Rechercher
Rechercher

Lifestyle - Mode

Jean-Louis Sabaji sort du secret et accroche son enseigne à Mina el-Hosn

Jean-Louis Sabaji sort du secret et accroche son enseigne à Mina el-Hosn

La façade de la boutique Jean-Louis Sabaji à Mina el-Hosn. Photo Maison Jean-Louis Sabaji

Longtemps, la maison de haute couture Sabaji, sous la direction de son fondateur Jean Sabaji, est restée confidentielle. Nichée à Kaslik, sans repère précis, elle accueillait en toute discrétion les membres de la famille royale saoudienne dont elle avait fini par devenir l’adresse quasi privée. À la mort du grand couturier, son fils Jean-Louis, ainsi baptisé en hommage à Jean-Louis Scherrer qui était l’un des géants de l’industrie en ces années 1980, est désigné par sa fratrie, qui se partage les tâches pour reprendre le flambeau de la création. Lui qui a grandi dans les ateliers familiaux, à l’ombre d’artisans passionnés dont le savoir-faire a été affiné par son père, sent l’urgence d’assurer une transmission pour permettre à la maison de durer. Son premier geste est d’engager des apprentis pour les former à la culture de la maison, sous l’aile des brillants aînés qui y officient.

Diplômé de la LAU, il suit un master à Milan pour perfectionner son propre métier. En 2017, il reprend les rênes de l’entreprise qu’il rebaptisera de son propre nom, la libérant ainsi de son caractère exclusif. La maison Jean-Louis Sabaji s’ouvre ainsi au public et le créateur y laisse aller son goût pour le gothique romantique et le surréalisme chic. L’atelier suit avec précision la fantaisie du jeune créateur et réalise sous sa direction de véritables œuvres d’art, tant en termes d’architecture que de broderies et sculptures textiles.

Jean-Louis Sabaji ne cache pas son goût pour le gothique romantique et le surréalisme chic. Photo Maison Jean-Louis Sabaji

Encore timide à ses débuts, mais fort du soutien inconditionnel de sa famille et de l’enthousiasme des artisans sans cesse prêts à repousser pour lui les limites du possible, le jeune couturier montre une audace inédite. Il crée des robes en chaînes métalliques, des plumages en matières acryliques, des flots de plissages complexes imitant les pétales à leur naissance. Il a une prédilection pour les tissus métallisés qui prennent avec le mouvement une fluidité aquatique. La nature l’obsède. Il se fait tatouer sur le haut du bras une fourmi volante, sur le cou une grande rose épanouie, sur le biceps une tête d’aigle et, débordant sur la main, une branche de lierre fleuri et le profil en silhouette de son père. Sur la jambe, un lion couronné. Son interprétation de la vie sauvage superpose au réel une dimension artificielle qui l’apparente au rêve. La haute couture n’est-elle pas, après tout, une matérialisation de l’immatériel ?


À lire aussi

À la semaine parisienne de la haute couture, Zuhair Murad révèle de « Lumineuses cicatrices »

Très vite, il adopte pour égérie Maya Diab, la plus pop des stars de la pop arabe. Il créera par ailleurs une collection en collaboration avec le label Barbie. Dès ses débuts, il arrive à séduire Beyonce. Il donne des ailes (littéralement) aux plus grandes vedettes internationales, tant sur les tapis rouges que dans les pages de Vogue ou Vanity Fair. On a du mal à réaliser que toutes ces créations révélées par les médias les plus influents sortent d’un atelier secret, niché dans une petite commune au bord de la mer, au nord de Beyrouth. En pleine maturité, pourtant, l’enseigne attendait d’avoir pignon sur rue dans la capitale même, mais Jean-Louis Sabaji a pris le temps de trouver l’emplacement idéal avant de lancer des travaux de décoration en harmonie avec l’esprit de la marque.

Des modèles signés Jean-Louis Sabaji. Photo Jean-Louis Sabaji

C’est chose faite depuis mercredi soir. La mystérieuse porte vert et or dressée dans un esprit haussmannien sur l’élégante avenue Mina el-Hosn s’est enfin ouverte. Maya Diab, en fourreau noir court au décolleté agrémenté d’un éventail de plumes, a fait l’événement. Le premier navire amiral de la marque a largué les amarres, chargé des modèles prêt-à-porter et équipé d’un salon couture. Chère au cœur du couturier qui y a toujours vu une femme plutôt qu’une ville, Beyrouth représente pour Jean-Louis Sabaji ce Phénix aux plumes métalliques qui règne sur ses inspirations, inflammable mais indestructible. « Je suis reconnaissant de l’amour et du soutien que j’ai reçus, car il s’agit d’une étape importante dans ma carrière et pour ma marque, et je me réjouis de ce nouveau chapitre », a-t-il déclaré.

Longtemps, la maison de haute couture Sabaji, sous la direction de son fondateur Jean Sabaji, est restée confidentielle. Nichée à Kaslik, sans repère précis, elle accueillait en toute discrétion les membres de la famille royale saoudienne dont elle avait fini par devenir l’adresse quasi privée. À la mort du grand couturier, son fils Jean-Louis, ainsi baptisé en hommage à Jean-Louis Scherrer qui était l’un des géants de l’industrie en ces années 1980, est désigné par sa fratrie, qui se partage les tâches pour reprendre le flambeau de la création. Lui qui a grandi dans les ateliers familiaux, à l’ombre d’artisans passionnés dont le savoir-faire a été affiné par son père, sent l’urgence d’assurer une transmission pour permettre à la maison de durer. Son premier geste est d’engager des apprentis pour...
commentaires (0) Commenter

Commentaires (0)

Retour en haut