Israël prévient (encore) les Libanais : l’option militaire se précise

« Nous nous rapprochons d’une décision concernant la manière d’agir dans la voie militaire » sur le front entre Israël et le Liban, a averti dimanche le ministre israélien et membre du cabinet de guerre Benny Gantz dans un discours rapporté par plusieurs médias israéliens. Il a affirmé que les combats au nord d’Israël constituent « le défi le plus grand et le plus urgent », et a promis que le gouvernement agirait pour ramener chez eux les habitants des localités frontalières avec le Liban (évacuées depuis le début de la guerre) « avant même la rentrée scolaire ».

Ces déclarations interviennent après quelque 200 jours d’affrontements entre Israël et le Hezbollah à la frontière. Dimanche, l’aviation israélienne a mené une frappe en profondeur, ciblant avec des missiles une position sur les hauteurs de Jabbour, près des montagnes de Rihan et de Qatrani dans le caza de Jezzine, affirme une source sécuritaire à notre correspondant Mountasser Abdallah. Cette zone est située à la frontière avec la Békaa-Ouest. L’État hébreu a également bombardé la périphérie nord de Meis el-Jabal et les environs de Houla, ainsi que Yaroun, Majdel Zoun et Aïta el-Chaab. La vieille, l’armée israélienne a lancé des frappes aériennes sur les villages de Kfar Kila, Ramié, Tayr Harfa, Khiam, Adaïssé et Beit Lif. Une attaque a également été menée contre une maison à Jibbein, tuant trois membres du Hezbollah. Dans un communiqué, le parti chiite a annoncé le décès de Ali Rida Harb, né en 1973, de la localité de Mansouri, Hussein Ali Dagman, né en 1994, de Kfar Tebnit, et Moubarak Ali Hamiyé, né en 1982, de Taraya. Selon notre décompte, 285 membres du Hezbollah ont été tués dans des frappes israéliennes au Liban et en Syrie depuis le 8 octobre.

De son côté, le parti chiite a revendiqué une douzaine d’attaques contre Israël ce week-end. Il indique notamment avoir pris pour cible des équipements d’espionnage israéliens sur une position faisant face aux villages libanais de Aïtaroun et de Rmeich, ainsi que dans la localité de Misgav Am. De plus, il affirme avoir détruit un « bâtiment utilisé par l’armée israélienne » dans la région de Shomera, dans le nord d’Israël. Selon un communiqué, cette attaque a été effectuée « en représailles aux attaques contre les villages et les maisons civiles du Sud ». La veille, le Hezbollah a annoncé avoir détruit un véhicule blindé israélien Wolf près d’une position israélienne située face à Aïta el-Chaab.

En outre, le major israélien Dor Zimel, commandant adjoint d’une compagnie de la brigade Nahal, qui « avait été blessé la semaine dernière lors de l’attaque du Hezbollah contre le village de Arab al-Aramche, a succombé à ses blessures », rapporte le Haaretz en citant l’armée israélienne. Cette attaque inédite de la milice chiite avait fait 14 blessés dans les rangs de l’armée israélienne. Autre fait, les Brigades Ezzedine al-Qassam, bras armé du Hamas, ont annoncé dans un communiqué avoir « bombardé la caserne israélienne de Shomera », en Haute Galilée, avec 20 missiles lancés depuis le Liban-Sud.

« La foi et le courage des habitants du Liban-Sud »

Dans ce contexte tendu, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah Mohammad Raad a affirmé dans un discours que les frappes menées par l’Iran contre Israël il y a une semaine « ont prouvé la capacité de riposte de l’Iran et vaincu celle de l’ennemi israélien dans la région, ce qui est d’une importance stratégique pour les combats ». Il y a une semaine, l’Iran avait lancé plus de 300 missiles et drones dans le cadre de la toute première attaque directe de Téhéran contre le territoire israélien. Tel-Aviv avait promis des représailles. Celles-ci ont semblé se produire vendredi, lorsque les médias iraniens ont fait état d’explosions dans la province centrale d’Ispahan. « Même les politiciens israéliens ont considéré cette réponse comme faible », a lancé Mohammad Raad, à l’heure où Téhéran semble vouloir clore la chaîne de ripostes enclenchée par l’attaque contre son consulat à Damas, le 1er avril.

En outre, la situation au Liban-Sud a été mentionnée dimanche par le patriarche maronite Béchara Raï qui a salué dans son homélie « la foi et le courage des habitants du Liban-Sud, qui les aident à résister et à demeurer sur leurs terres ». Le dignitaire religieux s’est également attardé sur les valeurs exprimées par le pape François dans sa lettre à la jeunesse, notamment la paix et la liberté. « Les responsables politiques (libanais) sont appelés à respecter ces mêmes valeurs parce qu’ils sont responsables du bien-être du peuple et de l’État », a-t-il poursuivi. Il a ajouté : « Nous les appelons à prodiguer tous les efforts nécessaires en vue d’atteindre ces objectifs (de paix et de liberté) par tous les moyens possibles, sur la base de la démocratie parlementaire saine qui représente le fondement du système politique libanais. »

Le Parlement libanais n’a toujours pas réussi à élire un successeur à l’ancien président de la République Michel Aoun dont le mandat a expiré en octobre 2022. En parallèle, les efforts pour une désescalade se poursuivent à l’international. Le 19 avril, le commandant de l’armée libanaise, le général Joseph Aoun, a été reçu par son homologue français Thierry Burkhard à Paris. Le chef de l’armée italienne Giuseppe Cavo Dragone était lui aussi présent. Selon un communiqué du ministère français des Armées, l’entretien a été l’occasion d’évoquer « les tensions régionales auxquelles le Liban est confronté ». « (Les trois généraux) ont réaffirmé l’importance d’une action collective en vue de la désescalade le long de la frontière entre le Liban et Israël, conformément à la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies », rajoute le texte. Le communiqué souligne également « le rôle essentiel de la Finul comme acteur de paix, de sécurisation et de protection des populations civiles dans la région ». « L’engagement de la France et de l’Italie envers la sécurité et la souveraineté du Liban reste une priorité », conclut le texte.