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Scan TV - Fiction

« Little Bird », série bouleversante sur la rafle d’enfants autochtones au Canada

« Little Bird », série bouleversante sur la rafle d’enfants autochtones au Canada

« Little Bird », une fiction sur six épisodes. Photo tirée du site arte.tv

Des milliers d’enfants autochtones arrachés à leurs parents pour être placés ou adoptés, entre les années 1960 et 1980 : c’est ce chapitre méconnu de l’histoire du Canada qu’explore Little Bird, série bouleversante sur les conséquences d’un « génocide culturel ».

Récompensée du prix du public au festival Séries Mania l’année dernière, cette fiction en six épisodes, diffusée sur Arte à partir du 23 mai, suit la quête d’identité d’Esther Rosenblum, une Amérindienne élevée dans une famille juive qui entreprend, dans les années 1980, de retrouver sa famille d’origine.

Née Bezhig Little Bird, l’étudiante en droit va découvrir l’ampleur du mensonge et l’injustice du système dont elle a été victime, enlevée des bras de sa mère, séparée de sa fratrie et de sa communauté alors qu’elle n’avait que 5 ans.

Un sort partagé par 20 000 enfants, placés ou adoptés par des Canadiens en Europe ou aux États-Unis, entre les années 1960 et 1980, lors de ce qui est appelé la « rafle des années 1960 ».

En 2021, la découverte de plus d’un millier de tombes non identifiées d’enfants près des sites d’anciens pensionnats pour autochtones a ébranlé le Canada, dont la politique d’assimilation forcée est considérée depuis 2015 comme un « génocide culturel ».

Non-dit

Mais la question de la « rafle » reste « encore largement un non-dit », estime la cocréatrice de la série Jennifer Podemski, Anichinabée par sa mère. L’autre cocréatrice, Hannah Moscovitch, n’en avait, elle, jamais entendu parler avant de lire les « deux pages » du projet de série. « Mon cœur battait à tout rompre à la fin parce que c’est si dévastateur de découvrir que votre nation a commis un génocide dont vous n’aviez pas idée, contre des enfants », s’émeut-elle.

Même quand ils sont confrontés à ces faits, « les gens pensent qu’il s’agit de quelque chose du passé » et ils « n’ont pas conscience de l’impact que cela a aujourd’hui sur les familles », ajoute Jennifer Podemski.

D’où la force de Little Bird, ancrée dans une période plus récente et portée par une équipe directement concernée par son sujet, à l’instar de l’actrice principale Darla Contois, dont le père fait partie des victimes de la rafle.

Les créatrices ont également travaillé avec deux « survivantes » des événements : Raven Sinclair, professeure spécialiste du sujet, et Nakuset, adoptée par une famille.

« Racisme systémique »

Le Canada, qui n’a adhéré qu’en 2021 à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones de 2007, a accordé ces dernières années des milliards de dollars aux descendants des premiers habitants du pays pour les « préjudices » subis pendant plus d’un siècle.

Sans enrayer la pauvreté et les discriminations toujours subies par leurs communautés, qui représentent 5 % de la population.

« Le nombre d’enfants autochtones placés n’a jamais été aussi élevé qu’aujourd’hui », est-il ainsi rappelé à la fin de chaque épisode de Little Bird, nommée 19 fois à l’occasion des prix Écrans canadiens, qui récompenseront fin mai les meilleures œuvres audiovisuelles du pays.

« Le racisme systémique n’a pas disparu, il est si profondément incarné et enraciné dans les structures censées prendre soin de nous », considère Jennifer Podemski, alors que, ces dernières années, des mères autochtones jugées à risque étaient encore séparées de leur bébé dès la naissance en vertu d’un système controversé de signalements, officiellement abandonné par les provinces canadiennes entre 2019 et 2023.

Aurélie CARABIN/AFP

Des milliers d’enfants autochtones arrachés à leurs parents pour être placés ou adoptés, entre les années 1960 et 1980 : c’est ce chapitre méconnu de l’histoire du Canada qu’explore Little Bird, série bouleversante sur les conséquences d’un « génocide culturel ».Récompensée du prix du public au festival Séries Mania l’année dernière, cette fiction en...
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