La guerre totale entre Israël et le Hezbollah n’a pas encore commencé. Elle peut donc encore être évitée. Mais le risque qu’elle éclate n’a jamais paru aussi fort qu’au cours de ces dernières heures depuis le 8 octobre dernier, date du début des hostilités entre les deux belligérants.
Nous sommes dans un scénario assez proche de celui qui a suivi la riposte iranienne contre Israël le 13 avril dernier quand la République islamique avait envoyé des centaines de drones et de missiles contre l’Etat hébreu pour la première fois de son histoire, en réponse à l’attaque contre son consulat en Syrie. Israël avait promis de répliquer de la manière forte, les États-Unis avaient tout fait pour que la riposte soit mesurée afin d’éviter un embrasement régional et l’Iran avait ensuite calmé le jeu pour ne pas entretenir l’escalade.
Après la frappe samedi en début de soirée, attribuée au Hezbollah, contre Majdel Chams, ville druze dans le Golan occupé, ayant fait au moins 12 morts âgés de 10 à 20 ans, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a promis que le parti de Hassan Nasrallah allait « payer un prix élevé ». Le déroulé des prochaines heures va ainsi dépendre de trois facteurs. Le premier, c’est la capacité de Washington à contenir l’escalade. Le deuxième est l’ampleur de la réponse israélienne qui va dans tous les cas avoir lieu. Le troisième est le degré de riposte du Hezbollah à cette réponse israélienne. Deux des trois acteurs concernés - États-Unis et Hezbollah - ne veulent clairement pas d’une guerre totale. Le troisième, Israël, peut être tenté de la faire mais a conscience que le risque est très élevé et ne semble pas encore avoir pris sa décision.
Erreur de calcul du Hezbollah
La grande différence avec l’escalade d’avril dernier concerne le point de départ de celle-ci. Alors que l’Iran revendiquait fièrement son attaque contre son ennemi, le Hezbollah a démenti très rapidement, avant que le bilan ne soit connu, être à l’origine de la frappe contre Majdel Chams. Pourquoi le parti chiite viserait-il un terrain de football dans une ville druze - considérée comme « loyaliste » à son allié, le régime syrien de Bachar el-Assad - dans le Golan annexé par Israël ? Est-ce une erreur ? Est-ce que la frappe peut être attribuée à un autre acteur ?
Il est très difficile de démêler le vrai du faux pour le moment, de nombreuses informations non vérifiées circulant depuis samedi soir. Le Hezbollah cible régulièrement le Golan occupé depuis quelques semaines. Il a revendiqué une frappe, quasiment au même moment, contre la base de Maale Golani, assez proche de Majdel Chams. Peut-il avoir fait une erreur de calcul ? C’est toujours possible et c’est le scénario que les chancelleries occidentales redoutent depuis des mois. Mais le Hezbollah a mené plus de deux milles frappes depuis le 8 octobre dernier, en faisant preuve de prudence et d’une certaine précision. D'ailleurs, le missile Falaq employé d’après le Hezbollah contre Maale Golani fait partie des plus sophistiqués que le parti milice possède.
Les services de renseignements américains n’ont de leur côté « aucun doute que le Hezbollah a mené l'attaque sur le Golan, mais ils ne sont pas certain que le groupe avait visé cette cible ou s'il s'agit d'un raté », a indiqué à l'agence AP une source familière du dossier, sous couvert d'anonymat.
Ampleur de la riposte israélienne
Deux autres théories circulent beaucoup au Liban. La première impute le drame de Majdel Chams à un missile d’interception de la défense israélienne. La seconde va encore plus loin voyant derrière cet évènement un piège israélien afin de déclencher une guerre de grande envergure au Liban.
Les milieux du Hezbollah dénoncent une volonté de semer la discorde entre chiites et druzes, cette frappe le fragilisant vis-à-vis d’une partie du public libanais. Dans une position délicate, le leader druze Walid Joumblatt, a appelé à éviter tout dérapage, et a semblé rejoindre cette vision en estimant qu'Israël cherche « depuis longtemps à déclencher des discordes (confessionnelles) et fragmenter la région ».
En l’absence d’une enquête indépendante, réclamée par le chef de la diplomatie de l’Union européenne, Joseph Borrel, chaque partie continuera de défendre sa version des faits.
Cela est toutefois loin d’être un détail. Si la frappe résulte d’une erreur du Hezbollah, il est fort probable que le parti fasse tout ce qu’il peut pour éviter l’escalade. Dans cette logique, la réponse israélienne pourrait également être plus mesurée. Si, au contraire, le drame de Majdel Chams est lié à une volonté israélienne d’entamer un nouveau chapitre de cette guerre, l’escalade sera beaucoup plus difficile à maîtriser. Israël veut faire reculer le Hezbollah sans avoir à conclure un cessez-le-feu à Gaza. Il veut le faire plier, sans nécessairement déclencher une guerre régionale et de longue haleine.
Le cabinet israélien se réunit à 16 heures aujourd'hui pour décider de la suite des opérations. Si la riposte israélienne touche des infrastructures clés du Hezbollah, comme elle l’avait fait en Iran, l’escalade peut probablement être contenue. Si elle touche des cibles civiles ou très symboliques, l’affaire sera néanmoins nettement plus compliquée.
Le Hezbollah a commis une - nouvelle - erreur que TOUS les libanais risquent de payer au prix fort, comme en 2006 ! Le Hezbollah se moque du Liban comme d'une guigne, il a son agenda propre et attend les ordres de Téhéran pour frapper Israël. Même l'offensive israélienne à Gaza et les conséquences dévastatrices pour les Palestiniens suite au pogrom du 7 octobre, ne les a pas fait reculer. Les accords de Taef ont "tué" le Liban et en refusant de désarmer après le conflit, la milice chiite irano - libanaise a démontré qu'elle entendait exercer un pouvoir sans partage (...) Dont acte.
16 h 23, le 28 juillet 2024