Hassan Nasrallah s’est ainsi adressé indirectement aux chrétiens en leur disant que le Hezbollah n’a jamais cherché à exploiter ses victoires sur le plan interne par des acquis au sein du système. « Ne craignez pas la victoire du Hezbollah, mais plutôt celle d’Israël », a-t-il ajouté. Cette phrase servira-t-elle à rassurer les chrétiens ? Pour l’instant, elle n’a pas vraiment d’écho, la véritable crainte des chrétiens, et des Libanais en général, c’est que le front de soutien se transforme en guerre élargie.

Le Hezbollah a beau être devenu une force régionale, il reste fragilisé à l’intérieur libanais. Même si aujourd’hui, la plupart des émissaires étrangers qui viennent au Liban cherchent essentiellement à transmettre des messages au parti chiite, l’appui interne dont il bénéficie reste controversé. Depuis l’ouverture par le Hezbollah du front du Sud, en soutien à Gaza, le 8...
commentaires (10)

Le Hezbollah est désapprouvé par plus de 70% des Libanais de tout bord et de toute confession. Il ne tient plus que grâce a ces armes et aux assassinats qu'il a commandité. Nous avons atteint le summum de l'aberration de son existence et il est a la croisée des chemins. Les Chiites avant tous les autres n'en veulent plus même s'ils ne se prononcent pas tous contre. La dictature n'a pas pignon sur rue au Liban. Il est infiltré jusqu’à la moelle des os et se désintégrera a la première grande secousse. Le Liban l'attend au tournant de la légalité. Il semble qu'il va le rater...

Pierre Christo Hadjigeorgiou

08 h 41, le 13 août 2024

Tous les commentaires

Commentaires (10)

  • Le Hezbollah est désapprouvé par plus de 70% des Libanais de tout bord et de toute confession. Il ne tient plus que grâce a ces armes et aux assassinats qu'il a commandité. Nous avons atteint le summum de l'aberration de son existence et il est a la croisée des chemins. Les Chiites avant tous les autres n'en veulent plus même s'ils ne se prononcent pas tous contre. La dictature n'a pas pignon sur rue au Liban. Il est infiltré jusqu’à la moelle des os et se désintégrera a la première grande secousse. Le Liban l'attend au tournant de la légalité. Il semble qu'il va le rater...

    Pierre Christo Hadjigeorgiou

    08 h 41, le 13 août 2024

  • Madame Haddad. Vous avez beau essayer par tous les moyens et toutes les histoires à dormir debout de prendre La Défense du Hezbollah et de ses armes illicites, un jour cette milice disparaîtra inévitablement lorsque son rôle sera terminé. Les chiites auront leur territoire, ils appliqueront les lois et les règles qui leur plaisent notamment en terme de droits des femmes et vous serez libre d’aller y habiter puisque ce sont vos idoles sacrées.

    Lecteur excédé par la censure

    08 h 50, le 11 août 2024

  • Les barbus n'en ont cure des opinions des uns et des autres, ils font taire leur communauté par des assassinats ou avec de l'argent de blanchiment, les autres font semblant ou disent ce qu'ils en pensent sans être écoutés. Ils ont un agenda Iranien à respecter, ils font semblant de ménager tout le monde pour mieux les asservir par la suite.

    Zeidan

    19 h 20, le 10 août 2024

  • " Ne craignez pas la victoire du Hezbollah, mais plutôt celle d’Israël " ... très vrai, venant de celui qui tout simplement facilite les plans d'israel et l'invite ainsi au Liban sud. Merci scarlett

    Wlek Sanferlou

    17 h 09, le 10 août 2024

  • Franchement ! quelle est la plus value de ce papier sans valeur?Qui a dit que la communauté libanaise chrétienne était pour la palestine.Les libanais défendent les CIVILS que le monstre Israelien massacre. mais ca n'ira jamais au delà cad "la cause palestinienne" qui est caduque pour les libanais qui ont une cause LIBANAISE à défendre pour un pays détruit à cause des palestiniens ( en partie ).Donc les libanais ne PORTENT PAS dans leur coeur la cause des palestiniens et leurs milices.En revanche,Normal que les libanais d'origine palestinienne la défendent. Merci de publier sans censure.

    LE FRANCOPHONE

    16 h 32, le 10 août 2024

  • -PEUPLE TU NE PEUX DIRE,-CAR TU NE PEUX PREDIRE,-LE SORT DE TA NATION,-APRES LE TOURBILLON,-EN PASSANT QUI RAVAGE,-JUSQU,AU DERNIER VILLAGE,-MEME SI LE BAROUD,-EST POUR SAUVER LE SUD.-TOUT EST CALCUL ET COMPTE.-ON AJOUTE ET ESCOMPTE.-GAIN ON NE PEUT CRIER,-QUAND LE PEUPLE EST FRAPPE.=DE LA LOGIQUE FIERE,-LE SPECTRE MEME EN REVE,-IL NOUS VISITE ET DIT :-FAUT PAS ETRE ETOURDI. -EVALUANT LA DONNE,-CHOISISSEZ LA VOIE BONNE.=C,EST CELLE DE LA PAIX.-SANS FAILLES NI REGRETS.=QUI N,ETREINT QUE LA GUERRE,-S,Y PLAIT ET PERSEVERE,-LA DEFAITE L,ATTEND,-SUR LE COIN DES DEUX FRONTS.-EXTERNE COMME INTERNE.

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 16, le 10 août 2024

  • JE CROIS QUE MONSIEUR TABET VOULAIT DIRE *APPROUVENT* ET NON DESAPPROUVENT... ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 15, le 10 août 2024

  • Article vaut rien.

    Ma Realite

    08 h 49, le 10 août 2024

  • Cet article contredit un sondage selon lequel 9% des sunnites et des druzes désapprouver le Hezbollah , soit presque autant que les chrétiens (6,%)

    Tabet Ibrahim

    08 h 44, le 10 août 2024

  • On a vu les Libanais s’unir après l’assassinat de Hariri et on les a vu se désunir … alors le rapprochement de circonstance et apparent avec le sunnites n’a rien de définitif. Joumblatt est une girouette qui cherche à préserver une place pour sa communauté, il peut pour ça dire une chose et son contraire en peu de temps. Les chiites de toute façon sont contraints de suivre le barbus, ceux qui s’y opposent sont assassinés par la mafia mise en place. Nassrallah se fout pas mal du Liban et des Libanais de leur opposition à son hégémonie militaire et politique , il roule pour l’Iran.

    Zeidan

    08 h 24, le 10 août 2024

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