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Moyen-Orient - Portrait

Ismaïl Haniyé, le visage politique du Hamas

Le chef de la branche politique du groupe palestinien a été tué à Téhéran dans une frappe imputée à Israël, a annoncé mardi matin le mouvement.

Ismaïl Haniyé, le visage politique du Hamas

Ismaïl Haniyé, chef du bureau politique du Hamas tué à Téhéran dans une frappe imputée à Israël, le 13 février 2024 à Doha. Photo AFP

Il était le visage public et la vitrine politique et diplomatique du Hamas, au cœur des récents efforts visant à conclure un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ismaïl Haniyé, chef de la branche politique du Hamas basé le plus souvent à Doha, a été tué dans une frappe imputée à Israël sur son lieu de résidence à Téhéran, ont annoncé vers 6 heures du matin, mardi, les gardiens de la révolution iraniens et le groupe palestinien.

Un coup sévère pour le Hamas, privé d’un dirigeant qui, contrairement à de nombreuses figures du mouvement opérant dans la clandestinité ou ne se montrant que rarement en public, se déplaçait souvent dans la région. Pas plus tard qu’en avril, Ismaïl Haniyé posait devant les caméras aux côtés du président turc, Recep Tayyip Erdogan, à l’invitation de ce dernier à Istanbul. Alors qu’il n’était qu’un « mort en sursis » pour Israël, le leader en exil nommé à la tête de la branche politique du groupe palestinien en 2017 et reconduit en 2021 était visé depuis mai dernier par une demande de mandat d’arrêt du procureur de la Cour pénale internationale pour « crimes contre l’humanité » et « crimes de guerre » présumés. Son assassinat intervient par ailleurs après la mort de trois de ses fils au cours de la guerre à Gaza, tués le 10 avril par une frappe aérienne israélienne touchant la voiture qu’ils conduisaient. Ismaïl Haniyé avait indiqué par la suite que cette attaque n’aurait pas d’incidence sur les pourparlers de trêve et déclaré que « les intérêts du peuple palestinien passaient avant tout ». Une dizaine de membres de sa famille avaient également été tués par la suite dans des frappes israéliennes sur Gaza.

Figure pragmatique

Tandis que les attaques meurtrières du 7 octobre sont perçues par certains observateurs comme un coup d’État de l’aile militaire au sein du Hamas, alignée sur le chef du Hamas à Gaza Yahya Sinouar, plusieurs d’entre eux suggèrent qu’Ismaïl Haniyé était tenu dans l’ignorance de l’opération, reflétant possiblement le clivage opposant les dirigeants dans l’enclave à ceux en exil au Qatar, au Liban, en Égypte ou en Turquie, jugés éloignés des réalités du terrain. Sur des images diffusées par les médias du Hamas peu après le début des attaques du 7 octobre, Ismaïl Haniyé affichait un grand sourire aux côtés d’autres dirigeants du groupe dans son bureau à Doha, en train de regarder le reportage d’une télévision arabe montrant le déroulé de l'opération. S’il prônait officiellement un discours intransigeant, le sexagénaire était réputé pour être un homme de conciliation ainsi qu’un leader pragmatique le distinguant des voix les plus dures à l’intérieur de l’enclave palestinienne. En ce qui concerne les négociations pour une trêve et une libération des otages encore retenus dans l’enclave, plusieurs bras de fer l’auraient opposé depuis le début de la guerre à Yahya Sinouar, perçu comme le véritable décideur du mouvement.

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À l’instar de plusieurs leaders du mouvement islamiste, Ismaïl Haniyé avait lui aussi été en première ligne du combat pour la cause palestinienne et survécu à plusieurs tentatives d’assassinat avant sa fuite de la bande de Gaza en 2019. Né en 1962 dans le camp de réfugiés de Chati (nord de la ville de Gaza) de parents déplacés en 1948 de leur domicile dans la ville israélienne actuelle d’Ashkelon, il poursuit des études de littérature arabe à l’université islamique de Gaza. Actif pendant la première intifada (1987-1993), il rejoint le Hamas à sa création en 1987, avant de purger une peine de prison de six mois en 1988 puis de trois ans en 1989. Proche du cofondateur du mouvement, le cheikh Ahmad Yassine, dont il devient en 1997 le secrétaire personnel, Ismaïl Haniyé gravit rapidement les échelons. En 2004, il est nommé membre d’une « direction collective » secrète après la mort du cheikh Yassine et du cofondateur du mouvement, Abdel Aziz al-Rantissi, dans des frappes israéliennes à plusieurs semaines d’intervalle.

