
Le chef du mouvement Marada Sleiman Frangié. Photo Ani.
Le chef du mouvement Marada Sleiman Frangié a répondu dimanche à une récente proposition du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui avait appelé Beyrouth à autoriser les ressortissants syriens à prendre le large vers l'Europe afin de faire pression sur l'Occident pour qu'il trouve une solution à la crise des réfugiés. S'exprimant lors d'une interview accordée à la chaîne de télévision al-Jadeed, M. Frangié a déclaré que de telles mesures ne devaient être envisagées qu'en dernier recours, indiquant qu'il préférait « d'abord explorer d'autres solutions ».
Hassan Nasrallah avait évoqué cette idée le 13 mai, sur fond d'hostilité croissante au sein de la population libanaise vis-à-vis de la présence syrienne au Liban et d'allégations selon lesquelles les puissances occidentales chercheraient à la maintenir.
La déclaration du chef du Hezbollah a été interprétée dans le débat public comme une tentative d'influencer l'Union européenne, qui avait annoncé son intention de donner un milliard d'euros au Liban jusqu'en 2027, notamment pour l'aider à lutter contre l'immigration clandestine. Cette annonce avait été faite par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors d'une visite à Beyrouth le 2 mai. « Je pense que nous pouvons obtenir plus d'un milliard (d'euros) et donner de l'argent aux familles syriennes pour les inciter à retourner dans leur pays », a ajouté M. Frangié. Le gouvernement libanais estime que plus de 1,5 million de réfugiés syriens vivent au Liban, dont environ 815 000 sont enregistrés auprès du HCR, soit le nombre de réfugiés par habitant le plus élevé au monde.
Impasse politique et perspectives présidentielles
M. Frangié a également commenté l'impasse dans laquelle se trouve actuellement le paysage politique libanais, soulignant que les équilibres restent inchangés. « L'équilibre des forces n'a pas encore changé et personne ne peut garantir une élection présidentielle maintenant que nous attendons un règlement majeur », a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d'une résolution politique plus large avant qu'un nouveau président puisse être élu. La présidence reste vacante depuis la fin du mandat de Michel Aoun fin octobre 2022, sur fond de tensions internes. Sleiman Frangié est le candidat du Hezbollah et de ses alliés.
Critiquant l'incohérence de certains partis politiques, M. Frangié s'est aussi demandé pourquoi une portion d'entre eux étaient prêts à dialoguer à Paris mais refusaient de le faire au Liban. « Ceux qui refusent le dialogue au Liban, pourquoi l'acceptent-ils à Paris ? », a-t-il dit. Le président du Parlement, Nabih Berry, a déclaré à plusieurs reprises qu'il ne convoquerait les députés à de nouvelles sessions électorales qu'après un cycle de dialogue national, ce que l'opposition refuse.
M. Frangié a également salué la neutralité de la France, déclarant : « Les Français sont à équidistance de tout le monde. Si j'accède à la présidence, ils seront satisfaits car nos relations sont positives et basées sur le respect ». L'envoyé spécial de la présidence française, Jean-Yves Le Drian, devrait se rendre à Beyrouth mardi pour discuter de la crise politique et des combats transfrontaliers entre le Hezbollah et l'armée israélienne.
S'exprimant sur le conflit régional qui embrase la région depuis le déclenchement de la guerre de Gaza le 7 octobre 2023, qui déborde au Liban-Sud, M. Frangié s'est interrogé sur la faisabilité de se concentrer sur l'élection présidentielle dans ce contexte agité. « Dans une région marquée par les cercueils et les effusions de sang incessantes, y a-t-il vraiment de la place pour un siège présidentiel ? », s'est-il demandé, alors que les acteurs internationaux appellent les Libanais à élire un président avant la fin de la guerre à Gaza.
M. Frangié a enfin réaffirmé son attachement à sa position politique et à son parti, déclarant : « Je ne me retirerai pas. Si notre camp le souhaite, il doit venir et justifier sa demande, mais je doute qu'il le fasse ».
Le chef des Marada a confirmé l'urgence pour le Hezbollah d'élire un nouveau président, mais a précisé que le parti « ne transigera pas sur les critères qu'il s'est fixés ». Abordant la crise plus générale au Liban, M. Frangié a souligné l'importance d'un règlement global. « Une résolution règlera la crise au Liban. Notre équipe suit son agenda, en considérant les positions occidentales et américaines comme une seule et même chose », a-t-il conclu.
Envoyer les Syriens en Europe n’est une solution ni pour eux, ni pour les pays européens. Ils doivent être renvoyés CHEZ EUX. Mais pour cela leur sécurité doit être garantie. Il faut donc une force internationale en Syrie pour veiller à ce que leurs droits soient respectés.
07 h 53, le 28 mai 2024