Critiques littéraires Saveurs

Noha Baz : un Liban tout en douceur

Noha Baz : un Liban tout en douceur

D.R.

De miel et de lait : une histoire douce du Liban de Noha Baz, 2024, 302 p.

Ce livre est d’abord une déclaration d’amour que Noha Baz adresse au Liban. Par les temps qui courent, le pays d’où elle vient a besoin plus que jamais d’entendre dire qu’on l’aime. Qu’elle ait choisi pour ce faire de le parcourir du nord au sud à la découverte de ses pâtisseries, entremets, confitures et autres sucreries n’étonnera pas ceux qui l’ont rencontrée ne serait-ce qu’une seule fois. Sa devise a toujours été « De la douceur avant toute chose », défi lancé aux grincheux que la joie de vivre indispose. Il y en a de toutes sortes et, en matière d’alimentation, ceux et celles qui, obnubilés par leur poids idéal, se laissent convaincre par leurs diététiciens qu’ils doivent se désaccoutumer du goût sucré. Passez votre chemin, Mesdames, Messieurs, ce livre n’est pas pour vous !

En lisant les propos de Noha et ses recettes glanées au cours de ses longues pérégrinations dans les cinq départements du Liban, un historien serait tenté d’organiser un séminaire sur leurs origines locales ou régionales, proches ou lointaines  ; un linguiste de se pencher sur l’étymologie de leurs noms, parfois étranges  ; un sociologue d’enquêter sur les relations qu’elles recèlent entre les Libanais, leur environnement naturel et leurs conditions sociales. Le gourmet, lui, alléché par la saveur des mots, aura hâte de goûter, l’un après l’autre, les délices qu’ils décrivent avec autant de finesse. Mais par quoi commencer ? Le plus simple est de suivre l’itinéraire de Noha et de déguster en premier les spécialités qui font la renommée de telle ville ou de tel village et qu’on ne trouve ailleurs que très rarement. (…)

Ceux qui connaissent, ou imaginent connaître la pâtisserie libanaise seront à vrai dire les plus impressionnés par ce livre. Non seulement en raison de son abondance en mets sucrés dont ils n’ont jamais entendu parler, mais aussi parce que Noha parvient à rehausser la plupart des recettes, y compris les plus populaires, d’une délicate touche personnelle. Quelques gouttes d’eau de fleurs d’oranger ou d’eau de roses, une pincée de cannelle ou de girofle, font parfois toute la différence. (…)

Inutile de préciser que la plupart de ces gâteries, qu’elles soient villageoises ou citadines, ont des sœurs jumelles en Syrie, en Palestine et en Jordanie, voire plus loin, en Égypte et en Irak, même si c’est en plus petit nombre. Elles ont aussi de proches parents en Turquie, en Grèce et à Chypre, comme chez les Kurdes et les Arméniens, et cela s’explique aisément par l’intense métissage des populations pendant plusieurs siècles au sein de l’Empire ottoman. Il n’en reste pas moins qu’il existe un incomparable, un inimitable « goût du Liban » que Noha Baz célèbre avec autant de constance que de passion. Il conjugue avec bonheur tradition et modernité, patrimoine local et apports extérieurs, et se distingue en même temps de ses pairs par un ardent désir de se dépasser. Il suffit de feuilleter ce livre pour s’en convaincre – mais il vaut mieux évidemment le lire de bout en bout !

(Extraits de la préface)

De miel et de lait : une histoire douce du Liban de Noha Baz, 2024, 302 p.Ce livre est d’abord une déclaration d’amour que Noha Baz adresse au Liban. Par les temps qui courent, le pays d’où elle vient a besoin plus que jamais d’entendre dire qu’on l’aime. Qu’elle ait choisi pour ce faire de le parcourir du nord au sud à la découverte de ses pâtisseries, entremets, confitures...
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