« Terroriste mondial spécialement désigné »

Comptant parmi les premiers à plaider pour l’entrée du groupe armé palestinien en politique, c’est en 2006 qu’il se fait connaître aux yeux du monde en devenant brièvement Premier ministre du gouvernement d’unité de l’Autorité palestinienne (AP) après la victoire surprise du Hamas aux élections législatives – qui provoquera une guerre fratricide entre le groupe et le Fateh, actant la rupture politique et géographique entre les deux factions. Il retourne dans l’enclave palestinienne et devient le chef du gouvernement du Hamas à Gaza (2007-2014). Considéré comme le chef de facto du mouvement dans l’enclave pendant de nombreuses années, Ismaïl Haniyé ne le devient officiellement qu’en 2017, lorsqu’il succède à Khaled Mechaal qui dirigeait le bureau politique du mouvement depuis son exil. En 2018, en pleines tensions entre Washington et l’AP provoquées par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël par l’administration américaine dirigée par Trump, Ismaïl Haniyé est nommé « terroriste mondial spécialement désigné » par les États-Unis. « Haniyé a des liens étroits avec l’aile militaire du Hamas et a été un partisan de la lutte armée, y compris contre les civils, a indiqué à l’époque le département d’État. Il aurait été impliqué dans des attaques terroristes contre des citoyens israéliens. » Avant son assassinat, le leader en exil était notamment chargé de gérer les finances du Hamas, le mouvement disposant d’un portefeuille d’investissements d’une valeur d’au moins 500 millions de dollars, selon Washington, et d’autres sources de financement internationales provenant de l’Iran et du Qatar.

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Si la ligne de succession d’Ismaïl Haniyé n’est pas claire, plusieurs noms ont commencé à circuler. Tandis que Saleh el-Arouri, adjoint du bureau politique du Hamas depuis 2017, a été tué en janvier lors d’une frappe imputée à Israël dans la banlieue sud de Beyrouth, Moussa Abou Marzouk s’est récemment imposé comme une figure importante du mouvement, ayant notamment joué un rôle de premier plan dans la réconciliation scellée à Pékin entre 14 factions palestiniennes parmi lesquelles le mouvement islamiste et le Fateh. Moussa Abou Marzouk s’était par ailleurs porté candidat en 2017 à la direction du bureau politique contre Ismaïl Haniyé. L’ancien chef du Hamas Khaled Mechaal pourrait également faire son retour sur la scène politique du groupe.

Il était le visage public et la vitrine politique et diplomatique du Hamas, au cœur des récents efforts visant à conclure un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Ismaïl Haniyé, chef de la branche politique du Hamas basé le plus souvent à Doha, a été tué dans une frappe imputée à Israël sur son lieu de résidence à Téhéran, ont annoncé vers 6 heures du matin, mardi, les gardiens de la révolution iraniens et le groupe palestinien.Un coup sévère pour le Hamas, privé d’un dirigeant qui, contrairement à de nombreuses figures du mouvement opérant dans la clandestinité ou ne se montrant que rarement en public, se déplaçait souvent dans la région. Pas plus tard qu’en avril, Ismaïl Haniyé posait devant les caméras aux côtés du président turc, Recep Tayyip Erdogan, à l’invitation de ce dernier à...
commentaires (5)

@Mohamed Melhem, " vous m'avez tué de rire", vous avez vu le 7/10 Haniyé se réjouir sur la TV et sa prière de reconnaissance. Sérieusement un leader de Paix ?

Dorfler lazare

17 h 53, le 31 juillet 2024

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Commentaires (5)

  • @Mohamed Melhem, " vous m'avez tué de rire", vous avez vu le 7/10 Haniyé se réjouir sur la TV et sa prière de reconnaissance. Sérieusement un leader de Paix ?

    Dorfler lazare

    17 h 53, le 31 juillet 2024

  • La cour internationale de justice ne voit les crimes contre l’humanité que d’un seul œil. Pour elle, Israël est toujours dans la légitime défense alors qu’en face, cette basse-cour ne voit que des terroristes

    Hitti arlette

    16 h 08, le 31 juillet 2024

  • - PEUPLE, Y A DU LOUCHE DANS L,AFFAIRE. - EST-CE VRAIMENT ISRAEL DERRIERE, - OU ENTENDEMENT DE DERNIERE HEURE ? - POINT DE CHOC, A L,ACTION MEURTRIERE, -ARDENT, DES PERSES COMMANDITAIRES.

    L. L. EXPRESSION : LA PATRIE EST EN PRESSANT PERIL

    16 h 05, le 31 juillet 2024

  • Israël a tué un leader de paix. S’il faisait la guerre, c’est uniquement contre Netanyahu et sa clique d’extrémistes pour préparer la paix avec les juifs ANTISIONISTE.

    Mohamed Melhem

    15 h 18, le 31 juillet 2024

  • A la mort de ses enfants en avril dernier, je ne retiens que cette phrase d’une longue déclaration : "Quiconque croit que tuer mes fils obligera le Hamas à changer de position se fait des illusions". Décidément, comme disait l’autre, l’histoire est toujours en marche…

    Charles Fayad

    13 h 45, le 31 juillet 2024

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