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Économie - Focus

Les tensions régionales font-elles flamber les prix des vols au départ de Beyrouth ?

Les billets les moins chers partent presque aussitôt qu'ils ont été mis en vente, explique un des voyagistes interrogés.

Les tensions régionales font-elles flamber les prix des vols au départ de Beyrouth ?

Un des halls de l'Aéroport international de Beyrouth le 1er août 2024. Photo Gilles Khoury

Un aller simple pour l'émirat de Charjah à 800 dollars au lieu de moins de 300, un vol à 650 dollars pour rallier Istanbul… Depuis une semaine, les prix de certains billets d’avions au départ du Liban atteignent des niveaux jugés exorbitants en cette période de hautes tensions régionales par les voyageurs.

Un constat que confirment certains voyagistes que nous avons contactés et que d'autres nuancent.

« La hausse des prix est spectaculaire et les vols sont tous pleins », confie l'un d'entre eux, sous couvert d'anonymat . « Il n’y a pas de prix normaux par rapport aux moyennes habituelles pour la haute saison avant les 13 ou 14 août », assure-t-il. Mais même après cette date, certains voyageurs ont de mauvaises surprises. L’un d’eux nous a ainsi confié que le prix d’un aller-retour Beyrouth-Tbilissi entre fin août et début septembre avec une compagnie low-cost était passé de 350 dollars le 29 juillet à plus de 1 000 le samedi 3 août, sur un site de réservation en ligne.

Une famille qui souhaite avancer les dates de ses billets précédemment achetés pour rejoindre Paris via Amman se voit, elle, imposer une hausse de 700 dollars par unité, pour un prix de base avoisinant 500. Elle ajoute que son voyagiste ne lui a pour l’instant trouvé aucune disponibilité pour un départ avant le 11, même pour une seule personne. Selon nos recherches, une compagnie aérienne émiratie propose actuellement des vols depuis le Liban jusqu'à Montréal pour des prix dépassant les 9 300 dollars par personne, en aller simple, les seuls billets restants étant en première classe. 

« Les hausses les plus importantes se constatent sur les derniers billets disponibles sur un vol donné et qui sont généralement dans les classes de vol les plus élevées. Mais il reste possible de trouver des billets en classe économique, même si c’est plus difficile en août », relativise Raymond Wehbé, Chief executive officer de l'agence We Reach The World, basée à Beyrouth.

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Offre et demande

La faiblesse de l’offre par rapport à une demande croissante est le principal facteur qui explique la hausse vertigineuse de certains prix. « L’offre a considérablement diminué vu le nombre de compagnies aériennes qui ont momentanément suspendu leurs dessertes de Beyrouth en raison de la volatilité de la situation régionale. En parallèle, le nombre de visiteurs venus passer l’été au Liban ayant décidé d’avancer leur retour a considérablement augmenté, ce qui favorise les conditions d’une hausse des prix », explique un second voyagiste anonyme contacté.

Depuis la frappe meurtrière de Majdel Chams le 27 juillet dernier, Kuwait Airways a suspendu jusqu’à nouvel ordre ses vols vers et partant de Beyrouth. Air France et Transavia ont prolongé la suspension de leurs vols jusqu’au 6 août et les compagnies du groupe Lufthansa (Lufthansa, Eurowings et Swiss) ont prolongé leur suspension jusqu’au 8 août et ne desservent plus Tel-Aviv non plus jusqu’au 12 août, pour ne citer que ces exemples. De plus, quasiment toutes les compagnies ont arrêté de desservir Beyrouth la nuit pour des raisons de sécurité.

Raymond Wehbé ajoute que de nombreux voyageurs sont aux aguets, en contact avec leurs voyagistes ou connectés sur les sites de réservation en ligne pour se jeter sur les rares places qui sont mises en vente. « Nous travaillons en ce moment jusqu’à 1h, parfois 2h, pour modifier les réservations de nos clients. Les places les moins chères partent très vite et il ne reste forcément plus que celles dont les prix et les classes sont les plus élevés », explique encore Raymond Wehbé. En résumé, un avion vide aura des places bon marché, au contraire d’un avion plein et un vol pour une destination très recherchée, aura logiquement très peu de place encore libre pendant la haute saison et les dernières places disponibles seront logiquement plus chères que celles vendues plus tôt.

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Pressions des assureurs

Deux des voyagistes anonymes interrogés évoquent une « pression des assureurs qui ont finalement forcé la décision de transporteurs qui étaient prêts à continuer d’assurer leurs liaisons avec la capitale libanaise contre le risque de guerre. Ces polices spécifiques permettront de garantir les dégâts subis en marge de conflits armés, de mouvements sociaux, de crise politique et de changement de régime, d’actes de piraterie ou encore de terrorisme.

« Seule la Middle East Airlines (MEA) maintient le rythme et continue d’assurer une quarantaine de vols par jour au départ et à destination de Beyrouth, y compris des vols de nuit. Et la compagnie nationale a même ajouté des vols supplémentaires vers plusieurs destinations (Athènes ou encore Djeddah) sur sa grille initiale ces derniers jours. Sans ça, la situation serait pire », insiste Raymond Wehbé. Un vol de plus a été programmé ce mardi 6 août à 16h au départ de Beyrouth en direction de Riyad, selon un communiqué de la compagnie envoyé aux agences de voyages. 

Mais la MEA avec sa flotte comptant 24 appareils pour une trentaine de destinations desservies peut difficilement absorber tous les voyageurs qui veulent quitter le Liban. La compagnie affiche par exemple complet sur plusieurs jours pour tous ses vols depuis Beyrouth à destination de Paris. 

Un aller simple pour l'émirat de Charjah à 800 dollars au lieu de moins de 300, un vol à 650 dollars pour rallier Istanbul… Depuis une semaine, les prix de certains billets d’avions au départ du Liban atteignent des niveaux jugés exorbitants en cette période de hautes tensions régionales par les voyageurs.Un constat que confirment certains voyagistes que nous avons contactés et que...
commentaires (2)

C'est choquant comment on vole les visiteurs sans aucune gêne. Vol annulé donc débourser 3500 euros pour retourner à Paris est Inadmissible !!!

Georges Zehil Daniele

16 h 46, le 06 août 2024

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Commentaires (2)

  • C'est choquant comment on vole les visiteurs sans aucune gêne. Vol annulé donc débourser 3500 euros pour retourner à Paris est Inadmissible !!!

    Georges Zehil Daniele

    16 h 46, le 06 août 2024

  • Avant de meme lire cet article, c'est deja connu que la MEA a le monopole a l'AIB, offrant depuis belle lurette deja aux membres du parlement Libanais des tickets de vol gratuit dans le but de maintenir ce monopole. En fin de compte a l'image corrompue des autres instituions du pays.

    hrychsted

    00 h 42, le 06 août 2024

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